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luchini

  • CIVILISATION

    A relire aujourd'hui les quatrièmes de couverture des Particules élémentaires de Houellebecq et d'On ferme de Philippe Muray, romans exceptionnels parus il y a un peu plus de dix ans, on est frappé de la similitude des termes, autant dire de l'accroche : l'un se proposait de brosser le portrait d'une "civilisation nouvelle, alors qu'un seul mot suffit à la qualifier : désastre", tandis que l'autre se voulait "la chronique du déclin d'une civilisation, la nôtre."

    Cette parenté aurait dû alerter le lecteur, ce grand naïf, ému et reconnaissant de trouver enfin une caution littéraire à laquelle raccrocher son dégoût, de constater qu'il n'était pas seul à haïr le monde chaleureux qu'on lui mettait sous le nez à la moindre occasion. En système libéral, en effet les remontrances sont autant de gâteries, la satire sert aux promotions, les réquisitoires mènent immanquablement aux dance-floors. Depuis dix ans, déclins et désastres civilisationnels ont été servis à toutes les sauces, des plus raffinées aux plus abjectes. A présent Luchini provoque des airs entendus et des gloussements de contentement en lisant du Muray au théâtre, Houellebecq ne semble même plus affecté de passer au "Grand Journal".

    En système libéral, même Cassandre casse la baraque, et tout finit par sourire.

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