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nicolas sarkozy

  • JOURNAL DE NAISSANCE

     

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    En ce temps-là, les hommes de soixante ans portaient encore le chapeau, et les femmes raccourcissaient leurs cheveux en les attachant plutôt qu’en les coupant.

     

    C’était le temps du cinéma dangereux, où les critiques catholiques permettaient certains films avec « d’expresses réserves » tout en en refusant d’autres, qu’ils « déconseillaient fortement », pour des raisons aussi étrangères à l’esthétisme que celles, plusieurs décennies plus tard, de leurs successeurs cette fois humanistes (et responsables), qui ne cesseraient d'inciter les spectateurs à aller se faire déranger.

     

    En ce temps-là, la presse d’investigation, déjà subtile et ne s’en laissant pas compter, découvrait un jeune chef d’état, volontariste et ambitieux, qui se faisait surnommer par les salles de rédactions et quelques diplomates en vue, « Gaullico », en référence déférente. Et c’était Ceaucescu .

     

    A l’époque, les étudiants prenaient tout ce qui était à prendre, découvrant l’amour libre et la dialectique dans le même mouvement, comme lorsque quelques amoureux publics sur un banc d’usine se faisaient déloger par des ouvriers CGT qui entendaient « rester maîtres chez eux », et qui tout en cadenassant la révolte, s’en réclameraient outrageusement plus tard.

     

    C’était le temps où de nouveaux pavillons sur de gais terrains bientôt arborés étaient proposés à la vente, à Mons-en Bareuil comme à Cergy, voire dans la banlieue toulousaine, affriolants gouffres dont à peine une génération plus tard, le ghetto renverrait l’écho sinistre.

     

    L’époque proposait en sus un nouveau concept de vacances, « farniente et culture », modelisant ainsi le touriste de demain, celui qui ayant tout saccagé en restant débonnaire, irait chercher aux quatre coins du monde ce qui n’existerait plus qu’en papier-guide.

     

    En ce temps-là, les femmes souriaient déjà en plein drame, non sans calcul mais encore avec regret, et les hommes de quarante ans escaladaient de nuit les murs des maternités pour embrasser leur fils, avant d’aller seconder une escouade de flics prétendant ramener l’ordre, où une barricade désirant le contraire, sans se douter que l’ordre nouveau qui s'instaurait ainsi, précipiterait la fin des antagonismes, et que ce serait justement cela, la fin.

     

    Nous vivons aujourd 'hui dans le monde libéral et décomplexé de Nicolas Cohn-Bendit et je mets au défi quiconque lisant le journal du samedi 18 mai 1968, d’avoir pu l’envisager.

     

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  • LES FORCENES DU LENDEMAIN

    A lire ici , sans doute le meilleur texte critique sur l'hagiographie hautaine de Reza.

    Ce monde qui sans cesse bouge de là, et qui s'offre à grands frais le vertige de "l'oubli de la veille", avec ces ambitieux qui chassent en cour, ces puissants qui nous entretiennent patiemment de leur puissance, ces libertins inquiets et ces subordonnés toujours d'accord, ces raisonneurs polygraphes et ces poètes du mélange quel qu'il soit pourvu qu'ils s'en recouvrent, c'est le nôtre.
    On ne peut prétendre y échapper sans se trahir.

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