Ceux qui ne comprennent pas que la recension de courriels par Matzneff constitue un roman digne de ce nom, pétillant et raffiné, nostalgique et vivifiant, me font penser à ceux qui reprochent à Houellebecq d'utiliser des notices de Wikipedia dans les siens. Toujours cette crainte naïve que le matériau n'altère l'édifice, toujours cette vision enfantine de l'écrivain comme créateur de monde ex-nihilo, alors qu'il est d'abord l'organisateur de celui qui lui est donné.
Dans la file d'attente du dernier Woody Allen, pas très loin derrière moi, une jeune femme rousse, très belle et immensément triste, qui ne voit même pas qu'on la double. Plus tard, à la sortie de la salle, alors que je guette une éventuelle et bénéfique transformation (la magie du cinéma), je me rends compte qu'elle est sortie durant la séance, et que je ne la reverrai jamais.
Woody Allen ne se répète pas : il s'entête. Et c'est très bien comme ça.