Il faut bien comprendre que pour ceux qui sont nés dans les années 70, la vie n’a pas été rose tous les jours ! Quitter l’enfance avec Mitterand, être adolescent sous Séguéla, devenir adulte malgré Luc Besson au cinéma, Alexandre Jardin en librairie, Bernard-Henri Lévy partout ailleurs, demandaient un effort constant, parfois même une certaine rectitude morale, pour ne pas se laisser entraîner c’est à dire sombrer. Pour ne pas devenir un requin branché durant les années 80, un salaud fun la décennie suivante, un relativiste débonnaire aujourd’hui ; pour ne pas dégobiller à longueur d’années les préceptes de plus en plus insistants de transparence, d’égalitarisme, de tolérance et de festoiements obligatoires.
Houellebecq a sans doute tout dit de l’imposture et de la nocivité de ceux qui n’ont eu de cesse de tout saccager avec le sourire, mais pour ceux qui ont eu vingt ans au tout début des années 90, Houellebecq n’existait pas ; pour ne pas sombrer, il y avait L’Idiot International. Ce n’est alors sans doute pas un hasard si la première fois que j’ai croisé Arnaud Le Guern, dans l’éphémère revue Cartouches à la fin de ces années-là, je m’efforçais de taper sur un Jardin (Alexandre) pour mieux en célébrer un autre (Pascal), tandis qu’il se lançait dans une diatribe de haute volée contre Didier Daeninckx qui dénonçait à l’époque (sans doute avec beaucoup d’émotion) le « complot rouge-brun » au sein de L’Idiot. C’est d’ailleurs le ton de ce journal incendiaire que je retrouvais quelques années plus tard, d’abord dans la Stèle pour Edern du même Le Guern, hommage fasciné d’un écrivain pour l’un de ses maîtres, pour une liberté de penser et d’écrire bien anachronique ; puis dans Cancer !, revue qui retrouvait le goût de l’invective et la réjouissante absence d’allégeance aux soucieux démocrates comme aux abjects extrémistes, à laquelle il donna de beaux textes. Nous nous sommes croisés une seconde fois (toujours sans nous rencontrer) il y a quelques années, cette fois dans La Revue du cinéma. J’y égrenais des souvenirs de cinéphile amoureux, et lui au fond ne faisait pas autre chose avec ses « Héroïnes », portraits d’actrices magnifiques, c’est-à-dire magnifiées par ses mots. Ces convergences diverses suffisent sans doute à expliquer pourquoi j’étais particulièrement impatient de découvrir Du soufre au cœur : avec l’amour des femmes et la laideur du monde comme chevaux de bataille, prétextes aux envolées rythmiques, aux insultes grandioses, aux déclarations insensées, son attelage ne pouvait que se diriger vers le drame intérieur, c’est-à-dire le roman.
Du Soufre au coeur. Le programme qu’évoque joliment le titre s’avère d’une grande simplicité, ce qui n’est pas sans conséquences bouleversantes : « je bois pour oublier l’immonde et pour me souvenir du sourire des jeunes filles », nous explique un homme en cure de désintoxation au Val de Grâce, qui ne peut oublier une femme mais en rencontre néanmoins une autre. Les sourires de jeunes filles finissent toujours par se ternir, c’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’on les guette, qu’on les entoure de mille précautions, qu’on les vénère jusqu’à la folie. Il faut bien s’en enivrer puisqu’il s’éteignent. Les sourires, on ne peut guère que s’en souvenir en effet, parce que sur le coup, tout entier dans la fièvre et la douleur, on les voit sans les voir, baumes inconscients, bonheurs furtifs : les jeunes filles sont toujours plus belles dans l’écrin de la mémoire, c’est là qu’on peut le mieux les déshabiller, les sortir de la gangue du contexte, ce contexte qui nous les a fait connaître mais qui peu à peu finit par les gâcher, les froisser, les diluer. Le contexte, c’est le présent, c’est la souffrance, celle de l’amour jamais assez haut placé, celles du côtoiement des autres toujours plus enjoués, le présent c’est « l’immonde ». Et « l’immonde » c’est cela : « la négation permanente de toute beauté, les silhouettes kärchérisées, la chasse aux excès, la parole sous cellophane, la parole dévitalisée… ».
