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ALTERMONDE

 

western italien, sergio leone, sartana, le jour de la haine, giovanni fago

 

« J’étais le père du genre et n’ai eu que des enfants tarés », a pu dire Sergio Leone, qui après sa trilogie des dollars, a vu proliférer des films reprenant ses thèmes et ses figures, parfois sans grande finesse ni maîtrise, jusqu’au marasme des Trinita avec Terence Hill. Le jugement est cependant bien sévère car le western italien, profondément anarchisant et très éloigné du monde en noir et blanc d’Hollywood, dérivant parfois vers une sorte de nihilisme aristocratique, avec ses héros-dandys cheminant au milieu des ruines morales d’un Ouest de violence et de corruption,constitue avec ses nombreuses oeuvres de qualité, un genre cinématographique à part entière.

 

Parmi ceux sortis ces derniers mois chez Artus, deux sont absolument remarquables. Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera (1970) de Giulanio Carmineo, pousse ainsi sa logique désabusée jusqu’aux limites, montrant les uns après les autres, ses personnages emblématiques en cours d’avilissement, tous gagnés par la névrose de l’or, du banquier au shérif, de la belle héritière à l’immigrant chinois, de l’entraineuse de saloon…à Sartana lui-même, vengeur solitaire et manipulateur. Mais le plus beau est sans doute Le Jour de la haine (1968) de Giovanni Fago, crépusculaire duel fratricide sur fond de guerre de Sécession, avec ses villages-fantômes, ses armées en déroute et ses trahisons en tous genres. Ce film qui jamais ne relâche sa tension ni n’allège son atmosphère, condamne sans équivoque un monde ayant perdu jusqu’au respect de la parole donnée.

 

Avec leur sens du rythme et leur exigence formelle, leur violence graphique toujours ressaisie dans un découpage au cordeau, leurs bouleversants flashbacks sur l’amour enfui ou l’enfance perdue, les gialli, les péplums, les polars et les westerns tournés dans l’Italie des années 60-70, sont tout simplement l’honneur du cinéma populaire.

Lien permanent 14 commentaires

Commentaires

  • Oui cela en dit long sur l'Italie de ces années-là !


    P.S Ludovic je ne vous reconnais plus dans cette basse attaque contre Trinita ! L'apocalypse selon Saint-Trinita ... cela vaut bien Coppola et cela me fait davantage rire.

  • Je préfère de très loin Sartana. (mais les derniers Coppola, tout comme les oeuvres de ses descendants, peuvent aussi faire rire)

  • Ces westerns italiens constituèrent également une excellente surprise pour moi et je souscris entièrement à votre phrase de conclusion. Ce cinéma populaire (surtout italien) est un territoire en friche qui mérite d'être exploré de manière plus profonde.

  • Il va s'en dire que j’applaudis des deux mains. J'aurais aimé trouver la phrase de conclusion.

  • Et j'ai l'impression que plus on creuse, plus on s'émerveille !

  • Le western spaghetti était extraordinaire !… Célinien !… À des années-lumières de John Wayne !… Qu'il soit tombé dans la vulgarité, c'est la règle de tous les genres quand ils deviennent populaires.
    Je m'étonne qu'il ne soit pas question de la série des "Sabata" avec Lee Van Cleef, remarquables d'ironie.

  • Jacques Lourcelles reviens, ils sont devenus fous!

  • John Wayne était le Père-la-Gagne du cinéma américain : il ne réfléchissait jamais trop longtemps avant de tirer alors que les héros du western spaghetti se regardent longuement dans un miroir, deviennent sales et finissent morts. C'est le défaut de l'Inquisition : ça abime les corps.

  • De Sabata à Lourcelles, il y a sûrement des liens : par exemple le laconisme stylé des sentences expéditives !

  • "Sartana, si ton bras gauche te gêne, coupe-le!"

  • "Si tu n'aimes pas John Wayne, ferme les yeux !"

  • Comme dirait le Duke, "That'll be the day". Étant un des rares équilibristes entre Ford et Corbucci, j'ai toujours trouvé dommage qu'on les oppose. Tous les grands italiens ont sucé le lait des classiques américains. Wayne a beaucoup capitalisé sur son mythe, mais chez Ford, Hawks et quelques autres ("Angel and the bad man", n'est ce pas Christophe) il est à des années lumières de son image d’Épinal. Sans Ethan Edwards, il n'y a pas de Django.

  • Comme je le dis souvent : Il faut économiser le temps de télé disponible pour écouter des conneries ; j'ai déjà un Zemmour sur le feu qui n'en peut plus d'être sur la sellette de la gloire et qui s'en prend maintenant aux poils pubiens d'Hélène et les garçons comme un puceau surexcité de 50 berges !

  • Bonne semaine à vous, merci de nous enchanter, Pascal.

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