Ant-man et la Guêpe, (Peyton Reed, 2018), sorti l'été dernier, avait été vanté pour son « rythme effréné », son « humour bon enfant », et même adoubé en tant que "parenthèse fun"... Le film n’offre cependant rien d’autre qu’un récit stupide (retrouver maman coincée dans l’espace quantique), dont la particularité scénaristique pourtant suggestive (changements d’échelle de ses héros et de leurs accessoires, de la taille de l’insecte à celle du géant), ne donne jamais à la mise en scène la capacité d’habiter l’espace, celle-ci ne déclinant que de rares vues spectaculaires au sein d’un carrousel confus où tout se superpose. La frénésie du découpage qui plus est, ne produit qu’un tempo spasmodique tout à fait incapable de signifier l’apparition graduelle d’une excitation ou d’un apaisement, ce qui donnerait au film, à défaut d’une structure, au moins une mélodie.
On est bien là dans la sidération homologuée, dont le rôle principal est d'être ainsi le relais efficace des principes idéologiques du moment : ici la versatilité ou l’impuissance des hommes contre la ténacité et la réussite des femmes. D'un bout à l'autre de l'histoire édifiante, les unes se relèvent avec aisance de tous les pièges quand les autres plastronnent avant d’échouer. Séquence significative : le seul moment où le héros réussit enfin à faire fonctionner une machine, c’est lorsque la mère de l’héroïne a pris possession de son corps et agit à travers lui. De même, au contraire des petits malfrats masculins qui égrènent le récit, et ne recherchent que le pouvoir, lorsqu’une femme a le mauvais rôle, c’est avant tout parce qu’elle est une victime, et ne fait ainsi le mal que pour survivre...
Sans surprise, la mise en scène, aussi haute en couleurs soit-elle, ne sert qu'à lisser le discours dominant : Big Mother a tous les droits puisque sa souffrance anoblit sa domination.