"Tout autour de lui, dans l'immensité et le désordre, s'étendait le pays pour lequel il souffrait. Il allait lui donner sa vie. Mas ce grand pays, qu'il était prêt à contester au point de se détruire lui-même, ferait-il seulement attention à sa mort ? Il n'en savait rien ; et tant pis. Il mourait sur un champ de bataille sans gloire, un champ de bataille où ne pouvait s'accomplir aucun fait d'armes : le lieu d'un combat spirituel."
(Yukio Mishima, Patriotisme)
Yukoku : le film du pouvoir tombé.
Il est aujourd’hui d’usage de collecter en tous lieux, des faits bruts, du réel dûment enregistré, de l’authentique incontestable afin de les intégrer dans le confort d’une fiction, littéraire ou cinématographique, qui se chargera de les avaliser, c’est-à-dire de leur octroyer une position dominante tout en leur donnant une portée universelle. Dans le même temps, ces fictions échappent au scandale de « l’art gratuit » puisqu’elles témoignent et relayent, devenant ainsi de véritables « actes citoyens ». Nous vivons bien au temps d’Entre les murs de Laurent Cantet, et plus du tout de Pipicacadodo de Ferreri ; celui qui ne sonne pas juste ou ne fait pas vrai peut aller se rhabiller. Et c’est ainsi qu’aucune échappée, aucun lyrisme ni aucune complexité ne peuvent sourdre d’œuvres ainsi homologuées, certifiées conformes par le prisme exclusif de la médiocratie.
A suivre ici
renaud camus
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MISHIMA