Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

DARK STAR

dark-star-1974-01.jpg

Quatre personnages, quatre manières d'être un spectateur. Dès son premier film, Dark Star (1974), John Carpenter dévoile ce qu'il ne cessera plus de décliner ensuite : l'identification des désirs et des effrois de ses héros avec ceux d'un public de cinéma. Du moins de de ce qu'est un public de cinéma, au temps du spectacle permanent et des images sans cesse renouvelées. Comme s'il n'était plus possible de se réferer à des valeurs ou des principes, ni même à des lois, mais que seule notre relation aux formes pouvait encore tenir lieu de rapport au monde.

La virtualisation du monde n'est pas seulement due à son incessante transposition médiatique, laquelle nous le délivre avec cynisme ou dérision, toujours plus simplifié et toujours mieux fardé. Elle tient surtout à ce que, même une fois l'écran traversé, les lieux soient devenus décors et les rencontres programmes. A ce que tout soit violemment pacifié. L'horreur ne manque désormais d'aucun contrechamp. Le crime ne dure pas si longtemps et le bidonville s'estompe déjà. De l'image partout, pour ne plus éprouver nulle part.

Quatre personnages, quatre manières de regarder. Talby, tout à sa fascination sous le dôme de verre à la surface du vaisseau spatial, ne pensant même plus à descendre manger avec les autres, tant le comblent l'immensité de l'espace, ses lumières et ses couleurs, son infini qui jamais ne l'effraye ; Talby, le regard flou et énamouré, se laissant passionnément transporter. Boiler, aimant détruire les planètes dans un grand feu d'artifice, faire se succéder les éclairs et les déflagrations, rester à tout prix dans la claque et le sursaut. Doolittle, faisant exactement de même mais sans l'assumer, saccageant l'univers qu'il ne voit qu'en succession de cibles, non pas simplement pour jouir du spectacle, quelle idée, mais surtout pour se défaire d'une inconsolable nostalgie (le souvenir de...sa planche de surf). Pinback enfin, désireux de donner un nom aux astres qu'il rencontre, attentif aux détails, allant au péril de sa vie dénicher aux quatre coins du vaisseau, l'alien facétieux (qui n'est littéralement rien d'autre q'un ballon de baudruche).

Les images à n'importe quel prix, même en toc, surtout en toc, plutôt qu'un lieu à habiter, qu'une rencontre à façonner. Les images, ou comment donner de nouveaux atours à son irrémissible solitude, comment se délester de soi en douceur, par la ravissement du regard et l'érudition névrotique... Si le premier film de John Carpenter a bien une ambition, et l'oeuvre qui va suivre n'en déviera d'ailleurs plus, c'est bien celle-ci : rendre le nihilisme désespérément ludique. 

image_bonus_A_1203155412.jpg

Lien permanent 5 commentaires

Commentaires

  • Comment se fait-il qu'il soit de la même génération que George Lucas mais qu'il n'a jamais eu un succès comparable à sa saga intergalactique ni qu'il fasse l'objet d'un tel culte ? Ceci dit ses petits films sans prétention sont pas mal comme sa "Christine" objet du rêve de tout mâle américain normalement constitué !

  • Joli point de vue, je n'avais pas perçu ainsi les personnages; merci !

  • Des spectateurs extatiques, hébétés, et pour finir exterminés.
    Carpenter ou la série B qui pense plus loin que la A.
    On voit ce qui a pu rejoindre vos marottes, Mr Maubreuil.
    Good Job, dude !

  • Par rapport au sucre de Lucas, Carpenter est quand même trop aigre pour le palais des enfants, iPidiblue.

    Bienvenue, Félix !

    Merci de votre lecture, Mr Begood.

  • Le palais de dame tartine ? Quoi la victoire de Disney contre Tex Avery ? Whoouuuuuu ....


    P.S Chez Avery les gonzesses sont des gonzesses et les loups très méchants, pas de théorie du genre et de gentil faon à la Bambi !

Les commentaires sont fermés.