Le monde souterrain du Village en représente la face cachée, avec ses salles circulaires où tout se décide et s'observe, ses longs couloirs qui relient entre eux des réseaux et des hiérarchies, permettant plans et projets. Sa population inattendue, sensiblement différente des villageois qui déambulent en surface, est faite de fous hilares ou en larmes, comme de soldats robotisés agissant sans réfléchir. Ces éléments pourraient alors ne former rien d'autre que la métaphore d'un cerveau, avec sa traditionnelle tripartition : cognitive (la pensée), psychique (les émotions de l'âme) et physique (les instincts du corps). Dans ces conditions, savoir qui est le N°1 reviendrait à tenter de connaître, aux confins de la neurophysiologie et de la métaphysique, qui gouverne et qui pense, c'est-à-dire qui dit « Je » en soi. Y a t-il un esprit distinct du cerveau qui aurait pouvoir sur lui (de surveillance, de contrôle, d'organisation) ou ne sommes-nous que des automates conscients, agissant machinalement, sans libre-arbitre réel mais avec l'illusion d'une volonté entretenue par la conscience de soi ? Les épisodes surenchérissent sans fin sur le principe hiérarchique, du Professeur au Général, du sous-Comité au Comité, du Roi au Juge, des N°2 au N° 1, et le Village nous fait passer habilement de l'allégorie de toute une société à la mise en images de la psychologie d'un individu, avant d'aboutir aux conflits d'hypothèses sur le fonctionnement du cerveau humain.
De la prodigieuse entreprise de Patrick McGoohan aux réflexions de Raymond Abellio, il n'y a, on l'aura compris, qu'un pas : pour se libérer des perceptions faussées de notre moi naïf (et ainsi du piège des sociétés faussement libératrices), il faut toujours qu'une partie de nous-mêmes s'extrait de la sphère sénaire (qualifiée de "structure absolue") qui règle tous nos actes et nos comportements, afin qu'émerge l'homme intérieur, le Je enfin délivré de l'ego, libre de toute immatriculation. "Je ne suis pas ce que j'ai l'impression d'être, énonce Arnaud Desjardins dans Dialogue à deux voies, je ne suis pas Pierre. Mais habituellement, je suis Pierre, je suis solide. La transparence de l'ego, c'est l'expérience que dans le " p ", dans le " i ", dans le " e ", dans les deux " r " et dans le " e " final, il n'y a pas quelqu'un. C'est l'expérience que ce à quoi je m'identifie - cette carte d'identité qui comprend un nom, une date de naissance, une certaine situation sociale, certaines adhésions intellectuelles - n'a qu'une réalité conventionnelle."
Commentaires
Au sujet des gros oeufs mous et blancs qui ramènent les fugitifs au bercail tu dis que quand elles étouffent - sans jamais les tuer - les captifs ils ont une expression horrifiée, mais c'est peut-être une expression de jouissance ! Tout le monde sait que dans les jeux sado-maso les entreprises d'étouffement en provoquant une carence en oxygène provoque l'émoi de nos petites cellules neuronales et un état second très recherché !
Il faut corriger quelques fautes dans mon message précédent envoyé trop rapidement ! Ejaculation précoce ...
C'est très juste cela, le Rôdeur représenterait alors le corps, ses limites (il est le garde-frontière du village), que l'on atteint dans la souffrance et/ou le plaisir (la crispation du visage étant ambigue en effet)
Le Village : un groupe de pervers polymorphes qui ont tous l'air d'innocents aux mains pleines !
Tu remarqueras que c'est une belle anticipation de notre société contemporaine où l'on prétend pourchasser l'obscurité des âmes grâce à la transparence (les caméras dans les rues, les tests adn, la télé-réalité etc) et où l'on ne fait qu'exciter davantage les bas instincts (la dénonciation comme sport national, la castration chimique, les drogues psychotropes etc) !
- La tripartition de l'âme ou du cerveau que vous indiquez, outre qu'elle ne présente pas de caractère scientifique sérieux, n'a rien de "traditionnel". On en trouve une similaire chez saint Augustin, inspirée d'un paganisme quasi antédiluvien, mais du XIIe au XVIIIe siècle, pour prendre un exemple récent, elle n'a pas cours en Occident où on lui préfère des explications plus physiologiques et organiques de l'âme et de l'intelligence, c'est-à-dire une mathématisation moins poussée des éléments. Avant que l'idée cérébrale ne revienne en force à la fin du XIXe, sans doute sous l'influence du développement technologique et de l'usage de l'électricité.
