Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

amer d'helène cattet et bruno forzani

  • 109

    Après le tumulte de la soirée sans intérêt, le boulevard luit faiblement sous l'averse. Elle lui tend la main sans y penser, mais comme il fait sombre, il ne la voit pas. Elle prend cela pour un refus et lui s'inquiète de son silence ; lorsqu'enfin il tend la sienne, elle se raidit sciemment. Regrettant déjà sa réaction, elle va pour l'embrasser, mais il est loin à présent, vers la station de taxis opalescente, persuadé qu'il ne sait plus s'y prendre. Elle comprend à sa fuite que son geste était machinal, alors elle ne se presse surtout pas pour le rattraper, par bravade bifurque même dans la première ruelle venue, où l'attend son meurtrier les yeux mi-clos. Too much thinking, toot much ego.

    A la radio ce matin : "au programme de cette demi-heure, insécurité, football et révolution". Comment mieux exprimer le fait que toute révolte est désormais illusoire ?

    Concernant le western-spaghetti, Sergio Leone regrettait qu'étant père du genre, il n'ait eu que des enfants tarés. Amer de Hélène Cattet et Bruno Forzani tend à prouver que le giallo, celui de Bava, Argento, Martino, a au contraire engendré une génération de surdoués, cependant tout aussi dévastateurs. Si les premiers se sont contentés d'habiller de quelques motifs référentiels dévoyés des farces sans envergure, les seconds ont gardé religieusement les motifs (et en ce sens l'esthétique d'Amer est superbe) mais en oubliant ce que ceux-ci savaient sertir : une inexorable progression vers une exécution ou une révélation. A l'excès formel orgasmique de leurs maîtres, ces consciencieux cinéastes ont ainsi répondu par une impeccable frigidité. Il ne suffit pas de simuler pour faire jouir, disait en substance Bataille.

    Lien permanent 8 commentaires