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Eric Rohmer

  • ROHMERIENS

    Les liens du vendredi, ce sont ces quelques textes, ici, ici aussi, , là encore, là enfin, qui ont tous en commun l'approche sensible de l'oeuvre rohmérien.

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  • HOMMAGE

    Il est bien des façons de rendre hommage au très grand cinéaste français qu'était Eric Rohmer (1920-2010), la mienne sera de répéter scrupuleusement, amoureusement, passionnément, ces mots qu'il inventa : Laurence de Monagham, Amanda Langlet, Emmanuelle Chaulet, Gwénaëlle Simon, Béatrice Romand, Marie Rivière, Sophie Renoir, Aurelia Nolin, Florence Darel, Stéphanie Crayencour, Clara Bellar, Cécile Cassel, Jessica Forde, Anne Teyssèdre...
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  • FAIS-MOI PLAISR, D'EMMANUEL MOURET

    Des trémoussements de Clavier aux grimaces de Merad, de l'abus de personnalités de Garcia aux trois facettes et demi de Dujardin, du gros trait de Dupontel au rire gras de Jugnot, il ne faudrait pas croire que le faible niveau des comédies françaises d'aujourd'hui corresponde à un quelconque déclin. Des Branquignols jusqu'à Etienne Chatilliez et de Gérard Pirès à Claude Zidi, il existe dans notre pays une véritable tradition de l'historiette sans âme mais au rythme soutenu, de la situation cocasse annoncée bruyamment, du gag qui tombe à plat tout en disant long (...)

    La suite, ici.

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  • QUESTIONS

    De la côte normande (Pauline à la plage) jusqu’au lac d’Annecy (Le genou de Claire), de Cergy-Pontoise (L’ami de mon amie) à Saint-Jean de Luz (Le rayon vert), le sujet est immuable et les questions sans cesse réitérées : qui aimer, et comment, de qui se faire aimer, et pourquoi, à quel moment commence t’on à aimer, et quand s’arrête-t-on, que faire du désir, jusqu’où le suivre et jusqu’où le brider etc… Les personnages de Rohmer (ces merveilleuses jeunes filles passées au cinéma comme dans un songe avant d’aller grandir ailleurs ; ces acteurs confirmés qui n’ont sans doute jamais été aussi bons, c’est-à-dire aussi dévoilés) en discourent en tous lieux, mettant minutieusement en pratique leurs principes, ou les bafouant, mais découvrant toujours, in fine, que la transparence est un leurre et l’assertion « il n’y a pas de mal à se faire du bien », la plus fausse qui soit. C’est en fait à un écheveau de conséquences que Rohmer nous convie, à la découverte de l’irrémédiable, au voyage dans le temps sans retour en arrière possible, quand par un baiser volé ou une promesse légère, chacun s’est engagé et tout s’enchaîne. C’est dire combien Eric Rohmer n’est pas ce que l’on peut appeler un moderne, comme l’implacable Les nuits de pleine lune le démontre à l’envi !

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    Mais si l’on parle beaucoup chez lui, les uns avec les autres et dans toutes les positions, c’est bien de manière cinématographique que ce verbe nous est donné, le cinéaste ne se contentant jamais de placer sa caméra devant des acteurs en train de réciter un texte ou de l’improviser. Au contraire, Rohmer accompagne toujours ces diverses conversations en révélant par le cadre, le hors-champ, le passage de témoin du champ au contrechamp, ce qui se joue sous les mots, tout ce que ceux-ci tentent d’écourter, de prolonger, de différer, d’analyser. A quel moment filmer celui qui parle et à quel moment se tourner vers celui qui écoute ? A quel moment se focaliser sur les joyaux du verbe et combien de temps est-il permis de s’en éloigner pour contempler le monde, c’est-à-dire leur écrin ?

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  • EPURE ET COLIFICHETS

    Il est des films qui se veulent à toutes forces novateurs, qui le signifient à chaque plan, surenchérissent aux raccords, insistent au découpage. À force de désencombrer, utilement, le cinéma de ses derniers lambeaux de psychologisme, ils en viennent à retrouver, du fait de l’absence minutieuse de structure et de l’absence consenti d’intrigues, les mêmes impasses qu’en son temps le « Nouveau Roman »

    (La suite sur Kinok)

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  • POSITION DOMINANTE

    Question : Vous venez d'écrire : "la domination masculine." Envisagez-vous d'écrire aussi sur "la domination féminine" ?

