Du temps où je lisais la stimulante revue Cancer !, malheureusement éphémère, et les textes hauts en couleurs que ses rédacteurs avaient fait paraître (Têtes de turc et Gueules d'amour), j'avais une prédilection pour certains d'entre eux, dont la finesse d'analyse et le sens de la formule, en d'autres termes le profil d'écrivain, m'enthousiasmaient. Laurent James étaient de ceux-là. C'est donc avec un grand plaisir que j'ai découvert ce long entretien subversif, le lien de ce vendredi donc, exceptionnellement inclassable dans ses propos comme dans son style.
Commentaires
Bien gentil ce laurent james, mais force est de dire qu'il raconte un peu n'importe quoi et que ses affirmations pourraient toutes être contraires, que son traditionalisme n'a rien de traditionnel et que le parti anti-sioniste n'est pas plus un parti guénonien qu'un parti des chevaliers de la table ronde ou crypto-bayrouiste . Sympa sur la forme quand même mais tout me semble tiré par un désir trop politique pour être véritable.
amitiés
Mazouka
Je crois qu'une certaine outrance fait partie de l'anarchisme solaire... Mais assez d'accord sur l'envie politique.
Tout à fait mais dans ce cas c'est plus l'union des contraires (quoi qu'il en coute) qui finissent par devenir des contre-sens, un peu ridicules parfois, qui me semble gênante. Sinon évidemment Laurent james à une certaine force dans ses propos, il touche peut-être juste parfois !!!
Subversif? Illuminé plutôt. (et, non, l'un n'implique pas l'autre).
Je fais parti des gens qui ne comprennent rien à nabe (overdose d'adjectifs toujours trop "bien" choisis), je suis étranger à cette mystique (l'amalgame james, nabe c'est rapport à l'interview de l'un et votre critique du livre de l'autre + la référence dans l'interview). Je ne vous comprends pas. Mais bon, ce n'est pas grave, je le dis en gardant tout mon respect à votre égard.
(Désolé de ne pas entrer dans les détails, mais c'est que la force, le terrorisme, de tels propos c'est le flot ininterrompu, c'est qu'ils vous noient et que vous ne savez plus, quand vous sortez la tête de l'eau, par où les attaquer, ou plutôt ça vous donne envie de fuir au loin)(pas par peur de la subversion, mais par détestation de la bêtise)
Mon propos ne fait pas avancer le schmilblick, c'est juste que je suis un peu ahuri.
inbitablement masturbatoire et... solitaire on s'en détourne assez rapidement... les autres James sont bien plus stimulants...bien que d'un autre temps...
Beaucoup de references passionnantes, bien ficelé, aurait merité de s'etaler pour gagner en clarté evidemment.
Laurent James a du souffle!
Vous avez raison, skandalis, on est là dans le monde foutraque et désordonné de la mystique et moi, j'aimerais bien être du côté de la gnose, pour reprendre la distinction d'Abellio, de ce qui s'énonce clairement, de ce qui éclaire plutôt que de ce qui noie, mais j'avoue un penchant pour ce style littéraire, cet emportement qui change des comptables et des candidats...
Justement laurence, Laurent James est plus du côté (littérairement s'entend) de James Joyce que d'Henry James, mais j'avoue ne pas arriver à choisir entre les deux
Tiens, c'est vrai ça... James Joyce. Toutes proportions gardées. Je déteste James Joyce (du moins Ulysses, le seul que j'ai essayé de lire, je n'aime pas cette idée de vouloir englober le monde... tous ces styles mêlés, toutes ces idées et sensations, tous ces noms cités, je ne vois qu'un programme et au final une montagne accouchant d'une souris... mais bon, je ne suis pas sûr que cet avis soit trop partagé (même si je doute aussi que le livre soit autant lu qu'on ne le dit)(moi je ne l'ai jamais fini et il prends la poussière dans mes toilettes)). Mais en même temps, je crois que je commence à comprendre un peu. Je crois que ce qui me gêne chez Joyce/Nabe/James c'est leur idée de la transe, il faut submergé le lecteur de références, idées... pour lui faire atteindre le sublime. Moi, si je tenais un blog comme vous, j'aurais, en opposition, mis une image du syndrôme de Stendhal (puisque la forme du blog est cinématographique) pour évoquer l'extase de l'instant.
Et puis aussi pour évoquer le style de Stendhal qui s'approche assez du syndrôme qu'on lui associe.
C'est tout à fait ça, le besoin de fascination (et le désir de fasciner) contre celui de "communion" (avec le lecteur, le spectateur). Submerger plutôt que relier... Mais une part non négligeable de la littérature enthousiasmante est de cet ordre, un peu comme une sorte d'ivresse. C'est bien d'être ivre parfois, si l'on sait se dégriser. Le paroxysme Nabe-Joyce-James n'est pas tenable dans la durée, c'est une littérature de la jouissance (on en retombe mais on y revient).
Oh mais j'aime bien la littérature ivre, j'ai juste l'impression que le paroxysme, comme vous dîtes, atteint par ces gens là est une manière de tourner autour du pot, le révélateur d'une angoisse à se sentir incapable de créer le sublime dans la simplicité fulgurante, malgré la brillance culturelle (que l'on rejette bien sûr, parce qu'on se doute que le problème vient de là).
Et puis je ne suis pas d'accord avec votre distinction: "submerger plutôt que relier". Je ne suis pas sûr que la littérature de l'instant vise à relier, c'est juste une question de sobriété. Tiens, en disant ça, je repense à vos derniers post opposants Tati à de Palma, les reproches que vous faisiez à de Palma (et que je ne partage pas comme je vous l'avais alors dit, enfin, surtout pour le De Palma post Outrages) sont finalement assez proches de ceux que je fais à Nabe, Joyce... je reconnais qu'il est un peu acrobatique de mettre dans une même phrase Joyce et de Palma, mais vraiment, transcris en termes de style littéraire, ce que vous écriviez sur la profondeur de champs surchargée chez De Palma, c'est selon moi le problème de ces écrivains qui font des manières.
hum... "littérature de l'instant", c'est mal dit, bien trop réducteur... ça fait penser à "Amélie Poulain"
A mon sens, De Palma-Joyce-Nabe souhaitent submerger le spectateur de leurs déflagrations, bien plus qu'ils ne cherchent le sens. Ils manipulent, brillamment, des signes, et c'est à nous de réussir à les relier (si tant est qu'il y ait quelque chose à relier). Ce n'est pas l'art que je préfère, peut-être parce que je sais que j'y suis trop sensible !