- Or la technologie et le cinéma, c'est bien là tout le problème de votre note ! Comment voulez-vous avoir un discours critique sur l'âme à l'intérieur du cinéma qui est déjà une théorie univoque de l'âme, presque un schéma de l'âme ? C'est l'impossibilité qu'Aristote signale pour le géomètre à penser la géométrie. Vous êtes fasciné, non pas exactement comme iPidiblue par ses bijoux de famille, mais par votre mécanique préférée et, comme un ingénu, vous attribuez au monde les propriétés de l'instrument qui vous est le plus familier. Voyez les frères Bogdanoff, fameux cas de crétinisme médiatique, l'univers a pour eux la forme d'une soucoupe volante. L'humour potache de iPidiplue laisse supposer qu'il croit que les garçons naissent dans les choux et les filles dans les roses, quelque chose de ce genre-là.
"Vous êtes fasciné, non pas exactement comme iPidiblue par ses bijoux de famille ..."
Enfin une phrase compréhensible par un individu de format moyen.
Dis donc si les garçons ne naissent pas dans les choux, j'aimerais bien savoir d'où ils viennent ? Apportés par les lapins peut-être ?
Ô Lapinos qu'as-tu fait de ta bite ? C'était pourtant la promesse de ton baptême.
Il me semble quand même que scientifiquement, la pensée conceptuelle s'établit dans le néencéphale, les émotions dans le paléencéphale, appelé aussi système limbique, et quant aux instincts, ils appartiennent au cerveua dit reptilien, l'archencéphale. Je vous renvoie à Dantzer et la théorie des "trois cerveaux".
les liens avec la Traidtion sont multiples, outre l'ésotérisme abellien, on peut citer Gurdjieff et sa notion de "centres" cérébraux voire votre Nitche préféré, dans "La Naissance de la tragédie" qui envisage plusieurs processus mentaux, les uns "primitifs, les autres "logiques".
Cela dit votre critique et votre allusion au géomètre sont justes : le cinéma mène à tout à condition d'en sortir etc...
- La partition du cerveau indique clairement que la neuropsychiatrie est une théorie de l'âme. Elle se base d'ailleurs sur des expériences de stimulus visuels ou autres qui orientent les résultats dans le sens désiré. Avant même que cette science ne commence, elle adopte le point de vue animiste de l'intelligence comme QI ou potentiel intellectuel.
Personnellement vous pouvez comprendre qu'en tant que matérialiste il m'est impossible de prendre au sérieux des théories qui admettent en outre l'idée (non-expérimentale) d'inconscient, qui revient à intégrer dans une théorie de l'intelligence l'ignorance ou la bêtise, ce qui revient à une notion comptable de l'âme sans doute pratique pour certains, mais, je le répète, pas très scientifique.
La pensée conceptuelle est la pensée émotionnelle par excellence dans la pensée matérialiste, c'est-à-dire quasiment assimilable à l'instinct. La pensée conceptuelle ne permet même pas de distinguer l'homme de l'animal.
Dès qu'on s'écarte trop de la physiologie et notamment des organes vitaux (le cerveau n'est pas un organe vital), on s'écarte de presque toutes les traditions, et elles sont nombreuses, qui, qu'elles concluent ou pas à l'immortalité de l'âme, lient celles-ci non seulement aux capacités intellectuelles mais à la vie humaine, et donc à la mort (J'écrirai bientôt une note pour démontrer que Dante est plus scientifique que Freud, moins primaire dans sa poésie de l'âme.)
- Eh : "Gare ta gueule à récré, Pidiblue !" Signé : le Petit Nicolas.
"le cerveau n'est pas un organe vital" dixit Lapinos.
Ah ! je le savais bien que Lapinos pensait avec sa bite le seul organe vital !
- Sûrement pas un hasard si le cerveau est relié à la bite dans l'animisme freudien. Le véritable "Traité des sensations pédérastiques" qu'est la "Recherche" de Proust permet de comprendre pourquoi.
- Pas très loin cette vieille tapette de Jean d'Ormesson qui déclare préférer la castration chimique à la peine de mort pour lui-même, et sacrifier ainsi son intelligence à sa bite fanée, celle-là ne l'ayant guère entraîné plus haut que celle-ci. Tartuffe conçoit le paradis comme un con ou un cul et le mariage -gay ou pas-, comme un paravent.