L’Eclipse (après L’Avventura et La Notte) se divise en un plan thématique où se bouffent le nez les amants courtois des troubadours (agissant comme un leurre, il n’importe pas) et un plan filmique, où s’éclipse la présence humaine, du moins jusqu’à ce que les choses, libérées par cette absence de leur usage ou échange, ne soient plus que des formes quiètes (essentiel, il fait qu’on épuise la saveur de chacune de ses phases).
Sur les éclisses des faux-acacias qui bordent l’avenue peu passante s’égoutte la lumière du ciel toujours serein jusqu’à sept, huit mille mètres ; puis l’azur disparaît et une teinte turquoise apparaît, qui devient de plus en plus intense ; aux environs de deux cents kilomètres, le ciel est noir.
C’est un vaste paysage urbain de fin d’après-midi – filmé comme un huis-clos, et en dépit du regret commun d’avoir froissé les draps pour plus que le sommeil, celui qui à présent le regarde à travers l’ombre filtrée, s’éprouve aussi dégagé du souci que devant un des intérieurs de Delft peint jadis par Pieter De Hooch – il l’habite.
(Jacques Sicard)
Commentaires
Belle échappée poétique...