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ABIME

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Le Bal des actrices est insupportable de bout en bout. Sous prétexte d'une mise en abyme décalée sur des actrices jouant leur propre personnage, on assiste à des saynètes remplies à ras-bord de clichés, de pleurnicheries, d'auto-apitoiement sentimental. Pas une fois, le film n'effleure la subtilité des Acteurs de Blier, pas une fois en effet on n'entrevoit la vérité d'une actrice au travers de ses péripéties drolatiques.

Les séquences prises sur le vif sont indigestes, non seulement parce qu' elles ne jouent que sur deux notes toujours plus martelées (l'ironie facile et le mélo vulgaire), mais surtout parce que le point de vue est sans cesse remanié, non pas, comme en son temps Robbe-Grillet, pour ses vertus de déconstruction ludique, mais au contraire afin de ne jamais manquer le gros clin d'œil complice ou la petite larme, et ce au mépris du découpage le plus élémentaire.

Cela se veut gentiment provocateur et ingénument narcissique, alors que chaque scène est salement simulée, alternant le plan à l'arrache tout en chiqué et la chorégraphie sursignifiante fière de sa balourdise.

Le Bal des actrices, comme plus tard Polisse, adoré par une critique atone, ne relève que du cinéma frelaté de l'entre-soi.

 

Lien permanent 5 commentaires

Commentaires

  • Oui... oui... tout à fait d'accord : un cinéma frelaté par des "artistes" très fiers de leur inculture (déprimant)

  • La fierté est en effet ici un rouage essentiel

  • Mon Roi
    De Maïwenn. Avec Emmanuelle Bercot, Vincent Cassel, Louis Garrel. 107 '
    Bonne nouvelle pour les aficionados de Maïwenn, elle n'a pas changé. Et bonne nouvelle également pour ses détracteurs: avec Mon Roi, ils vont pouvoir se faire plaisir à la honnir davantage encore. Pour exactement les mêmes raisons, pas plus, pas moins, que les autres aiment son cinéma.
    Après une scène d'exposition franchement ratée, nous faisons la connaissance de Tony (une femme, comme son nom ne l'indique pas, interprétée par Emmanuelle Bercot, bellement suspendue au souffle de sa réalisatrice). Elle a fait une très lourde chute à ski et est admise dans un centre de rééducation pour récupérer la motricité de son genou. La mécanique du film se met en place, plutôt simpliste. Tandis qu'elle retrouve goût à la vie dans le centre auprès de jeunes de banlieue, Tony se remémore son histoire d'amour passionnelle avec Giorgio. Ouvrant une histoire où le présent et le passé se répondent, Maïwenn, même sans se mettre en scène ici, continue de dire « je » et laisse poindre, parfois jette, des pans de douleur de sa vie sur le grand écran.
    Comme l'amour a l'air parfait lorsqu'il éclôt! Il a la belle gueule de Vincent Cassel, beau parleur sûr de lui, irrépressiblement attirant. Petit jeu de passe-passe artificiel: « Tu veux mon portable ? », lui fait-il. Puis il jette l'appareil entre les mains de Tony, avant de s'évanouir dans la ville avec sa belle cylindrée.
    Brouillonne, Maïwenn mêle le romanesque, l'intimité (l'obscénité diront certains), le comique potache, le documentaire (les soins prodigués au centre), dans une histoire qui nous met progressivement mal à l'aise. Car chez elle, on le sait, l'amour fait mal. Comme dans la vie. Tony tombe enceinte, et celui qui s'était présenté comme le « roi des connards » lors de leur première nuit passée ensemble, commence à se comporter comme tel. Les larmes succèdent aux rires. Doucement, le poison de l'amour infuse et la relation devient hautement toxique. Entraînant les crises d'hystérie de Tony, incapable pourtant, malgré les conseils de son frère (excellent Louis Garrel) de quitter son « roi » qui la trompe, se drogue, et en représentation permanente devant sa cour d'amis courtisans.
    Sa famille, ses amis, assistent sans pouvoir l'aider à la déchéance de Tony. On pense au désespoir du chevalier Des Grieux, malade d'amour pour la libertine Manon Lescaut. Mais la grande réussite du film tient en ce que Maïwenn, aidée en cela par un formidable Cassel, ne juge jamais Giorgio, pourtant absolument odieux par moments, ni l'apparente passivité de Tony.
    Et son cinéma jamais vraiment maîtrisé (ça déborde, ça crie, ça rit fort, ça pleure, ça exaspère...bref, ça vit!) dessine parfaitement les contours accidentés de ce couple fusionnel, ni bien ensemble, ni bien séparé. Alternant le chaud et le froid, même quand elle rate ses scènes, Maïwenn le fait avec sincérité. Il y a cette audace d'oser le trop qui nous plaît dans un cinéma souvent aseptisé. Et Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot crèvent littéralement l'écran.
    Mais il nous faut aussi être sincère : malgré toute la tendresse qu'on a pour la réalisatrice, ce beau film bancal n'a vraiment pas les épaules pour jouer dans la Compétition. - Thierry Van Wayenbergh

  • Merci Thierry. A juger sur pièces donc...

  • Tout à fait Thierry !

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