LE PIED-DE-NEZ PERMANENT
Les fantômes du chapelier, de Claude Chabrol
D'abord, ils le voulurent à jamais comique, pirouettant dans le décor et claquant les portes en étouffant de petits rires, en parade colorée et en défilé militaire, plein d'agrément : il devint grave, errant sans fin derrière des proies trop accessibles, des victimes énamourées, l'oeil mort au moment du crime, le soliloque imperturbable et le regard en biais, assassin des dimanches de pluie.
Ils le voulurent alors tragique, déclamant sans aménité des sentences et cachant ses vices sous des imperméables blancs ou de petites moustaches tristes : il bifurqua vers la plaisanterie moqueuse, l'ironie poétique, la grimace enfantine.
Pour avoir la paix, ils le définirent cynique et insolent, extrême-individualiste : il se changea en philanthrope tout azimuth, à la guerre, à la montagne, à l'hôpital, à la ferme.
Ils ne l'ont jamais tenu.
Rien ne va plus, de Claude Chabrol
Commentaires
C'est ce que j'admire chez lui!
Au fait! Je vous remercie de commencer par Monsieur Martinet...
A moins que "le plus grand cinéaste ....." ne soit pas votre tasse de thé.)
Bel hommage. Vous allez pouvoir affuter votre clavier, c'est une bien sombre semaine.
Antonioni et Bergman ont déjà leur statue, ce sont des Artistes, mais Serrault, saltimbanque, aux yeux des cuistres ne les vaut pas. Alors, merci de penser à lui en premier.
Il y a dans le "Silence" ou dans les "Fraises sauvages", des moments merveilleux, Isabelle, mais je partage ce que dit Laure L (toujours aussi hardie) quant aux statues déjà ripolinées. Merci Vincent, oui il y a de bien mornes semaines...
Il n'y avait là aucun sous-entendu de ma part, croyez-moi!
Une belle épitaphe que celle-là : "Ils ne [m]'ont jamais tenu."
Oui, élégante, je la veux aussi !
Bergman, Antonioni, Serrault ... l'éphémérité immortalisée sur pellicule.
Je le sais bien, Isabelle, d'autant que votre hommage pictural à Bergman est très beau.
Ne soyez donc pas morbide Marie-Danielle, vous attirez Teguenon (je suis heureux de vous retrouver).
Kate, reviendrez-vous à l'éphémérité des Circonvolutes ?
Alors les réacs merdeux, on préfère Serrault à Antonioni ? Vous avez bien tout compris, minables !
Ludovic, I would prefer not to.
C'est bien dommage Kate, mais nous nous contenterons alors de votre présence attentive en commentaires sur plusieurs blogs (je dis nous parce que je ne suis pas le seul à regretter vos textes)
(dites-moi antibeaufs, vous n'êtes pas réels, n'est-ce pas ?)
Ludovic, êtes-vous sensible aux bandes sons de Bergman?
Oui, et les transitions énigmatiques mais fluides de ce premier quart d'heure du "Silence" sont splendides.