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  • FRONTIERE

    "Vous êtes formidable, vous croyez que les gens sont tout bons ou tout mauvais ? Vous croyez que le bien, c’est la lumière et que l’ombre c’est le mal ? Mais où est l’ombre ? Où est la lumière ? Où est la frontière du mal ? Savez-vous si vous êtes du bon ou du mauvais côté ?" (Dialogue entre Pierre Larquey et Pierre Fresnay. Le corbeau, Henri-Georges Clouzot)

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    Localiser la frontière du mal n'a littéralement plus aucun sens, quand il suffit de changer d'angle pour avaliser au grand jour ce que l'on refusait jusqu'alors, ou rejeter dans les ténèbres ce à quoi l'on s'identifiait.
    Derrière les gloses définitives et sous les principes intangibles, se tapit toujours un cadavre, froid, puant mais bien reconnaissable, celui que nous portons en nous, qui atténue chaque déconvenue tout en ruinant l'espoir d'échapper à sa présence.

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  • STATUES DE SEL

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    Quand saurons-nous déjouer ces pièges et ces tristes ruses ?
    Quand accepterons-nous l'idée qu'il ne faut en aucun cas se retourner, que les pleurs, les cris et les chuchotements n'ouvrent que des gouffres, que le regard croisé, attendrissant d'ingénuité, attendrissant de perversité, n'est dirigé que pour soumette ?
    Quand réaliserons-nous que pour une vision de plus d'Eurydice, une simple image, Orphée peut crever, et que toutes ces poupées de chair, sans mémoire ni affect, ne nous veulent en fait RIEN ?

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  • PLIS

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    D’ailleurs en suis-je descendu,
    De tout ces jeux de transparence,
    Ces fruits dans les plis des tissus,
    Qui balancent ?


    (Francis Cabrel, La robe et l'échelle)

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  • LA BORDURE DU CADRE

    Pourtant il lui fallait encore parler, d'abord pour empêcher un effrayant silence, et aussi parce qu'en défendant ces idées qu'il avait rencontrées et qui convenaient si bien à ses vices et à ses faiblesses, il défendait sa peau. (Pierre Drieu la Rochelle, Le Feu follet)

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    Une fatigue de littérature. Si forte, qu’on doit s’appuyer au mur. Non, à l’image du mur. Il n’est pas d’appui plus doux pour le dos, plus accueillant que le cadre d’une image. Où parfois, comme ici, tout s’ordonne, histoire comprise, pour attirer vers le repos de ses bords.

    Une fatigue de matin, quand le bleu colle aux vitres comme une bouche ou un aboiement. Quand tout reste à faire et d’abord, le plus nul. Qu'accusent les voix, les corps, l'ordinaire de la présence humaine. S'en tenir à soi, sans amour pour soi. Il n'est d'ailleurs amour que de la pensée.

    Pensée-système ou pensée-Shéhérazade, aux yeux fermés, faiseuse d'anges ; pensée sans personne, ritournelle et ronde ; roue monochrome, qui tout voit sous les aspects du cauchemar ou du conte de fées. Sa violence qui à bout de fictions un jour se retourne contre elle, est compassion, fraternité, don. Celui de la phosphorescence du feu follet, celui de cette absence de corps attendue dans le suicide. Le don, définitif, de la bordure du cadre.
    (Jacques Sicard, Le Feu follet de Louis Malle)

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  • LA TRISTE OPACITE

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    Magnifique, total et solitaire, tel
    Tremble de s'exhaler le faux orgueil des hommes.
    Cette foule hagarde ! elle annonce : Nous sommes
    La triste opacité de nos spectres futurs.
    Mais le blason des deuils épars sur de vains murs,
    J'ai méprisé l'horreur lucide d'une larme,
    Quand, sourd même à mon vers sacré qui ne l'alarme,
    Quelqu'un de ces passants, fier, aveugle et muet,
    Hôte de son linceul vague, se transmuait
    En le vierge héros de l'attente posthume.
    Vaste gouffre apporté dans l'amas de la brume
    Par l'irascible vent des mots qu'il n'a pas dits,
    Le néant à cet Homme aboli de jadis :
    "Souvenir d'horizons, qu'est-ce, ô toi, que la Terre ?"
    Hurle ce songe; et, voix dont la clarté s'altère,
    L'espace a pour jouet le cri : "Je ne sais pas !


    (Stéphane Mallarmé, Toast funèbre)

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  • OURANOPHOBIE

    La profusion de ces plans d'individus saisis par ce qui les surplombe en contrechamp n'est pas seulement le reflet d'une Amérique hantée par le fantasme de la punition divine ou l'anxiogène souvenir de tours effondrées.
    Quels qu'en soient les thèmes et les motifs, cette récurrente figure de style assigne aux personnages comme aux spectateurs leur place : en deçà.
    En deçà du récit qui les dispose comme des pions, de la fiction qui les ordonne comme des faits, de la technique mirobolante dont ils sont les faire-valoir ; en deçà de tout ce qui les assujetit pour leur bien, c'est-à-dire pour empêcher leur corps d'exulter à contre-temps ou leur esprit de prendre une distance qui soit autre que circonstancielle.
    Définitivement sous le joug chatoyant des formes sidérantes, la seule place qui leur soit, et qui nous soit, réservée.

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    (Une manoeuvre malencontreuse et non une envie subite de table rase a fait disparaître les notes de l'année 2008)

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