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jess franco

  • OUTRE TOMBE

       

    Pamela Stanford, Alexandre Mathis, Jess franco, Outre tombe

     

        Outre Tombe (2018) est une oeuvre expérimentale, réalisée par Alexandre Mathis, qui se définit à l’occasion comme un « écrivain de cinéma », et mettant en scène Pamela Stanford, actrice à l’étrange beauté qui tourna autrefois pour Jess Franco.

        Sur une durée de 7h, le film ose toute une série de rencontres : une femme aux traits énigmatiques, portant des chapeaux à larges bords, traverse la campagne à la fois somptueuse et désertée du Sud-Ouest de la France ; des cinémas ou des moulins mangés de mauvaises herbes, se superposent aux fastes photographiques de leur passé ; des arabesques ensoleillées sur un mur de pierres succèdent au vacarme de trains dévorant le cadre à vive allure ; les clairs de lune envoûtants alternent avec d'entêtantes musiques de variétés etc… On retrouve ici le goût de Mathis pour les confrontations archéo-futuristes, dégagés de toute nostalgie inopportune, mais on lui découvre surtout un précieux talent cinématographique, celui de parvenir à exhaler d’un visage immobile ou d’un paysage modelé d’ombres, ce mélange d’attirance morbide et de splendeur poignante appartenant en propre à l’esthétique du sublime. « Et ce monde rendait une étrange musique / Comme l'eau courante et le vent / Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique / Agite et tourne dans son van. » Ce n’est certainement pas pour rien, en effet, que ces vers d’Une Charogne, semblent à ce point décrire ce voyage de lumières et de sons dans les décors dévastés de notre temps.

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  • DES SEXES ET DES MIROIRS

     

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    Jess Franco, disparu l’an passé, laisse derrière lui près de 200 films où l’on trouve de tout : du fantastique et de l’horreur, des comédies polissonnes et du porno, de l’aventure exotique et de la prison pour femmes, des vampires, des nazis et au moins dix adaptations de Sade… Celui qui assista Welles sur son Fasltaff, et qui n’a cessé depuis 1954 d’enchaîner les tournages, est un monument du cinéma-bis, ayant tourné un grand nombre de navets dont certains recèlent des plans splendides, beaucoup de films de commande sauvés par leurs digressions fascinantes, mais également quelques rares et incontestables chef d’œuvres !

     

    Artus-Films vient ainsi d’éditer trois nouveaux films du maître, dont deux valent absolument le détour. Si Sumuru, la Cité sans hommes (1969), sorte d’OSS 117 lesbo-futuriste tourné à Rio, ne vaut guère que pour la géniale composition de George Sanders, Les inassouvies (1970) et le miroir obscène (1973) ont l’avantage d’initier le spectateur profane à l’inimitable style musical de Franco, fait de zooms marquants, d'audacieux panoramiques enchaînés les uns aux autres, de changements brusques de registre. Le premier, adaptation de La Philosophie dans le boudoir dans la moiteur de paysages insulaires, conte avec un crescendo remarquable le récit d’une dépravation, avec la très belle actrice autrichienne Maria Rohm. Le second, qui suit le parcours d’une jeune femme hantée par un inceste et un suicide, est à voir dans ses deux versions, la française et l'espagnole, car il s’agit de deux œuvres radicalement différentes mais tout aussi cohérentes, hantées à chaque fois par les reflets et les échos, par l'idée du sexe comme gouffre et miroir. Le cinéaste insère une scène ici, supprime une autre là, change l’ordre des plans ou modifie la voix off qui les accompagne, et parvient ainsi, par sa science du montage, à donner à des images presque identiques un sens distinct, toujours empreint d’une grande poésie macabre, à la fois sensuelle et mélancolique.

     

    Peu importe alors les raccords imparfaits, le jeu approximatif, les répétitions et les ellipses également excessives, car ce qui compte ici, c’est bien la manière lyrique avec lesquels Franco fait basculer ses héroïnes du désir coupable à l’effroi (et réciproquement bien sûr), laissant une grande place au rêve, au souvenir, au fantasme, mêlés jusqu’au vertige. L’héritier du Baroque espagnol, c’est lui !

     

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