Outre Tombe (2018) est une oeuvre expérimentale, réalisée par Alexandre Mathis, qui se définit à l’occasion comme un « écrivain de cinéma », et mettant en scène Pamela Stanford, actrice à l’étrange beauté qui tourna autrefois pour Jess Franco.
Sur une durée de 7h, le film ose toute une série de rencontres : une femme aux traits énigmatiques, portant des chapeaux à larges bords, traverse la campagne à la fois somptueuse et désertée du Sud-Ouest de la France ; des cinémas ou des moulins mangés de mauvaises herbes, se superposent aux fastes photographiques de leur passé ; des arabesques ensoleillées sur un mur de pierres succèdent au vacarme de trains dévorant le cadre à vive allure ; les clairs de lune envoûtants alternent avec d'entêtantes musiques de variétés etc… On retrouve ici le goût de Mathis pour les confrontations archéo-futuristes, dégagés de toute nostalgie inopportune, mais on lui découvre surtout un précieux talent cinématographique, celui de parvenir à exhaler d’un visage immobile ou d’un paysage modelé d’ombres, ce mélange d’attirance morbide et de splendeur poignante appartenant en propre à l’esthétique du sublime. « Et ce monde rendait une étrange musique / Comme l'eau courante et le vent / Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique / Agite et tourne dans son van. » Ce n’est certainement pas pour rien, en effet, que ces vers d’Une Charogne, semblent à ce point décrire ce voyage de lumières et de sons dans les décors dévastés de notre temps.