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CIVILISATION

A relire aujourd'hui les quatrièmes de couverture des Particules élémentaires de Houellebecq et d'On ferme de Philippe Muray, romans exceptionnels parus il y a un peu plus de dix ans, on est frappé de la similitude des termes, autant dire de l'accroche : l'un se proposait de brosser le portrait d'une "civilisation nouvelle, alors qu'un seul mot suffit à la qualifier : désastre", tandis que l'autre se voulait "la chronique du déclin d'une civilisation, la nôtre."

Cette parenté aurait dû alerter le lecteur, ce grand naïf, ému et reconnaissant de trouver enfin une caution littéraire à laquelle raccrocher son dégoût, de constater qu'il n'était pas seul à haïr le monde chaleureux qu'on lui mettait sous le nez à la moindre occasion. En système libéral, en effet les remontrances sont autant de gâteries, la satire sert aux promotions, les réquisitoires mènent immanquablement aux dance-floors. Depuis dix ans, déclins et désastres civilisationnels ont été servis à toutes les sauces, des plus raffinées aux plus abjectes. A présent Luchini provoque des airs entendus et des gloussements de contentement en lisant du Muray au théâtre, Houellebecq ne semble même plus affecté de passer au "Grand Journal".

En système libéral, même Cassandre casse la baraque, et tout finit par sourire.

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Lien permanent 13 commentaires

Commentaires

  • Bravo ! ... C'est malheureusement tout à fait ça !

  • je vous conseille de lire la critique du spectacle de Luchini par Marin de Viry dans le n°de mai de la Revue des deux mondes.

  • En même temps, cher Ludovic, et sans vous contredire, ce genre de jeux ou d'ambiguïtés nous est nécessaire - je me permets de renvoyer à : http://cafeducommerce.blogspot.com/2009/05/encore-une-minute-monsieur-le-bourreau.html

    Après tout, peut-être que la seule importance historique que nous sentons pouvoir avoir, est celle d'avoir été là au moment du désastre. Sans doute serait-il mieux d'être la génération qui aura finalement réussi à l'empêcher, mais dans la mesure où nous ne savons pas comment et nous retirons méthodiquement (merci Sarko, entre beaucoup d'autres) les quelques moyens que nous avions de l'empêcher, autant jouir avec narcissisme (Houellebecq...) d'être la génération qui aura été là. Et les générations futures, s'il y en a, pourront nous critiquer, nous nous en moquons : nous aurons tellement souffert...

  • J'aime assez votre dernière phrase qui est une belle synthèse du système. Rien à craindre de nulle part, tout est sous contrôle, tout fait signe !

  • Je vais lire cela P/Z.

    Cher Café, en fait je suis en train de relire tout Houellebecq dans l'ordre, et le faire sans contrainte liée à l'actualité littéraire, ni papier à faire dessus, est très plaisant. Quand je dis relire, en fait pour certains romans, c'est lire tout court, et je n'avais en fait jamais lu les Particules. Ce roman est si impitoyable, si vrai dans tant de domaines, que je n'arrive déjà pas à comprendre le soutien des Inroks ! Mais alors voir Houellebecq parader chez ceux à qui il a défintivement réglé le compte, est à la fois pathétique et symptomatique : au fond ses réquisitoires font du bien aux accusés, et tout cela n'avait peut-être qu'un but inconscient : se faire des copains.

  • C'est dire aussi que nous sommes tous inclus dans le système, liés malgré nous. Je ne sais pas si c'est tant le libéralisme que le consumérisme qui provoque cette inversion des valeurs...

  • Nous sommes liés en effet Marie-Hélène, suiveurs comme rebelles, tous à alimenter à notre façon les têtes de gondole. Sinon, existe-t-il une société libérale qui ne s'avachit pas dans le consumérisme ?

  • Comment ces deux-là ont-ils pu se retrouver à faire front commun ? Mais surtout, contre qui ?

  • Les deux de la photo ? L'un utilise l'autre, comme à son habitude, tandis que l'autre pousse à l'extrême le concept qu'il a si bien transformé en littérature, de haine de soi ?

  • Ludovic, je dcrois que c'est beaucoup plus le matérialisme à tous crins que l'économie de marché qui est en cause. Cette dernière n'est pas un mal en soi et ne s'avachit pas de fait, une éthique et un pouvoir politique digne de ce nom, qui ne soit pas au pas des seules valeurs financières et des petites ambitions privés éphèmères manquent tout bonnement à l'appel.

  • Je suis plus pessimiste que vous dans ce cas, car à mon sens, l'économie de marché est l'aboutissement ultime du matérialisme.

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