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fassbinder

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    Malgré les compliments des uns et les avances des autres, elle parle de "son ami" avec une évidence sereine, sorte de fin de non-recevoir amicale et cependant d'une cruauté inouïe, totalement aveugle aux souffrances qu'elle inflige, juste en se recoiffant ; cet ami certainement stupide, et veule, qui a trouvé le moyen de s'absenter, qui a trouvé une raison de la laisser seule, et de ne même pas la regarder, encore et encore, se recoiffer.

    A chaque meute, son modérateur navré, à chaque consensus mou, son pourfendeur héroïque, à chaque silence, son coup de gueule in extremis, à chaque cohue et chaque huée, son sage témoin sentencieux : le système a tout pour lui, jamais trahi par les siens, c'est-à-dire tous ceux qui s'en défient.

    Ultime séquence du Monde sur le fil de Fassbinder : après les travellings élégants qui suivaient un personnage de sa course à son enfermement, qui se terminaient donc sur l’inutilité de leur élégance et de leur mouvement, après ces amorces cadrant des personnages aussi immobiles que des mannequins ou des cadavres, après ces gros plans isolant une partie du corps sans nécessité de les incarner, une séquence suit en plan large et apaisé le couple enfin réuni ; sans diffraction de leur image, couchés sur le sol d’une pièce nue, un homme et une femme au terme de deux-cents minutes de chassés-croisés et de dispersion, osent le face à face. Celui-ci s’éternise en de précieuses secondes puis devient corps à corps. Regards enfin échangés. Premier baiser. Fin ?

     

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