« La crise ukrainienne, un mauvais coup pour le tourisme. A Odessa, ce port célèbre dans le monde entier grâce au film d'Eisenstein Le Cuirassé Potemkine, "nous avons eu des annulations cet hiver", concède le président de l'association du tourisme » (AFP).
Difficile de savoir si c’est la page d’Histoire ou l’oeuvre même qui attirent à Odessa, quand celles-ci sont réduites à des signaux culturels depuis longtemps désamorcés. Si tout est faux dans Le Cuirassé Potemkine d'Eisenstein, des décors jusqu'à l'Histoire, de la maquette en lieu et place dudit cuirassé jusqu'à la fusillade sur les escaliers d'Odessa, le film n’en est pas moins bouleversant. Son naturalisme magique le rend sinon véridique du moins vraisemblable, proche du document historique par la profusion de ses choses vues - alors même que celles-ci sont inventées de toutes pièces-, balises confortant le mouvement de la révolte décrite.
Nous sommes ici très exactement à l’opposé de ces films qui singent l’Histoire en numérique, rivalisant de prouesses véristes mais gommant le moindre détail qui ralentirait l'action. Des films qui ne rendent plus compte que d’une Histoire ludique, catégorisée par péripéties. Une Histoire dépourvue d’enseignements, simplifiant les forces en présence et diluant les identités, au nom d’un principe de plaisir imposé par le jeu et l’affect.
Commentaires
Comment faire de la fiction quand le virtuel - en l'occurrence advenu grâce à une vieille fiction (en l'occurrence bis, un film que je n'ai jamais vu) - remplace à la fois la fiction et une bonne partie du réel ? - On n'est pas dans la merde...
(C'est obligé, ces statistiques facebook du plus pur style "règne de la quantité" ?)
A bientôt j'espère,
Arnaud.
Odessa est la plus belle ville que j'ai jamais vu. Dans laquelle j'ai jamais vécu. La plus belle ville du monde, selon moi. L'Histoire n'y est certes pas un jeu virtuel, comme on a pu le constater récemment, lorsque la néo Guerre Froide a cru bon d'y jouer un néo épisode. Le long des escaliers où le berceau du bébé dévalait une pente fatale dans le film d'Eisenstein, vivent les orphelins camés de Moldavie et les Tsiganes qui leur vendent de la dope, dans des jardins décharges peuplés par ces ombres. Tout le reste n'est que littérature, disait Topor.
Oui, très juste Arnaud !!
(je ne sais pas comment retirer ces "bons points" Facebook)
Thierry : merci pour ce témoignage "au plus près des marches".
L'ai-je bien descendu ? Il faut qu'un escalier soit remonté ou redescendu ... les plus beaux ne servent à rien.