Cependant la jeune fille renaît toujours. Alors bien sûr ce roman n’est pas comme l’optimiste quatrième de couverture nous l’assure, « l’histoire d’une chute et d’une rédemption », mais il nous parle bien de renaissance, celle-ci comme chacun sait restant néanmoins le plus court chemin d’une mort à une autre. Renaissance, parce que dans le va-et-vient incessant entre la vie des souvenirs et le surplace mortifère du présent, Le Guern parvient à déployer ce qu’il nomme son « art de la fugue ». De nombreuses manières, le présent de plomb enlève au narrateur le ressort de son écriture ( « Au Val de Grâce, les mots ne sont pas à la fête. Passés par les armes des rêveries perdues, des espérances démantibulées ») et met à mal ses bonheurs de style (« J’allais accoucher d’une phase merveilleuse, Jevoitou m’interrompt »), mais dans cet univers hygiénique et bien rôdé, réplique du monde sinistre dont les hérauts se flattent d’être « à l’écoute du siècle, de ses impératifs de gaieté factice, d’entrain à haute valeur ajoutée », dans ce microcosme hospitalier, malgré tout, de multiples possibles peuvent naître.
Aucune déprime complaisante ici, pas d’autofiction pleurnicharde ou de journal ennuyeux, juste le fil des jours qui précèdent ce moment : quand la jeune fille renaît une fois encore. Et c’est bien elle qui engendre ce rythme endurant, ces mots qui soudain cognent ou se mettent à glisser, ces phrases altières et puis syncopées (1). « Djamila sur moi, j’étais en cavale » : au détour de cette phrase faussement anodine, tout est dit, la présence d’une femme pour mieux prendre congé, son sourire sur nous la nuit. Alors le lecteur, suspendu aux remémorations fiévreuses d’un écrivain qui perpétue sans doute le dandysme de Laurent et la verve de Blondin, mais surtout la nostalgie enfantine, à la fois malicieuse et mélancolique, de Vian, le lecteur pour quelques temps, oublie ce que devient la littérature, ce que deviennent les jeunes filles, ce qu’il devient. Il se laisse prendre au jeu de cet écrivain qui survit, qui insiste, qui surtout s’obstine à rêver sous le regard des matons qui passent, perdu à jamais dans le fouillis d’un panthéon en désordre, aussi beau et démodé qu’un jardin anglais.
(Cet article est paru dans le Magazine des Livres N°25, Juillet/Août 2010)
(1) dont on ne s'étonne d'ailleurs pas que la petite musique soit totalement inopérante sur des critiques littéraires endurcis, verticaux et même turgescents, qui tel le décidément bien prévisible Asensio, ne s'émeuvent qu'à bon escient, n'exultent qu'avec panache, ne bande qu'en majesté ; petite musique effectivement inaudible à qui peut s'enorgueillir de penser ainsi et surtout d'écrire de la sorte : "L'infâme Bukowski, qui ne put prétendre au rang d'écrivain que dans les rêves les plus osés de quelques journalistes en mal de fort maigres sensations, nous paraît encore un idéal enviable de sécheresse descriptive et de tenue que l'écriture se voulant artiste et n'étant que clown de Le Guern est bien incapable d'atteindre, elle qui tente, sans bien évidemment y parvenir, de poétiser l'humeur (pas cérébrale, assurément) comme prétendit le faire Zola, magnifier le cul et l'amour ou son rêve érotisé qu'il ne faut pas du tout confondre avec le cul, illuminer la gerbe et baudelairiser le guignon."
Commentaires
Très beau texte.
Une certaine idée de la littérature, loin des petits profs et des coupeurs de cheveux en 4, une certaine idée du monde aussi. J'aime beaucoup ce qu'écrit ALG sur son blog ou dans ce roman, cette nostalgie douce que vous avez très bien perçue. Merci pour lui.
Ah c'est malin, maintenant le crachat du Stalker est systématiquement suivi sur Google de la référence à votre texte ; on l'imagine déjà en train de fulminer...
Le Guern ne joue pas l'incarnation, la tristesse, l'engouement, le transport amoureux, la déprime totale, il vit vraiment tout cela, il n'est pas là pour ciseler des phrases de dandy, mais pour donner de la couleur à son spleen, et avec un tel talent qu'il ressemble à ces joueurs de tennis qui semblent si facilement jouer. Asensio dont parle le commentaire précédent semble incapable, et c'est plutôt inquiétant, de ressentir cela.
