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L'HOMME QUi ARRETA D'ECRIRE (4/5)

Et c'est ainsi que Nabe, littérairement, poétiquement, politiquement, se veut un idéaliste dessillé face aux naïfs qui raisonnent, un mystique incompréhensible aux positivistes toujours renaissants, un kamikaze narguant les divers agents de sécurité, un poète parmi les p(r)oseurs. C'en est tout à la fois réjouissant et agaçant, car il y a tant de trublions officiels, d'affreux jojos homologués, de chenapans conformes, que tout individu faisant à tue-tête un pas de côté mérite d'abord d'être pris pour un imposteur. Etranger aux délires réglés des complotistes, « qui sont contre la discontinuité de la vie même », comme au désordre terminal des artistes qui la singent, Marc-Edouard Nabe n'est cependant récupérable ni par les soldats de l'Empire (et ça fait vingt-cinq ans que ça dure) ni par les insurgés qui en jouent d'abord le jeu (et qui prennent ses libertés pour des contradictions). Il est bien ce Quichotte inversé qu'un personnage du roman remercie de la sorte : « on te fait croire que tu t'attaques à des moulins à vent, mais tout le monde sait que ce sont vraiment des géants ». Sous les postures, la page. On n'a rien compris à Nabe si on le réduit à son avatar médiatique, contraint de parer toujours au plus pressé, car ce qui fait mouche c'est sa verve écrite et rien d'autre. Lire L'homme qui arrêta d'écrire, c'est enfin accepter de ne plus s'en laisser conter.

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