Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

fabienne babe

  • QUE LE DIABLE NOUS EMPORTE

     

    que-le-diable.jpg

     

    Dans le cinéma français d’aujourd’hui, l’érotisme traverse une bien mauvais passe. La représentation de la sexualité se devant de remplir un certain nombre de critères acceptables par l’idéologie dominante, le spectateur n’est plus assailli que par des images didactiques, par conséquent inoffensives. Dans ce contexte asphyxiant, le cinéma prodigieusement libre de Jean-Claude Brisseau s’avère inespéré. Son dernier film, sorti un court moment dans quelques salles l’an dernier, Que le diable nous emporte, est une petite merveille d’autant plus précieuse qu’il faut une certaine obstination pour la dénicher sur la Toile... Le cinéphile persévérant découvrira une œuvre poétique d’une audace bien inactuelle, qui plus est non dénuée d’humour.

    A travers les chassés-croisés sentimentaux de trois femmes, le film propose un conte initiatique délicatement amoral, en ce sens qu’il se révèle absolument étranger aux vertus cardinales de l’époque, redonnant à la nudité, au désir, à l'union sexuelle, de la manière la plus littérale qui soit, leur dimension sacrée. Plus troublant encore pour notre époque de puritanisme pornographique, la logique augustinienne, assumée par Brisseau, du « Aime et fais ce que voudras », est brillamment mise à l’honneur, s'opposant de manière frontale à un cinéma qui ne sait plus montrer que l'envie ou la manipulation - à défaut d'amour- entre personnages, et qui célèbre moins leur volonté souveraine, qu'une soumission placide à quantité de déterminismes de classe et de caste jamais interrogés. Chez Brisseau, le monde intérieur exulte.

    Ce propos subversif est notamment servi par Fabienne Babe qui trente ans après le magistral De bruit et de fureur, retrouve avec éclat le réalisateur.

    Lien permanent 1 commentaire