Vive le bancal contre le ripoliné, l'incomplet contre le plein comme un oeuf, l'instable contre le massif et l'à peu près contre les buldozzers de la pensée et du style qui ne laissent d'autre choix que le refus ou la soumission ! Vive la littérature buissonnière ! Vive ALG ! Et vive la critique de coeur !
ça y est, la jalousie du Stalker a encore frappé : une note en fin de page vient d'être rajoutée à son texte dégueulasse sur le Guern, pour tenter laboriuesement de se moquer du votre, avec d'ailleurs la même arme que celle utilisée naguère contre Anaximandrake : vous accuser d'impuissance ! Que tout cela est décidément banalement freudien.
Mirapois et Valérie, merci.
Tantvieux : si seulement...
Guenièvre : assez d'accord avec vous, il me semble en effet qu'Asensio cultive une certaine insensibilité hautaine que viennent régulièrement démentir ses sautes d'humeur pour des riens.
Observateur : voire pesamment lacanien.
Moi, je trouve qu'il baisse le Stalker, et surtout que désormais son ressentiment apparaît trop vite dans ses critiques emportées....C'est dommage car il a aussi beaucoup défriché et beaucoup fait pour une littérature bien moins fielleuse que celle qui nous sert sous couvert d'intransigeance.
Ce qui est dommage en effet, c'est cette habitude désormais à ne plus bien savoir lire les nuances, à ne plus entendre les "petites musiques", comme son complet fourvoiement sur le dernier Matzneff le démontre cruellement.
Et puis ne même pas avoir compris que les 5 premières lignes de ce texte sont ironiques...
Effectivement la stupéfiante accusation d'impuissance sexuelle (stupéfiante je vous asssure) a déjà servi de nombreuses fois sous...sa plume. Je m'empresse d'ajouter à mon tour une note de bas de page, c'est très tendance.
Mon cher cinématicien, pas vous, quand même, pas vous !
Quelle démagogie que la vôtre : une critique du cœur bonne, aimante, attentive, intelligente, contre une critique du cerveau méchante, envieuse, stérile, imbécile en un mot, vous aurez rendu à César ce qui lui appartient, bravo pour votre imparable discernement et la juste répartition de votre talent et de ma goujaterie.
Allons allons, vous m'avez habitué à plus de finesse, naguère voire jadis.
Petite explication de texte pour lecteur poussif à moins qu'il ne soit de mauvaise foi :
"Le rêve de l'action plutôt que l'action elle-même, le souvenir dolent de l'amour plutôt que l'amour lui-même, la ridicule et toute molle complainte de la chair jamais vraiment embrassée qui berce d'un doux murmure l'impuissance se rêvant puissance et s'effrayant de pareille audace, dans une posture qui rappelle moins l'aorasie des Anciens que l'inaptitude plaintive et geignarde à la lutte."
Êtes-vous à ce point piètre lecteur que vous n'avez vu et compris que l'impuissance (qui s'oppose pourtant, dans ma phrase, à la puissance, pas à vos performances au plume comme dit le vieux faune Matzneff, performances dont je me fiche, comme je me fichais du reste de celles d'Anaximandrake, que je cite puisqu'un couillon anonyme le cite) est à prendre au sens bernanosien du terme, id est, ontologique ?
N'avez-vous pas vu ce qui pourtant crève les yeux, vos yeux d'habitude grands ouverts sur des milliards de belles ou laides images que vous évoquez dans de petites notules vaguement rêveuses et se compliquant inutilement en méandres tournant en rond, pour le plus grand bonheur du jugement suspendu de vos lecteurs, qui tiennent pour une exquise sensibilité votre incapacité à nous livrer ne serait-ce qu'une idée un peu tranchée ?
A croire que, dans le cas qui nous occupe, vous avez lu (puis écrit) les yeux grands fermés, mon cher Ludovic.
J'attends donc de vous lire, pour savoir pourquoi je n'aurais pas été sensible à la "petite musique" (décidément, tout écrivain a désormais sa petite musique, comme c'est enchanteur et... pratique) du dernier Matzneff.
Ma foi, si vous jugez que raconter, à longueur de page, ses histoires de plume, jérémier sur les renégates et, de temps à autre, nous entretenir sur ses manucures et ses dîners au restaurant, c'est, pour Matzneff, écrire, c'est sans doute que vous le respectez bien moins que moi.
