Tickets est une heureuse surprise. Tout d’abord parce que ce film à sketches prend en effet soin de ne pas se contenter de donner un cadre géographique aux cinéastes convoqués, mais propose, puisqu’il s’agit d’un voyage en train, un lieu qui soit aussi l’expression d’une durée, celle qui permet de relier entre eux des instants et des espaces. Des blocs de temps cousus ensemble ou plutôt découpés selon un rythme qui les fait gagner en ampleur, des plans creusés par le temps qui les modifient en les habitant : le train en mouvement est justement la métaphore même de ce que peut être un film, une distance dirigée vers un but, dans une forme qui conquiert l’instant, tandis que ses segments articulés entre eux en fonction de leurs antagonismes ou de leur complémentarité, la tension née de l’appariement de plans ayant chacun leur identité propre, révèlent également sa nature politique.
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