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REBELLES

Quel peut bien être le lien entre Gabriel Matzneff et Julien Gracq, Riccardo Freda et Johnnie To, Jean-Pierre Martinet et Edgar Poe ?

Leur présence au sein du nouvel Eléments, bien évidemment, dont le dossier est consacré à la floraison ininterrompue de révoltes, à la multiplication miraculeuse des rebelles, c'est-à-dire à l'absence de contestation réelle du système.

Lien permanent 10 commentaires

Commentaires

  • Je ne suis pas certain que ce rapprochement soit seulement cocasse.

    J'ai trouvé, sur ce blog, un droit à nous éblouir.

    Dis-moi, que me conseillerais-tu comme critique cinématique : Marc Cerisuelo ? Philippe D'Hugges ?

  • Le numéro est donc sorti : il est plus que temps pour moi de vous remercier :)

  • Comme critiques, Alexandre, toutes influences et écoles confondues, je recommanderais Jean-Patrick Manchette, Michel Marmin, Gérard Lenne, Michel Mourlet, Philippe d'Hugues, Michel Ciment, et bien entendu les blogueurs des 39 blogs qui s'occupent de ce domaine ! Et je vais aller voir votre blog qui m'a l'ail'air bien intéressant...

    Je suis bien content de ce petit entretien, cher Docteur !

  • Quel peut bien être le lien entre vous, Ludovic Maubreuil, et Alain Soral ?

  • Je vous signale que votre formulation est ambiguë : si pour moi Matzneff ou Gracq sont typiquement de faux rebelles, je doute que ce soit votre opinion (Le succès des soirées Casimir au "Grand Rex" prouve assez que la pédophilie est dans le vent.)

    Ne tombez pas dans le piège du débonnaire Edgar Morin, outre de philosophie éventée, qui sous prétexte qu'il n'a jamais croisé un vrai rebelle sur un plateau de télé, pense qu'il n'y en a plus. Et Ben Laden, alors ? Ou même Dieudonné, Le Pen ; allez dans un troquet pas trop prolétaire et lancez à la cantonnade : "Ah, moi je trouve quand même que Robert Faurrisson a des choses à dire qui méritent qu'on les entende !", voyez ensuite la réaction des clients venus siroter leur picon-bière, et revenez ensuite me répéter qu'il n'y a plus de rebelles en France, pays de rebelles.

    On peut plutôt arguer que les systèmes mis en place pour lutter contre la rébellion n'ont jamais été aussi efficaces. Diderot, plutôt pas faraud devant l'intendant de police, censuré plusieurs fois, n'en était pas moins lu par toute la cour de Louis XV, dont la censure n'avait pour effet que de dégager la responsabilité des autorités. Moi je me souviens encore du conseil de l'anarchiste qui m'avait prêté quand j'étais encore au lycée ses fascicules révisionnistes : "Surtout n'en parle à personne !"

    Même Volkoff, vous connaissez Volkoff ? On ne peut pas dire que ses propos faisaient courir un grand risque à l'idéologie dominante, eh bien pourtant même un type comme lui s'est fait casser la gueule sur le plateau de Guillaume Durand devant la France entière par trois nervis toujours en activité (A. de Caunes, Karl Zéro et un acteur censé être comique dont le nom m'échappe mais qui n'était visiblement pas la tête pensante du comité d'accueil.)
    Même les rebelles d'outre-tombe sont sous surveillance, et vous le savez très bien. On ne peut pas emprunter un exemplaire du "Journal" de Drieu dans une bibliothèque sans que quelque suppôt gaulliste n'en ait profité pour cracher dans une marge sa haine de paltoquet - sans compter la préface visqueuse ; la récente édition de "Féérie pour une autre fois" a été censurée ; dernier point, et je vous laisse aller réécrire votre gazette de A à Z : vous pouvez être sûr que si internet s'avérait une menace contre le clergé en place, les moyens d'une censure efficace seraient mis en place comme en Chine.

  • Nous sommes bien d'accord Lapinos, en particulier votre dernière phrase. C'est justement le sens de ce dossier : la rebellion est autorisée, puisqu'elle sert. Après, les exemples que vous citez, je ne suis pas sûr qu'ils fassent courir le moindre risque à quiconque. Tout cela est bien encadré.

    Alain Soral, Patrick ? Trop républicain pour moi !

