Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

RESSENTIMENT

Vous la regardez à la dérobée. D'ailleurs vous les regardez toutes à la dérobée. Sur sa paupière le fard a un peu coulé, et puis la couleur qu'elle a choisie pour ses cheveux, trop noire, a laissé une traînée peu engageante sur le haut du front. Elle vous inspire cependant. Pour elle, vous pourriez vous mettre au hip-hop, à la vodka, aux essais de Joy Sorman ou aux films sans Jean Dujardin, car vous n'ignorez pas que tout cela est tendance, et qu'il est probable qu'elle aime être à la mode.

Tarzan, Maureen o'Sullivan, Code Hays, James Mason, Lolita, Kubrick, Ovidie, Virginie Despente, Féminisme pro-sexe, Jy Sorman

Vous la méprisez déjà. C'est-à-dire que vous la désirez tellement que vous lui en voulez. Vous avez envie de la blesser et qu'elle vous en remercie. C'est en malmenant durement son pied que Tarzan conquiert Jane, avant le Code Hays, alors que le pauvre James Mason, tout attentionné à lui faire les ongles, ne recueillera que du mépris de la part de Lolita. Vous savez tout cela, le sourire épanoui d'Anne Sinclair sous l'outrage, toutes ces femmes au bras de brutes et vous qui les regardez passer, avec votre sourire contrit et vos projets de week-end en bord de Loire.

Tarzan, Maureen o'Sullivan, Code Hays, James Mason, Lolita, Kubrick, Ovidie, Virginie Despente, Féminisme pro-sexe, Jy Sorman

Elle se lève et vous n'osez pas un geste pour la retenir. Vous vous voyez déjà en tyran doux de Sofitel mais faites la queue comme tout le monde, sous la férule sans charme des femmes d'aujourd'hui, sous le joug triste de Despentes et Ovidie. Moderne accompli, vous avez tout oublié, sauf le ressentiment. Elle quitte la pièce sans un regard ; bravache vous voterez Eva Joly.

Lien permanent 10 commentaires

Commentaires

  • Excellent, le "joug triste d'Ovidie"... Sinon, ces lignes me rappellent un vieux texte de Breillat sur Baby doll.

  • Heureusement qu'il y a Marine pour redonné un peut d'Honneur aux Femmes bafouée en politique et ailleurs! ILLUMINATI KILL ILLUMINATI KILL

  • Peut-on le lire quelque part, cher Café, son avis sur ce film...redoutable, m'intéresserait beaucoup.

    Ariel, tout va pour le mieux ?

  • De mémoire, je dirais que c'est dans un des numéros spéciaux des Cahiers du cinéma des années 90, peut-être le "100 films pour une vidéothèque" de 1993. C. Breillat y brode sur les rapports entre virilité et brutalité - avec ses obsessions personnelles, comme vous pouvez l'imaginer. Si vous n'avez pas ç a en stock, j'essaierai de fouiller dans mes cartons pour le retrouver...

  • Possible que je l'ai, je vais voir ça. Merci !

  • Heureux de vous lire à nouveau, Ludovic. C'est vrai qu'il y avait quelque chose d'irrésistiblement sexy dans ces premiers Tarzan, avec la délicieuse Maureen O'Sullivan - notamment les scènes fort suggestives où elle s'éveille... N'est-il cependant pas troublant d'imaginer qu'elle fut (dans la vraie vie) la mère de Mia Farrow, autrement dit que Jane serait la grand-mère de Rosemary's baby ?

  • Oui Dmaien ! Et la mère était autrement plus troublante que la fille...

  • le texte de Breillat, je me demande si ce n'est pas dans un numéro spécial de Positif, celui où les cinéastes parlent de leurs cinéastes préférés. A vérifier.

  • Christophe a raison : c'est un numéro de Positif (500 ou 600?) ou un ensemble de cinéastes évoquent un confrère qui les a marqués. Claude Chabrol avait écrit un très beau texte sur Aldrich et je me souviens également de celui de Marker sur "Vertigo"...

  • Merci !

Les commentaires sont fermés.