    Réponse : C'est une jolie question mais ce n'est pas une question pour sociologue. Pour ma part je n'ai pas ce projet. Mais, pour répondre sérieusement, dans domination masculine ce qui est important ce n'est pas le mot masculin mais la relation de domination.
    Parler de domination masculine, c'est dire que l'objet réel de ce travail c'est une relation.


    (Entretien avec Pierre Bourdieu, Forum Fnac Saint Lazare, 1998)

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    La différence des sexes n’est pas non plus la dualité de deux termes complémentaires, car deux termes complémentaires supposent un tout préexistant. Or, dire que la dualité sexuelle suppose un tout, c’est d’avance poser l’amour comme fusion. Le pathétique de l’amour consiste dans une dualité insurmontable des êtres. C’est une relation avec ce qui se dérobe à jamais.

    (Emmanuel Lévinas, Le temps et l'autre, 1979)

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  • PAYSAGE (S)

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    Il est des films, des livres, des paysages et des individus, que l’on rencontre sans qu’ils aient sur nous la moindre influence consciente : ils glissent, nous parfument ou nous distraient un instant et puis s’en vont. Peut-être à leur manière nous construisent-ils, mais dans ce cas, sans que nous en ayons la moindre intuition. A l’inverse certaines œuvres, certains êtres et certains lieux nous fondent, en toute connaissance de cause, ils sont pour nous, dans une âme et un corps, ce qui marque et constitue. Durant ces vingt dernières années, les dix films français suivants ont réellement modifié (du moins en suis-je intimement persuadé, ce qui ne prouve rien, tant nous sommes aveugles à nous-mêmes) ma façon de comprendre mon passé, d’aborder l’autre et d’envisager l’après ; accessoirement, ils ont aussi transformé ma vision du cinéma, bousculant certaines hiérarchies et en confortant d’autres, me permettant de découvrir des films négligés ou rejetés, mais également de rendre négligeables des films jusque là respectés.

    Quelques jours avec moi, de Claude Sautet (88)

    Les maris les femmes les amants, de Pascal Thomas (89)

    Les patriotes d’Éric Rochant (94)

    Pola X de Léos Carax (99)

    Ainsi soit-il de Gérard Blain (00)

    L'Anglaise et le Duc d’Eric Rohmer (01)

    Éloge de l'amour de Jean-Luc Godard (01)

    Choses secrètes, de Jean-Claude Brisseau (02)

    Le Fils de Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne (02)

    Flandres de Bruno Dumont (06)

    Je remercie tous ceux qui se sont pris au jeu et m’ont livré ainsi un pan de leur paysage cinématographique. Les voici, sans ordre particulier, inutile de préciser que cela change des consensus habituels ! (D’ores et déjà, je prie Richard G de me faire à nouveau parvenir sa liste : un souci informatique m’a fait disparaître ces données. Qu’il veuille bien m’excuser).


    Anaximandrake :

    De bruit et de fureur, Jean-Claude Brisseau (1988)
    Van Gogh, Maurice Pialat (1992)
    La Sentinelle, Arnaud Desplechin (1992)
    Les derniers jours d'Emmanuel Kant, Philippe Collin (1994)
    Conte d'été, Eric Rohmer (1996)
    Généalogie d'un crime, Raoul Ruiz (1997)
    Sicilia!, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (1999)
    Les Amants réguliers, Philippe Garrel (2005)
    Cœurs, Alain Resnais (2006)
    Ces rencontres avec eux, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (2006)

    Tlön :

    1) De Bruit et de fureur - Brisseau - 1988
    2) Nouvelle vague - Godard - 1990 (je sais c'est suisse !)
    3) Van Gogh - Pialat - 1991
    4) La Belle Noiseuse - Rivette -1991
    5) La Cérémonie - Chabrol - 1995
    6) La Servante aimante - Douchet - 1997
    7) On connait la chanson - Resnais - 1998
    8) Esther Khan - Desplechin - 2000
    9) La série des contes (hiver, printemps, été, automne) - Rohmer (je sais il y en a 4 !)
    10) De battre mon coeur s'est arrêté - Audiard - 2005

    Les outsiders :

    Les Patriotes - Rochant - 1994
    A ma soeur - Breillat - 1998
    St Cyr - Mazuy - 2000
    Ressources humaines - Cantet - 2000
    L'Anglaise et le Duc - Rohmer - 2001
    10 éme chambre - Depardon - 2004
    OSS 117. Le Caire nid d'espion - Hazanavicius – 2006


