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progressistes-passéistes

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    Elle le trompe. Il aimerait faire le beau, tenter la commisération, lui expliquer doctement qu'elle se trompe, mais il sait bien que c'est ainsi qu'il la tromperait.

    Il faut imaginer le Grand Réac et le Grand Progressiste comme deux manitous, deux figures avec beaucoup de plumes et de fidèles, une partie d'entre eux applaudissant à la moindre maxime lancée par les chefs, mais une autre partie, plus royaliste que le Roi, ne cessant de tancer le Grand Réac d'être dans le camp du Progrès et le Grand Progressiste de vivre dans le Passé.

    La critique s'est empressée de saluer l'inventivité formelle d'Enter the void pour mieux déplorer la faiblesse ou la puérilité de son propos. Or il faut oser dire que l'un ne va pas sans l'autre : c'est justement l'immaturité du cinéaste qui lui donne accès (et nous à sa suite) à de tels manèges ; c'est bien le fait d'être retenu psychologiquement dans un monde de sensations irreliées et de formes captivantes qui engendre une telle efflorescence esthétique, où les signes s'empilent, s'additionnent, se mélangent, sans jamais fonder quoi que ce soit. Gaspar Noé est le prisonnier fasciné d'une déesse-Mère abusive à laquelle il rend brillamment hommage ; il cherche à bâtir avec ses différents films une Forme semblable à la Tour de Babel décrite par Raymond Abellio, où triompheraient "la partie sur le tout, le local sur le le gobal, le mot sur le concept, le successif sur le simultané, le nom sur le verbe". (la suite sur Kinok)

     

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