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APRES L'HISTOIRE

Le couple et la famille représentaient le dernier îlot de communisme primitif au sein de la société libérale. La libération sexuelle eut pour effet la destruction de ces communautés intermédiaires, les dernières à séparer l’individu du marché. (Michel Houellebecq, Les particules élémentaires)

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Après avoir entendu aussi bien les louanges d’avant Extension du domaine de la lutte que les cris d’orfraie d’après Les Particules élémentaires et surtout Plateforme, il est assez vite apparu que Michel Houellebecq n’avait jamais été vraiment lu par ceux qui faisaient profession d’étudier ses écrits, lesquels se sont donc successivement crus permis de voir chez ce grand écrivain, qui laisse loin derrière lui les auto-fictions frileuses, les auto-célébrations mornes et les pamphlétaires sans mesure, une forme nouvelle d’esthétiquement correct (comme une sorte de Cioran policé, aimablement contemporain) puis à l’inverse, un mixte bavard de cynisme et de misogynie (tel un Céline qui bénéficierait d’une scandaleuse impunité sociale). Et c’est exactement la même chose qui est arrivée avec son film, La possibilité d’un île, manifestement non vu par ceux qui se sont plaint de « la laideur des décors » ou de son « absence de rythme », l’affublant de l’injure suprême de « série Z », qui révélait sans équivoque non pas seulement leur méconnaissance du cinéma mais surtout leur haine de celui-ci une fois les panthéons bien installés.

(La suite, ici)

Lien permanent 23 commentaires

Commentaires

  • Belle critique ! (mais il faut dire que j'adore Houellebecq)

  • Rien à voir, mais y'a plus Asensio dans vos liens ?

  • Oui, c'est une critique qui donne envie de redécouvrir ce film et votre interprétation de la dernière partie -à mon avis fausse, mais le problème au fond n'est pas là-, une sorte de métaphore coïtale, est assez bien trouvée, et plairait sans doute à l'auteur!

  • C'est trop compliqué pour ma petite tête ... d'ailleurs les partouzes on ne s'y retrouve jamais !

    T'as pas un couteau ? J'ai une pomme à éplucher, je l'ai cueilli dans un grand jardin qu'on m'a dit s'appeler le paradis ...

  • J'avoue que ce film ne me tentait pas du tout alors que j'aime beaucoup les romans de Houellebecq (je l'aime moins lorsqu'il joue les têtes de gondole avec l'immonde BHL). Votre critique, après celle du Dr Devo sur "Matière Focale", a éveillé ma curiosité...

  • Merci Véro, avez-vous vu le film ?

    Non, Médoc Premier, il n'y a plus.

    Je crains aussi qu'elle soit fausse, Jean-Pierre P, mais lu ainsi, ce long montage alterné m'a bouleversé.

    Vous êtes parfois très ésotérique, iPidiblue !

    Je suis sûr qu'un jour, Houellebecq s'expliquera littérairement sur cette rencontre médiatique cher Doc, incompréhensible en effet pour qui a lu les deux. Je m'en vais voir la critique dont vous parlez.

  • Je voulais dire Ludovic que je viens sur ton blog juste avec mon couteau et ma bite et que c'est un peu juste pour tout comprendre !

  • C'est vrai que cette union avec BHL est proprement déguelasse comme on dit chez Godard,

    mais Houellebecq est un repoussoir commode et il fait tout pour le rester, y compris auprès

    de ses meilleurs fans qui, bien entendu, ne sont pas les mêmes que ceux de l'Insurgé

    Romantique...

    Sinon, pour Asensio, ça a à voir avec ses démêlés chez Léo Scheer ?

  • Putain, vous pouvez pas nous foutre la paix avec le stalkouère, non ? Ici, on est ailleurs, vu ! Rien à cirer de vos querelles d'egos de basse-cour !

  • Ce n'est pas très généreux, iPidiblue, de ne venir qu'ainsi.

    Il y a certainement, Volontaire, une envie souveraine de déplaire chez MH, et de déplaire surtout à ceux qui l'encensent, d'où sans doute cet acte insensé que de prétendre discuter avec un tel homme, dont les propos sont d'une vacuité effectivement dégueulasse ! Sinon, je ne connais Léo Scheer que par ses éditions de Nabe, de Matzneff et de sa "Revue Littéraire". Qu'Asensio le haïsse, ou le méprise, ou peut-être l'envie, n'a pas de rapport avec sa suppression des 39 blogs, mais :

    comme le dit très justement Marc Krave, ici, on est ailleurs.

