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  • NOVECENTO

     

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    Bernardo Bertolucci est décédé en novembre dernier. Il était le cinéaste d’œuvres incandescentes et inspirées - Le Dernier tango à Paris (1972), La Luna (1979), La Tragédie d'un homme ridicule (1981) -, mais aussi de films mineurs, à la fois prétentieux et bâclés. Wild Side a sorti il y a quelques mois, en copie restaurée, une œuvre qui appartient sans conteste à la première catégorie : Novecento (1976), fresque sur la première moitié du XXè siècle, de la mort de Verdi en 1901 à la Libération de l’Italie en 1945. Depuis mercredi dernier, le film est également en salles.

    Sur plus de 5 heures, le film retrace le parcours d’Alfredo (Robert de Niro), fils de propriétaire terrien, et d’Olmo (Gérard Depardieu), né le même jour dans une famille de métayers. Leurs différences de classe, mais aussi de caractère et de style, les conduiront à des choix opposés lors de la montée conjointe des idéaux communistes et fascistes. Certes, la pesante grille marxiste du film se teinte rapidement d’un moralisme binaire assez ennuyeux, et comme l’avait fait remarquer Michel Ciment à  sa sortie : «l’idéalisation du prolétariat interdit à Bertolucci de comprendre l'adhésion des masses au fascisme »…. Mais la force du film est ailleurs : dans l'alliance entre l'évocation lyrique et la précision documentaire pour aborder le monde paysan de l’Emilie-Romagne, dans cette manière élégante de relier les enthousiasmes et les échecs des personnages au rythme des heures et des saisons (la photographie de Vittorio Storaro, qui signera celle d’Apocalyspe Now, est superbe), dans la hardiesse de séquences tout à tour sensuelles et morbides.

    Finalement, ce n’est pas sur la période historique qu’il traite, que ce film offre un témoignage poignant, mais bien sur le cinéma des années 70, dont l’inventivité et la témérité sont restées lettre morte.

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