A mon sens, Matzneff doit se taire, se plongeant vivant dans un silence rimbaldien qui grandira son oeuvre, alors qu'il ne fait, par ses bouquins de plus en plus ridicules (quel sera donc le prochain ? Faisons confiance au duo magique Scheer/Georgesco, inventeurs du microscope à balayage d'encre sympathique, pour descendre davantage dans l'infiniment insignifiant...) que la réduire à une pathétique suite de vignettes érotico-nombriliques.
Les sybarites sont les plus mauvais lecteurs, surtout lorsqu'ils s'imaginent servir un écrivain en le flattant, confondant ses petits vices minables (le ridicule tas de petits secrets malruciens; ni freudien ni lacanien donc...) avec de hautes conquêtes littéraires.
Désolé, je préfère m'attirer les foudres de tous les cons que, en conscience, raconter des salades pieuses ou lacrymales sur un auteur.
A chacun, donc, sa conception de la critique littéraire : vous venez d'illustrer la vôtre par cette note sur le lamentable (et s'il n'était que lamentable ! Mais il est prétentieux !) roman de Le Guern.
Merci, enfin, de m'avoir cité dans votre notule : vous aurez eu, au moins, une ou deux phrases vertébrées émergeant, turgescentes pour vous reprendre, de votre confiture.
Bonne soirée.
PS : Ah oui : il manque un pluriel, à l'heure où je poste ces quelques mots, au verbe bander, ne me remerciez pas, la précipitation, sans doute. Et puis, tiens, puisqu'on y est : c'est "a paru" plutôt que "est parue" lorsque le passé est daté, défini.
Ces joutes oratoires sentent finalement toujours un peu la vieille sueur!
Bonsoir,
en dehors de toute querelle parisienne, franchement, le lecteur en a ras le machin des "auto"-romans d'auteurs torturés des tripes, divisés entre Martine et Josette, le rosé et la vodka, gerbant leur trop-plein sur une page et le montrant à tous, plus fier qu'un bébé exhibant ses premiers barbouillages. Un peu d'épique, que diable!
Marie-Angélique, hormis le fait que je ne vois pas bien ce que Paris vient faire dans cette histoire, je comprends votre commentaire, ce désir de retrouver une littérature épique qui est aussi, souvent, le mien ; cela ne m'empêche pas de savoir goûter la mélancolie quand elle ose se présenter sans fard. Il me semble d'aiileurs que l'une ne va pas sans l'autre.
Stalker, je ne vous ai cité que pour répondre avec amusement à votre note de bas de page rajoutée à la va-vite. La position que vous prétendez défendre ne tient pas : la démagogie , elle est aujourd'hui chez ceux qui se félicitent de démolir et qui claironnent ainsi qu'ils défendent le Verbe, l'Honneur, la Littérature et je ne sais encore quels principes approximatifs, quelles entités fourre-tout, ainsi sanctifiés d'une majuscule. On a toujours une meute derrière soi quand on conchie à tout va. Vos "idées tranchées" croient s'opposer aux pensées filandreuses, quand elles ne font en fait qu'exprimer votre manque de nuance. Je ne passe pas mon temps à étaler d'édifiantes colonnes j'aime/j'aime pas, mais cela ne m'empêche pas d'écrire très précisément sur ce qui me touche et sur ce que je refuse, sans en faire une affaire d'Etat ou un combat civilisationnel.
J'ai beaucoup aimé et j'aime encore parfois certains textes du Stalker qui donnent envie d'aller plus loin, qui m'ont permis de découvrir certains auteurs que j'ignorais et d'autres que je négligeais, mais je n'aime pas sa prétention, sa morgue et surtout, oui, cette démagogie qui est la sienne, en somme la même que celle qui anime un Naulleau, et qui consiste à dire : ce que je défends est noble puisque je m'y prends avec fureur.
Disons, plus certainement, Véra, que vous ne m'avez jamais pardonné que je m'attaque aux livres (les mauvais, du moins) des éditions LS et, surtout, que j'ose critiquer les derniers livres (publiés par les ELS), nuls, de votre (petit) maître et complice, Gabriel Matzneff.
J'ai déjà dû lire votre tirade un bon millier de fois : trouvez-moi donc de la fureur, de la morgue, dans mes textes sur Cormac McCarthy, Robert Penn Warren, Malcolm Lowry et une bonne cinquantaine d'autres écrivains dont je SALUE et SERS (servir, quel beau mot !) les extraordinaires romans.
