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byron haskin

  • CINEPHILIE

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    Le cinéphile ne regarde jamais qu'un seul et unique film, lequel voit les ballerines se jeter au cou des soudards, les voiliers se mirer dans une pupille irisée, les baisers faire tenir ensemble les ruelles, les ports et les forêts. Un seul et même film où les derniers mots d'une rencontre s'enchaînent aux premiers pas d'une traque, où les portes grillagées s'ouvrent sur des déserts multicolores, où l'on se salue en claquettes et s'échappe en cavalcades, où l'on se poursuit échevelés autour d'une simple table en bois clair sur laquelle, au canif maladroit, tout est gravé depuis le début. Un film qui laisse les ogres parler aux vamps, les lycéennes défier les sauvages, les mélodies entêtantes se perdre dans la brume des fumigènes et les cuisses lacérées briller sous des lunes en carton. Un film de miroirs en quinconce, de trompe-l'oeil en enfilade, d'échos à n'en plus finir, qui laisse ses victimes exténuées, jamais sereines, toujours en retard d'une correspondance. Un film où Thésée comprend enfin qu'il est sous le joug d'Ariane, et ne la cherche que parce qu'il l'a déjà trouvée.

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