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  • CORRESPONDANCES (3)

        Dans l'émouvant western L’Homme des vallées perdues (George Stevens, 1953), Joey, 10 ans, observe des bagarres et des duels, qui lui permettent à chaque fois de vérifier que le Bien finit toujours par l'emporter. Derrière la porte du saloon, inquiet puis rassuré, et de bout en bout tremblant d'excitation, il est le témoin du combat inlassablement victorieux du cow-boy solitaire Shane (Alan Ladd) contre des lâches, des brutes ou des assassins. 

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        Dans le beau mélodrame policier Witness (Peter Weir, 1985), Samuel, 8 ans, assiste derrière la porte de toilettes publiques, à un meurtre en direct. Il découvre ainsi la puissance du Mal, et son innocence est d’autant plus bafouée qu’il appartient à une société d’Amish lui ayant toujours épargné la violence. Dans ce film qui répond également au précédent par ces scènes où un gamin découvre un revolver avec un effroi mêlé de fascination, la justice est encore rendue, et les méchants châtiés, mais l’enfant cette fois, n'est plus un simple spectateur : son rôle est désormais crucial, au début en étant le seul à pouvoir identifier le tueur, à la fin en sonnant la cloche pour prévenir les habitants du village. Il apporte ainsi une aide précieuse au capitaine John Book (Harrison Ford) dans sa lutte contre la corruption qui gangrène la hiérarchie policière.

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        Dans le thriller fantastique Le Sixième sens (Night Shyamalan, 2000), Cole, 9 ans, n'est plus témoin que de drames et de souffrances multiples, puisqu’il a la capacité de voir les morts demandant réparation. La seule façon de faire encore triompher le Bien, est de passer par lui. Il est le seul, par la grâce de son regard surnaturel, à pouvoir rétablir la justice. Les figures paternelles, qu'ici le Dr Malcolm Crowe (Bruce Willis) continue de représenter, ne sont plus capables de grand-chose, et pour cause : passant de l'état de champion à celui de spectre, le Père n’est plus seulement secondé par le Fils, mais clairement supplanté par celui-ci.

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        Avec cet utilitarisme de plus en plus systématiquement appliqué au regard salvateur de l’enfant, se confirme l’incapacité de peindre aujourd’hui, sans caricature ni mièvrerie, un héros adulte qui soit à la fois victorieux et innocent, dont l'action soit clairvoyante et les intentions pures. Seul l’enfant a désormais le droit d'être un sage, sinon un saint, comme pour mieux démontrer ce que la société infantilisante partout claironne, à savoir que l'immaturité est devenue une vertu cardinale. 

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