  • C'est justement ça qui est effarant et permet d'apercevoir le caractère totalitaire du régime actuel : les exemples que je cite ne menacent de fait pas véritablement le pouvoir oligarchique en place, contrairement aux discours de Marx à la classe ouvrière européenne sur la réalité de son exploitation, par exemple, qui avaient de quoi inquiéter plus sérieusement les dictateurs européens de la fin du XIXe siècle, même si dans la réalité les prolétaires allemands ou français n'ont pas attendu le "Manifeste" de Marx et Engels pour se révolter et être massacrés par l'armée.

    Donc, dans ce sens, vous avez raison, l'époque est pleine de rebelles "certifiés non conformes" par la Fédération nationale d'achat des cadres et qui ont pour effet d'étouffer les quelques voix discordantes.
    Soit dit en passant nul n'est moins "républicain" que Marx, au sens où on entend la République aujourd'hui, inspirée du modèle des dictatures républicaines du XIXe siècle, pétries de principes romains.
    L'erreur commune et répandue par tous les partis politiques à propos de Marx est de le tenir avant tout comme un penseur politique (l'erreur de T. Maulnier par ex.), alors que Marx fait partie des rares penseurs, avec Aristote ou François Bacon, à avoir pigé que la statique politique ne fait pas bon ménage avec la dynamique scientifique ou artistique.

    Il y a chez Marx et Engels une dynamique scientifique subversive pour l'Etat soviétique lui-même que les circonstances politiques ont contraint à censurer (Lénine lui-même, qui est de très loin le dirigeant politique le plus intelligent de son siècle, était parfaitement au courant de l'hiatus entre le marxisme et le bolchevisme.)
    Marx est par conséquent étranger à la doctrine de Virgile qui envisage l'art comme étant ordonné à la politique.
    Marx est aussi un saint docteur de l'Eglise chrétienne - point plus difficile à comprendre pour un néo-païen - parce qu'il combat la religion des "Droits de l'Homme", produit du judéo-christianisme, d'abord parce qu'elle fonde une théocratie (dont la cause finale demeure obscure et rend mélancoliques ses sujets), et non pas comme certains penseurs réactionnaires chrétiens ont pu objecter en raison de l'irréligiosité ou du prétendu paganisme de l'Etat laïc.
    Marx et Engels s'opposent bel et bien radicalement à la tentation de l'homme la plus démoniaque, la tentation qui possède Judas et oblige le Sauveur à multiplier les avertissements à ses disciples, c'est-à-dire la tentation d'établir sur la terre un royaume divin. Il ne suffit pas de dire que Judas a trahi Jésus, il faut comprendre qu'il l'a trahi parce que son rêve de gloire nationaliste ou patriotique a été déçu. La gloire d'Israël n'est autre que le Verbe incarné lui-même.

    La colère de Jésus contre les juifs vise toujours leurs institutions morales ou politiques, que la ruine du temple de Jérusalem, symbole de la théocratie juive, signifie.
    Et Marx va plus loin encore dans la théologie, jusqu'à relever comme Shakespeare le fondement de la politique et de la morale sur la famille et la sexualité, et le fondement de la sexualité et de la famille sur la peur. Simone Weil fait aussi du néo-paganisme une religion fondée sur la peur (de la puissance publique), comme les religions animistes primitives (peur des forces destructrices de la Nature).

    Confirmant mon propos sur la sainteté de la doctrine marxiste, notez Maubreuil que le parti démocrate-chrétien, même s'il ne joue plus qu'un rôle intellectuel résiduel, croyant trouver dans la judéomanie une planche de salut médiatique, le parti démocrate-chrétien s'efforce toujours de subvertir des passages de l'Evangile comme le fameux "Rendez à César ce qui est à César", qui ne permet nullement de fonder un civisme chrétien puisque le Sauveur contourne le piège des pharisiens pour souligner que le Royaume de Dieu n'a rien de commun avec celui de César.

    Et même saint Augustin - pourtant peu porté vers la contestation de la philosophie romaine et sur qui la doctrine de la continuité judéo-chrétienne s'appuie largement -, Augustin admet que pour un chrétien "la loi ne justifie pas", sans quoi l'incarnation n'aurait aucun sens ; dans sa propre culture chrétienne germanique, l'enfant de choeur F. Nitche disposait donc d'un élément qui lui aurait permis, "par-delà bien et mal" d'échapper au judéo-christianisme qui l'oppressait, au lieu de retomber au stade génital ou anal qui est le sien.

  • "Jean-Patrick Manchette, Michel Marmin, Gérard Lenne, Michel Mourlet, Philippe d'Hugues, Michel Ciment". Je sens que ce dernier serait content du voisinage s'il tombait sur cette page !

  • ;)

  • Ah, parfait, plus que parfait Ludovic.

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