Me comparer à Naulleau est une des habituelles inepties que vous répandez sans jamais prendre le peine de réfléchir plus d'un millième de secondes. Dans la forme comme dans le fond, vous devriez savoir que nos travails respectifs n'ont franchement aucun point commun.
Je reçois, chaque semaine, des dizaines de courriels de personnes, connues ou inconnues, qui me remercie de leur avoir fait découvrir des auteurs, alors, vous pensez bien que vos habituelles réserves appuyées sur des courants d'air, n'est-ce pas...
Cinématique : je ne vous ai cité (sans aucune précipitation) que pour répondre avec beaucoup d'amusement à votre ridicule critique sur le nanar de Le Guern.
Comme dirait l'autre, vous n'avez aucun de ces deux monopoles, l'intelligence et la sensibilité.
Encore moins (mais vous le savez, et nous savons tous deux pourquoi) celui du courage.
Mes prétendues édifiantes colonnes feront rire toute personne ayant passé plus d'une minute sur Stalker car enfin, mais vous me contredirez sans doute, mes textes (plus de 1000), louanges ou détestations, sont aussi argumentés qu'ils s'appuient sur les textes, ce qui n'est pas exactement votre façon de faire, surtout lorsque vous touchez à la critique littéraire, où votre impressionnisme pas très inspiré (cf. votre dernière note) est d'un ridicule à la limite de l'indigence intellectuelle.
Ensuite, que je prenne un malicieux plaisir à affirmer que tel ou tel est un tartuffe, un imposteur ou un cacographe, qu'avez-vous donc à vous en offusquer ? Les notes où j'avance toutes les raisons qui me font dire que ces auteurs sont ceci ou cela ne sont-elles pas infiniment plus structurées que tout ce que j'ai pu lire sur votre blog évanescent (parenthèse : je remarque que vous n'avez pipé mot sur ma petite explication de texte et votre lecture... hâtive ;-) ?
Vertébrez-vous : toute parole est un acte et j'agis, avec Stalker, que cela vous (vous et vos amis) plaise.
Ou pas.
Et, ma foi, pour vous le dire bien franchement, je suis ravi de déplaire à des personnes telles que vous, puisque vous incarnez (c'est une image, car vous n'incarnez rien du tout) à peu près tout ce que je déteste.
qui me remercient, pardon...
Le masque tombe vite, n'est-ce pas ?
Il n'y a pas, non, beaucoup d'amusement dans votre prose, surtout du ressentiment, mais également, et de plus en plus ouvertement désormais, de la jalousie. C'est sans doute ce qui me déroute le plus d'ailleurs.
De quel courage parlez-vous ? De celui qu'il y a à signer mes textes sur ce blog ou mes articles dans Causeur ou le Magazine des livres, du même pseudonyme que celui qui me sert dans Eléments, revue qui n'est pas très en cour et dont il ne fait pas bon se réclamer ? Si je ne l'avais pas ce courage (dont vous vous targuez cocassement), j'aurais ouvert ce blog sous un autre nom bien moins connoté.
Je ne prétends pas (et c'est sans doute ce qui nous oppose), je ne prétends pas faire de la critique littéraire, juste écrire des textes sur ce qui me plaît et sur ce qui me déplaît.
Ne parlez pas de "malicieux plaisir", votre prose ici-même, et ailleurs, contredit cet alliage si délicat à former. Et ne renversez pas, comme toujours, les rôles : c'est bien vous qui vous offusquez qu'on défende tranquillement celui que vous étrillez à tue-tête.
Non, vous n'agissez pas : vous vous agitez. Et ne rendez ainsi pas service aux auteurs et aux valeurs que vous affirmez défendre.
J'incarne tout ce que vous détestez ? Comme Cormary, Haenel, Ornythorynque, Sollers, Anaximandrake, Nabe, Eric Poindron, Alexandra Varrin, Assouline, Leo Scheer, Emile Brami, Luc-Olivier D'Algange, Pascal Zamor et tant d'autres ? Tous ces gens pourtant si différents que vous tentez de ridiculiser partout ? Il fallait bien que mon tour vienne, puisque je suis l'ami de certains d'entre eux. Moi aussi figurez-vous, je reçois des dizaines de courriels, et singulièrement depuis hier, et vous seriez surpris de l'identité de ceux qui disent me soutenir.