    Sébastien Carpentier :

    1 - Claude Sautet - Un cœur en hiver (1991)
    2 - Peter Watkins - La Commune (1999-2007)
    3 - Abdellatif Kechiche - La graine et le mulet (2007)
    4 - Jean-Claude Rappeneau - Cyrano de Bergerac (1990)
    5 - Michael Haneke - Caché (2005)
    6 - Laurent Cantet - Ressources humaines (1999)
    7 - Michel Deville - La maladie de Sachs (1999)
    8 - Krzysztof Kieslowski - La double vie de Véronique (1991)
    9 - Jacques Rivette - Ne touchez pas la hache (2007)
    10 - Jose Luis Guerin - Dans la ville de Sylvia (2008)

    On objectera peut-être que ni Watkins, ni Haneke, ni Kieslowski, ni Guerin ne sont français… Aussi rajoutè-je les films suivants en queue de liste :

    11 - Tony Gatlif - Gadjo dilo (1998)
    12 - André Téchiné - Loin (2001)
    13 - Robert Guédiguian - Le promeneur du Champ-de-Mars (2005)
    14 - Emmanuel Mouret - Un baiser s'il vous plaît (2007)

    Et comme je suis frustré de n'avoir pu faire figurer en bonne place la Promesse des Dardenne du fait de leur belgitude, je me console en rajoutant (hors compétition) un documentaire :

    HC - Raymond Depardon - 10ème Chambre, instants d'audience (2004)


    Damien:

    Histoire(s) du cinéma" (Jean-Luc Godard)
    (chef d'oeuvre incontestable, mais comme JLG est suisse et qu'il ne s'agit pas exactement d'un film, est-ce que c'est valable ?)

    "Y aura-t-il de la neige à noël ?" (Sandrine Veysset)
    (la plus belle réussite, à ma connaissance, d'un cinéma réaliste tout entier dévoué à capter l'humain dans sa vérité)

    "L'anglaise et le duc" (Eric Rohmer)
    (très grand film historique, et jamais les nouvelles techniques de l'image n'ont été aussi bien utilisées pour reconstituer une époque)

    "Esther Kahn" (Arnaud Desplechin)
    (l'un des plus beaux films sur le théâtre et l'art de l'acteur)

    "Van Gogh" (Maurice Pialat)
    (simple et bouleversant, contre tous les clichés attendus et tous les pièges biographiques)

    "Ridicule" (Patrice Leconte)
    (oui oui, les cinéphiles peuvent aboyer, oui Leconte est un tâcheron, mais ce film restera pour la grâce des acteurs et l'excellence des dialogues de Remi Waterhouse, dans la lignée d'un cinéma très verbal : Duvivier, Carné-Prévert, etc.)

    "OSS 117 : Le Caire, nid d'espion "(Michel Hazanavicius)
    (tout simplement la meilleure comédie française de ces 20 dernières années)

    "Urgences" (Raymond Depardon)
    (Il faut au moins un documentaire dans cette liste. C'est celui-ci qui m'a le plus marqué)

    "Huit femmes" (François Ozon)
    (subtil, ironique, décalé, un grand film sur le mirage des apparences et les rapports de pouvoir, entre autres)

    Trouble every day (Claire Denis)
    (un des films les plus flippants que j'aie vus, ce qui est très rare dans le cinéma français)


    Skoteinos :

    Van Gogh, de Maurice Pialat
    Le garçu de Maurice Pialat
    L'Enfer de Claude Chabrol
    La Cérémonie de Claude Chabrol
    Betty de Claude Chabrol

    Dans les commentaires de la note précédente (Paysage), figurent les listes de Préau, d'Arnaud, de Jérôme, du Dr Orlof..
    Dans les commentaires de celle-ci, figure celle d'Isabelle, de Polyphème, d'Hyppogriffe, de Jacques Sicard, et de Montalte.

    Sur leur blog figurent ce matin, celles de Joachim, d'Edisdead, de Talmont et de Vincent.