  • Décidément !
    Je suis en plein dans ma cure "Houellebecq", concomitante avec ma cure "Rohmer" :-)
    Je suis en train de relire Les Particules que j'avais lu à 17 ans – ce qui était une très mauvaise idée (rien compris, traumatisée !) – après avoir découvert récemment Plateforme et parcouru avidement ses dernières Interventions2. Le bouquin avec BHL m'attend sur l'étagère (je suis curieuse...).
    La Possibilité d'une Île ne faisait pas partie de la suite du programme, mais je reconsidère les choses grâce à votre critique ! C'est la première fois que je lis ce genre de propos sur ce film.
    Merci d'ouvrir le champ !

  • Magnifique critique, Ludovic.
    Or il se fait qu'effectivement, je ne l'ai vu ni en vision de presse, ni avec le "commun" souvent plus fin observateur qu'un journaliste blasé.
    En Belgique, le film est carrément passé sous silence. Incompréhensible, d'autant que nous n'entretenons guère chez nous quelque relation conflictuelle avec des écrivains maudits.
    C'est plutôt une dialectique bien française, ça !
    Houellebecq fait peur, c'est sûr. C'est d'ailleurs avec une certaine honte qu'on admet aimer l'auteur. Quant au cinéaste, on ne peut en lire que les critiques désastreuses (hors la vôtre et celle de quelques courageux) Outre-Quiévrain.
    Savez-vous qu'on ne le trouve même pas en dvd sous nos contrées. Loin de tout nationalisme (je pense sincèrement que rien ne vaut la peine de sauver l'Homme), je trouve que la pauvre Gelbique a rarement été aussi frileuse. Elle qui fut autrefois terre d'accueil des condamnés à l'exil Hugo, Baudelaire...

  • Pour ce qui est de l'association avec BHL, je pense que ce n'est ni plus ni moins que l'expression du côté très dandy de M.H.
    Au-delà des idées, c'est assurément leur point commun.

  • Votre critique est vraiment unique, Ludovic, et elle donne très envie de lire le livre et de voir le film. Parce que vous nous faites penser qu'autrement on aurait manqué quelque chose qui ne le mériterait pas, et pour voir aussi ...si la qualité de votre regard exercé ne s'est pas démentie ! Mais j'ai l'intuition que vous n'avez pas trop à craindre. En tout cas, déjà lire cet article est fort appréciable. De Houellebecq, je n'ai lu que le roman Extension du... qui m'avait peu impressionnée au départ, mais le dépôt qui en est resté m'inciterait à le relire ; et j'ai aussi lu divers articles rassemblés en un même recueil (le titre m'échappe) et alors là, j'ai été ravie par cette belle plume. Étrangement, un rapprochement s'est fait à mon esprit entre son Extension... et Les Bienveillantes de Littell, et comme j'ai soudainement la flemme, je vous copie-colle ce que j'en vais dit chez PA :

    "exception faite du volume du volume de chacun, n’y aurait-il pas des rapprochements à faire entre L’extension du domaine de la lutte de Houellebecq et Les Bienveillantes ? Un brin dû à la déconstruction et un autre avec ce qui est jeté à la figure du lecteur (je ne suis pas persuadée que le terme “voyeurisme” soit le bon, en l’occurrence)".

  • Ah, je voulais dire aussi ceci : d'après ce que je saisis des différences France-Québec, il se pourrait que ça explique que L'Extension... ait eu sur moi moins d'effet que pour les Français. Je peux me tromper mais je pense que certaines réalités humaines ici soient moins taboues ou gênantes qu'en France. Ce qui ne m'empêche pas de considérer que la vie n'est pas rose nulle part.

  • Période complexe, Polyphème, mais en même temps enrichissante que d'aller de l'un (Houellebecq) à l'autre (Rohmer) ainsi ! Et d'ailleurs il me semble que les deux souhaitent privilégier des îlots de survie, où le monde actuel, ce fameux "paradis morbide" baisserait enfin pavillon. Leurs fictions ne nous parlent que d'ici et maintenant, de la manière parfois la plus élémentaire ou bien triviale, et pourtant ils nous permettent d'échapper à ce temps. Je vous conseille vraiment le roman "La possibilité d'un île" et puis aussi certains de ses poèmes.

    Merci beaucoup Thierry. Ce que vous dites de la "dialectique française" mais aussi du côté "dandy" de MH est très juste. Sinon, il y a un inspecteur de police bruxellois un peu ridicule dans le film, mais qui est en fait plutôt emblématique du touriste occidental, et qui a peut-être froissé les autorités...

    Merci également gftn. Je suis d'accord avec le lien que vous voyez avec les Bienveillantes, ce "tout dire quoi qu'il en coûte", qui n'en est pas moins pudique d'ailleurs.

