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EMPHASE ET MELANCOLIE

A quel moment, la machine a-t'elle commencé à se gripper ?

Chaque matin était érotiquement semblable au soir de la veille ; la brise fraîche, tout juste parfumée, était la même des semaines durant ; tous les mois après Mai, les oiseaux s'éclipsaient derrière l'érable, sans un bruit de trop. A défaut des lignes de ta main que j'ai jamais su lire, je m'étais attaché des années, sur le duvet en lacis de ton épaule, sans trop d'astuces ni de chiqué, à réinventer ta vie sans que tu en doutes, agrémentant de sentiers de hasards, de chemins de contrebande, de venelles tentantes, les spirales blondes d'un destin facile. Qui a glissé en premier ? Qui le premier a surpris ses plaies en train de se rouvrir, à grands renforts de cris perçants et d'éclats de bois mort ? Qui s'est empressé de nourrir à nouveau ses spectres, à l'aise au milieu de leurs râles, ceux qu'il avait tant craint d'oublier ?

Le Mal est avant tout un souvenir qui s'éteint, avec sa souffrance devenant indistincte, quand une peine encore vive, dont la précision des détails tout à la fois crucifie et rassure, n'est que du mauvais temps. Je vois encore le rose sous le fard et l'iris sous la taie, je sens encore la tendresse de ta peau sous les couches de suie et les années mortes.

Lorsque ces images deviendront vagues et ces formes confuses, alors seulement commencera le passé.

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Lien permanent 4 commentaires

Commentaires

  • Il y a des emphases qui me mettent en phase avec le ciel, gris mélo, de bon matin. Splendide indeed.

  • Vous êtes cent coudées au-dessus de tant de piètres littérateurs, Ludovic, que votre vive emphase ridiculise pour longtemps leur retenue et leur outrance dosées au millimètre.

  • J'aime bien la fille dans REC, beaucoup moins le film. J'ai de loin préféré Cloverfield dont j'aime beaucoup le monstre qui, malgré les dégats qu'il cause, est comme une sorte de substance éthérée qui flotte à la surface du film. Un trace dont seul le cinéma, ou du moins ce qu'il en reste, peut rendre compte. Le monstre est une sorte de fantôme me semble-t-il. J'aime aussi la présence toujours persistante de l'amour entre le garçon et la fille, vestige d'un amour à jamais présent puisqu'il a été filmé. Je trouve ce film finalement assez mélancolique.

  • Merci à vous deux Richard et Laure.

    Je suis bien d'accord avec vous Tlön : il y a quelque chose qui résiste, dans Cloverfield, aux artifices de scénario et de mise en cadre, le facteur humain sans doute, et qui est bien de l'ordre d'une certaine mélancolie.

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