Merci Ludovic, je crois que ça faisait longtemps que quelqu'un n'avait pas dit ses 4 vérités à Juan Asensio. Entre les courbettes des uns et les procès des autres, personne en fait n'ose parler.
Vous faites erreur sur la personne, Mr Asensio, je ne suis pas la Véra dont vous parlez, je vous demande de me croire. Et d'ailleurs je n'ai jamais aimé Matzneff !
C'est quand même le comble : voilà quelqu'un qui insulte en permanence et qui vient pleurer dans les jupes de ses groupies à la moindre réponse ! Tout ça parce que vous opposez à sa scatologie et à ses allusions sexuelles, du sérieux et de la tenue !
Stalker.... Tout n'a-t-il pas déjà été dit sur ce garçon brillant ?
N'exagérons rien Tim-tim, je crois surtout que chacun s'est lassé et pare désormais au plus pressé : lui dire ce qu'il attend ou tenter de le faire taire. Je n'ai envie ni de l'un ni de l'autre.
Mais si Véra, voyons, vous êtes l'âme damnée de Léo Scheer, cessez de nier !
Et le plus ahurissant sans doute, Paul, est que les fameuses groupies croient dur comme fer à l'intégrité de leur Critique.
Je ne sais pas Finelle...S'il pouvait se contenter de ce qu'il est, de ce qu'il peut, il serait je crois bien plus apaisé.
Le peu d'extraits que vous nous soumettez montre à quel point ce livre semble ridicule et prétentieux. Des envolées lyriques? Du style? Enfin...
« l’immonde » c’est cela : « la négation permanente de toute beauté, les silhouettes kärchérisées, la chasse aux excès, la parole sous cellophane, la parole dévitalisée… ». Ce garçon doit encore travailler un peu plus, notamment son humilité !
Ludovic,
je parlais de querelles parisiennes parce que, derrière l'écran de mon ordinateur de Province, cela suinte tout de même l'entre-détestation ou l'entre-léchage mais rarement la tempérance au sein du milieu "littéraire" à Paris.
Je suis venue à vous par le blog Stalker, mais vous l'aviez deviné. Il fulmine, c'est vrai, il s'emporte, souvent. J'apprécie son travail argumenté et, il me semble, sincère. Son blog porte bien ses adjectifs d'érudit et ... polémique! Au moins, il annonce la couleur.
"Tu tremperas tes mains dans le sang pour en sortir le meilleur, le cœur du livre." Tiens, ça lui irait bien ça...
Je comprends complètement la fusion entre la mélancolie et l'épique. Tout quête cherche à combler un vide creusé par la mélancolie. Et le pire...: c'est peine perdue, toujours, peut-être trouvera t-on autre chose, mais le vide restera.
@Paul Petit:
L'Association des Groupies du Stalker vous salue;-))
Benoît, je pense que le procédé qui consiste à donner des extraits d'un roman (ou d'un film) pour en faire l'éloge ou s'en moquer, est injuste, et je regrette de parfois l'employer. Injuste parce que ce qui nous a plu soudain semble tomber à plat, et ce qui nous a fait rire ou nous a semblé inepte, perd tout relief une fois isolé. Libre à vous de ne pas aimer ce roman, mon texte n'est pas là pour vous convaincre, juste pour relater ce que moi, j'y ai goûté.
Marie-Angélique, et si je vous disais que je suis d'une province bien lointaine de Paris (tenez de ma fenêtre je vois en ce moment un Lac Léman très agité) ? Je me doute bien que vous venez sinon de sa part, sinon à sa demande (cela s'est tant de fois vu), du moins suite à ses propos me concernant, propos que j'imagine très bien, d'autant que j'en ai régulièrement depuis hier quelques savoureux extraits par courriel. J'ai longtemps apprécié moi aussi son travail, vous trouverez même sur son blog un entretien que je fis avec lui naguère, précédé d'une présentation de son blog plus qu'élogieuse que je pourrais même encore contresigner aujourd'hui, mais à quelques détails près : je ne peux m'empêcher de trouver désormais ses attaques bien gratuites (comme celle concernant Matzneff, ou Emile Brami ou Arnaud Le Guern) et surtout bien suspectes. Sinon, quand on se targue d'être "polémique", pourquoi s'affoler, insulter, faire sonner la charge de ses amis, quand quelqu'un riposte ? La polémique, ça ne marche que dans un seul sens ? (d'autant que la note de bas de page que j'ai écrite avec amusement est une réponse à celle qu'il a rajoutée à la va-vite une fois mon texte de lèse-majesté découvert). Bref, tout cela est beaucoup moins intéressant que vos trois dernières lignes, dont je partage la douce amertume. Quand j'ai lu Du soufre au coeur, j'ai ressenti cette distance impossible à combler, ressenti le besoin d'aller lire ailleurs, et je remercie aussi ALG de cela, son absence de chiqué, y compris dans l'attendrissement sur soi, peut être un viatique !
