Il est d’usage aujourd’hui, pour n’importe quelle scène d’action, de rajouter après coup et numériquement de la vitesse au sein du plan, tout en rendant celui-ci instable par d’intempestifs mouvements de caméra, ce qui voudrait prétentieusement souligner l’incohérence des situations et la polyphonie du monde, mais qui a surtout pour conséquence d’en rendre les motifs proprement illisibles. Cette prolifération de formes sans lien apparaît alors, de la manière la plus paradoxale qui soit, totalement homogénéisée, s’écoulant dans un flux sans surprise ni appui.
A l’inverse, Kerrigan dans Clean Shaven, ne se sert que d’une alternance de champs/contrechamps à la vigueur peu commune pour donner du sens aux gros plans sur le visage ou le corps de son héros, soudain confrontés à l’environnement menaçant, en inserts ou en plans larges, qui l’assiège. De ce fait, le spectateur, partie prenante de ce chaos sensoriel, endure à son tour la juxtaposition jamais ordonnée mais toujours limpide de segments de sons et d’images, oppressante par leur étrange régularité.
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