Dans les parloirs de cinéma,la grille qui sépare est une telle métaphore que les larmes montent aux yeux. Caresses furtives et promesses insensées, regards plantés qui ne cillent même plus, le gardien passe sans un mot.
L'autre toujours trop loin, même au cœur de l'étreinte, même au creux des souvenirs mêlés. L'autre qu'on n'a jamais vraiment rencontré. Le champ/contrechamp qui s'éternise ou s'emballe, des chuchotis sans conséquences, un dialogue pour la forme. Le silence depuis longtemps.
Un parloir où il n'y a rien à dire, où non seulement tout est joué d'avance, mais où il n'est même plus permis d'en rire. La prison d'un visage, de pommettes un peu trop hautes, de lèvres dessinées. Les mains crispées comme avant un coup, ou comme s'il était temps de regretter.
Et le gardien, comme un balancier.
Presqu'à la fin du Trou de Jacques Becker, cette rencontre entre Marc Michel et Catherine Spaak, dont c'est le tout premier rôle :
"J'ai envie, Nicole, si tu savais comme j'ai envie."
"Quand tu sortiras... On pourra."
"Toi aussi, tu en as envie ?"
Et elle, plus lasse qu'indignée, venant mettre un terme à la discussion : "Tu es bien curieux..."