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HONNEUR A DELON !

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Chaque jour nous apporte une preuve supplémentaire que nous vivons une époque de basses eaux. Ainsi la plupart des textes qu' a suscités le décès de Jean-Claude Brisseau se sont appesantis sur ses démêlés judiciaires pour mieux évacuer l'importance de son cinéma, tandis que des pétitionnaires se sont insurgés que l'on puisse remettre une Palme d'Honneur à Alain Delon, au prétexte que certains de ses propos était trop radicaux pour leurs chastes oreilles.

Partout des cohortes hargneuses et des collectifs victimaires veulent que leur vues particulières soient jugées incontestables. Elles se sentent profondément humiliées lorsqu'on ose vendre de la viande dans une boucherie, jouer Eschyle avec des masques, proposer une rétrospective de films dans une cinémathèque.

A l'époque de l'affaire Polanski, une représentante de l'association "La Barbe" avait vociféré : "on ne peut pas séparer l'oeuvre de l'homme". Eh bien si justement, et c'est même primordial ! Dans le rapport qui s'établit entre une oeuvre d'art et son spectateur, il y a du mystère, de l'emprise et de la résistance, du sacré ; et c'est bien cette relation privilégiée qui fonde le regard, et par là-même fonde une civilisation. En mettant de la morale et du droit -leur morale et leur droit- là où ils n'ont pas leur place, c'est bien cela que ces indignés professionnels, ces offensés de compétition, veulent détruire.

Bien entendu, leurs cris d'orfraie et leurs gémissements mal joués sont pathétiques, et même souvent risibles, mais l'avènement de la morale relativiste conduit  à l'hyper-judiciarisation coercitive. Et c'est bien pourquoi il ne faut rien laisser passer. Il suffit de se rappeler que si la Cinémathèque Française avait résisté pour Polanski, elle avait capitulé pour Brisseau. Au fanatisme de la plainte, au totalitarisme du ressenti, il ne faut rien céder. 

Il faut en revanche rappeler que Brisseau, quoi qu'il ait pu faire, n'en a pas moins laissé des films importants pour l'histoire du cinéma. Rappeler que Delon, quoi qu'il ait pu dire, a derrière lui une oeuvre immense, de l'ordre du monument national.

Lien permanent 4 commentaires

Commentaires

  • Je contresigne votre billet. Vive le samouraï !

  • Et vive Rocco ! Merci Jacques !

  • J'approuve entièrement votre propos.

    Par chance, on ignore tout des propos que tels ou tels auteurs, depuis longtemps classiques, ont pu tenir dans la vie ordinaire. Je parie que Jean-Baptiste Pocquelin, au quotidien, n'était pas avare de paroles grivoises et fort peu conformes aux "normes" actuelles. Heureusement, nous n'en savons rien ! Les ligues de vertu n'ont ainsi pas de grain à moudre de ce côté et Le Tartuffe peut encore être joué sur les planches.

    Par ailleurs, Delon est en effet un monument national. Mais certains ignorent la valeur du patrimoine.
    Tout compte fait , il est un peu normal que les cancres rejettent "Le Professeur".

  • Oui, c'est dans l'ordre des choses !

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