Le verbe stalker signifie marcher lentement, guetter, veiller. C'est Serge Daney qui le rappelle au début de sa critique du film de Tarkovski. C'est une manière d'avancer avec discrétion vers une proie. C'est presque un pas de danse.
Sinon Stalker signifie également "monomaniaque".
Je crois savoir à quelle définition du mot, le Stalker doit son nom.
Et moi je vois l'île d'Elbe...noyée dans les brumes.
Je rappellerai juste que dans mon premier post, je parlais du fond du roman d'ALG, pas du Stalker.
Il n'en a pas fallu plus pour être assimilée à une groupie...alors, je l'ai, en plus!, défendu dans un second post... afin de ne pas vous faire mentir (petit Paul et vous), sur le fait que ceux qui sont en accord avec la critique de Stalker soient, forcément, des groupies mielleuses et analphabètes (second degré...au cas où, hein!). Vous ne trouvez pas ça assez méprisant de votre part? Et légèrement misogyne au passage...
Autre précision, ne pensez pas que je sois une garde du corps khadafienne en mission commandée, désolée de vous décevoir, vous auriez tort. L'impulsion originelle était mienne.
J'en suis heureux ; des précédents me font souvent douter de l'honnêteté de ses soutiens. Ou en tous cas de leur liberté d'action.
Sinon, vous savez "groupie" est un terme générique qui ne suppose pas, du moins dans mon esprit, le genre féminin.
Je me permets de signaler le passionnant entretien entre le médiéviste italien Franco Cardini et Alain de Benoist paru dans le denier n° d'Éléments (janvier-mars 2010).
Ceci est ma contribution au "débat".
Je crains pradoc d'avoir à mon tour compris.
Merci Pascal, voilà l'occasion idéale de passer à autre chose, de retrouver un peu de tenue !
Désolé Ludovic, mais soit vous n'avez pas fait votre travail jusqu'au bout pour nous présenter convenablement un auteur que vous estimez, soit mon jugement est le bon, à savoir que ce travail est, comble de la paresse, d'une grande prétention et d'une grande platitude. L'impression que me laisse cet article est que de grands mots sont utilisés par un auteur qui fait de la manière et qui, j'en ai bien peur, est incapable d'en saisir la profondeur car, s'il l'avait effectivement saisie, il se serait exprimé avec plus de prudence. « je bois pour oublier l’immonde et pour me souvenir du sourire des jeunes filles » - ce sont des paroles de jeunes vierges effarouchées ça, et non de quelqu'un qui a vraiment connu l'immonde! Aucune de vos citations ne laisse d'espoir sur un possible talent de l'auteur. "l'art de la fugue"???? L'auteur sait-il vraiment de quoi il parle ou bien est-ce encore une façon imprécise de s'exprimer?
Et de revenir à l'essentiel : ton beau texte, "impressionniste" s'il en est, ta synesthésie toujours enchantante, et Jennifer Connelly dans la séquence cristalline de mon film préféré. Une de ces rares images qui donnent l'impression d'avoir vécu cette scène et de dire, comme tu le disais toi-même à une autre époque, et à propos de tes plans fétiches : "je me souviens".
Je me souviens d'avoir été Noodles caché dans les toilettes observant Deborah dansant dans la farine.
Benoît, je serais ravi de discuter littérature avec vous mais il me semble, au vu notamment du tombereau d'insultes en tous genres que je reçois depuis hier de la part de qui vous savez, que l'atmosphère n'est pas des plus propices.
Pierre, merci de tes mots.
Devenir adulte avec Jennifer Connelly filmée par Argento et Leone il y a pire. (Pour revenir au tout début du début).
C'est vrai Vincent, et c'est d'ailleurs cela qui change tout !