Les champs matinaux piquetés de grives, les noisettes blanches, les rillons brûlants enveloppés d'une feuille de salade sous le soleil de Brenne, le rire infatigable d'Emilie, les graffitis burlesques des prisons lochoises, le criquet sur la table, l'éclat blond de Raphaël, les vacances de leur enfance fébrile et de nos questions sans réponses, la mélancolie indistincte et la joie tenace.
La nullité d'Honoré osant lever les yeux sur Bataille (Ma mère), la déchéance de Scorsese, parodiant les clips et les pubs qui lui ont tant pris, cabot frénétique même plus capable de resservir fraîche la technique rôdée d'After Hours (Bringing out the dead), le métier de Weir (Master and commander), le loft renaissant (Secret story) qui, comme c'est étrange, n'intéresse plus les exégètes du plan et les sociologues au taquet, autrefois conquis car vitupérants.
Les atours modernes, l'enthousiasme autoritaire, la pensée longuement tolérante, la morale des transparences, la fin programmée des dilemmes, le monde d'avant est décidément bien enfoncé : si d'Eustache à Honoré, il n'y a qu'un pas, c'est celui de trop.
La maman et la putain, de Jean Eustache
Les chansons d'amour, de Christophe Honoré