  • Votre critique est fort habile, Ludovic, et me donnerait envie de voir le film... si je ne l'avais déjà vu.
    Qu'il y ait eu un certain acharnement médiatique et critique contre Houellebecq réalisateur, admettons, mais enfin il y a eu aussi de la complaisance (je pense à l'article dithyrambique de S.Bourmeau, vraie groupie inconditionnelle à qui Houellebecq rend d'ailleurs hommage à plusieurs reprises dans "Ennemis publics" : un tel niveau de copinage à mon avis les discrédite l'un comme l'autre). Et après tout, qu'importe...
    Je vous accorde deux choses : 1) le film de Houellebecq est tout sauf formaté, c'est en effet un objet étrange, aux antipodes du cinéma français habituel et des codes de la SF ; 2)le choix des décors est remarquable, et participe grandement à cette étrangeté : c'est d'autant plus réussi que, sauf erreur, ce sont des lieux qui existent vraiment, autrement dit comme vous le soulignez, c'est l'étrangeté de notre monde réel que Houellebecq nous donne à contempler.
    Pour le reste, je trouve le film raté, d'autant plus que j'admire Houellebecq comme écrivain, et particulièrement ce roman admirable qu'est "La Possibilité d'une île"... Ce qui m'a déçu notamment, c'est de ne pas retrouver l'aspect satirique du livre. Par exemple, la vision du petit monde médiatique au début du livre, ou encore le personnage du gourou, inspiré de Raël : dans le livre, il est l'objet d'un savoureux portrait qui le ridiculise ; dans le film, rien : c'est une sorte de sage, de prophète tranquille... Ensuite, je trouve Magimel particulièrement terne et insignifiant, en 1 comme en 24. Bref, je ne vois dans ce film que des intentions inabouties, une prétention énorme et boursouflée, et surtout d'un ennui abyssal.

  • Oui, Damien, Bourmeau est quelqu'un d'absolument sans intérêt il me semble. Et si l'on devait juger un écrivain à ses groupies, j'aurais assez peur de ce qu'il faudrait penser de Céline, de Yourcenar, de Nabe...

    Content que nous nous entendions sur vos points 1) et 2), qui me paraissent suffire à défendre haut et fort ce film inactuel. Maintenant il est tout à fait juste qu'il ne s'agit pas vraiment, y compris dans le sens final du propos, d'une transposition du roman, pour des raisons que j'ignore mais qui ont peut-être à voir avec les sentiers extrêmement balisés de la satire au cinéma, sur lesquelsq MH ne souhaitait peut-être pas s'engager.

    Je n'y ai pas vu de prétention en revanche, seulement de l'amertume et de l'espérance, également enfantines.

  • Belle critique en effet...

    J'aime assez le film également, et ça fait effectivement plaisir de voir un film français complètement aux antipodes ce de qui se fait habituellement dans le cinéma français. C'est marrant, moi j'ai eu le sentiment que Houellbecq a pensé à 2001 -pour la construction en grands blocs de temps) ainsi qu'au "Solaris" de Tarkovski, le film d'ailleurs un côté seventies qui n'est pas pour le déplaire (qui, il faut bien en convenir, rappelle certains nanars italiens de ces années là, ce qui confère un charme particulier à cette adaptation). Curieusement j'ai trouvé le film assez émouvant dans sa seconde partie, je trouve que Magimel, dans sa manière de voix-off atone, flottante, comme s'il était sous hypnose, est très bien, très en underplaying, presque absent (et contrairement à Damien, il me semble que la verve satirique est toujours là, dans le ridicule forcé de certains plans, dans le jeu de Patric Bauchau)...enfin bon, un film pas complètement réussi sans doute, mais vraiment étrange, à la fois modeste et prétentieux, habile et maladroit (et à mon sens bien meilleur que son roman Platforme - sans parler de l'adaptation cinéma - qui me semble n'être qu'un mauvais roman de gare...)

    je vois en tout cas que vous êtes toujours aussi iconoclaste!

  • désolé pour les fautes et la syntaxe approximative, j'aurai du me relire, le sommeil fait son œuvre...

  • Merci de votre passage, Jean -Sébastien (et merci aussi, même si cela n'a rien à voir, pour l'entretien avec Brisseau que je viens de lire dans Chronicart, c'est rare finalement un entretien avec un réalisateur où l'on parle cinéma). Oui, pour la construction 2001 (mais je n'ai pas osé la référence tellement écrasante), et ce côté à la fois modeste et prétentieux, qui caractérise bien d'ailleurs, le style littéraire de MH

  • Je dormais et je m'entendais ronfler...décidément je n'aime pas ce style "modeste et prétentieux"

  • Et bien justement, laurence, ils sont rares les films où l'on s'entend ronfler...non, je plaisante !

    Je crois que ce film ne se reçoit que dans certaines circonstances, dans une certaine lenteur, une sorte de transe un peu lointaine (pour ma part, ce n'est qu'à la troisième tentative de vision que je l'ai enfin "accepté")

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