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    Après avoir longuement parcouru ces divers palmarès, je me garderais bien d'en établir une quelconque synthèse, leur diversité prouvant justement, loin des consensus et des compromis, que l'hétérogénéité du cinéma français en est sa principale force. Je peux sans doute me tromper, mais je persiste à penser qu'une telle liste pour le cinéma américain ou asiatique, comme cela été soulevé dans les commentaires, comporterait beaucoup plus de films communs entre les participants ; tant qu'un tel questionnaire toutefois n'aura pas été soumis, ceci peut ressembler à une assertion gratuite.

    On pourra noter que le cinéaste le plus cité, et pour des films divers selon les intervenants, est Eric Rohmer, mais qu'Arnaud Desplechin n'est pas loin derrière, que Chabrol/Rivette/Resnais demeurent des valeurs sûres. Je suis heureux de voir la fortune de malaimés comme Léos Carax ou Bruno Dumont, plusieurs fois cités, et la très faible représentation de la mouvance tant acclamée, Assayas/Ozon/Honoré/Klapisch, cinéastes que je réunis peut-être arbitrairement ici, mais qui me semblent développer une démarche commune de "vouloir dire " et d'"à la manière de". L'impressionnante cohérence des univers de Brisseau ou de Guédiguian a ses admirateurs, mais il me semble être le seul à citer Gérard Blain et nous ne sommes que deux à penser à Pascal Thomas. Quant à Blier ou Corneau, ils sont aux abonnés absents, de même que la quasi-totalité des cinéastes féminins si l'on excepte Catherine Breillat. Enfin, les documentaires de Depardon sont plusieurs fois mentionnés.

    La richesse d'une telle confrontation de points de vue m'a en revanche rasséréné, ne serait-ce que parce que dans chacune de ces listes, un film m'est à chaque fois inconnu, et qu'il est à présent temps de les voir.

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  • FIN DE NON RECEVOIR

    Revoyant avec éblouissement l'autre soir Conte d'été de Rohmer, cet hommage délicat aux contradictoires facettes féminines, ce poème de combat portant haut les couleurs de l'indispensable différenciation sexuelle (ce film est d'ailleurs un élément de réponse dans le débat qui se joue là-bas à deux), cet hymne aux errances que la Bretagne sait tant susciter, je publie sur Cinématique, avec son aimable accord, ces intelligents propos de Jacques Sicard sur le dernier film du plus grand cinéaste français encore en activité :

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    Les amours d'Astrée et de Céladon, d'Eric Rohmer


    I


    Quel sens cela a-t-il, aujourd’hui, de conter fleurette – et de choisir la fleur parmi Margot la blanchecaille et Fanchon la cousette – c’est-à-dire de la conter cette fleur dans le Français précieux du XVIIème siècle, le dialecte de l’Ile de France qui domina jadis l’Europe par la violence de sa belle phrase close – dans le format standard du cinéma, le carré presque parfait de son cadre primitif dont la quadrature, hantée par les fureurs du burlesque, exclue la sociabilité du plan comme la perméabilité de l’image – dans une exaltation amoureuse qui n’a pas l’élan d’une foi, mais la rigueur d’un article de foi, écrit par un clerc, structuré par un dogme, au secret d’un cloître – oui, quel sens, à présent, cela peut-il avoir d’aimer Catherine de la Tasse ou Astrée la bergère ? Que certaines choses sont fermées et que leur bien réside dans cette absence d’ouverture et de commerce. Ce film n’est pas un tombeau, c’est une fin de non recevoir.


    II

    Depuis quand Rohmer, penché sur son écritoire de cinéma, nous adresse des signes sans le souci qu’on y entende rien ? Ils ne sont pas pour autant inintelligibles, mais fermés au sens par lequel l’expert en neuro-économie ou le créateur de cabanes façonnent de nos jours, non sans leur agrément, l’existence des autres. Il y a une violence paulinienne dans cette fermeture, cette séparation qui concerne aussi bien le film que ses personnages. Et de fait, jamais hommes et femmes, en société, ne furent si peu ensemble que chez Rohmer ; jamais ils ne semblèrent si étonnés de se trouver dans ce milieu à leur image, et ne le dire avec une telle jubilation ; jamais la parole, dans l’excès même de sa sociabilité, ne reprit si jalousement chacune de ses phrases ; jamais les mots qui les composent, pourtant voués aux stratégies de la séduction, ne firent entendre, comme par diablerie, l’obscurité du langage des oiseaux ; jamais déshumanisation, qu’un tel retrait symbolique implique, n’eut pour effet que ceux qui en souffrent, en vérité exultent.

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