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Les promesses de l'ombre, de David Cronenberg

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Lolita, de Stanley Kubrick


S'il est possible de ne pas croire une seconde au personnage joué par Viggo Mortensen dans le dernier Cronenberg, alors même que les autres personnages malgré leur outrance codifiée, appliquent à la lettre une bipolarité des plus communes dans le cinéma de genre voire dans le cinéma tout court (le patriarche mafieux, débonnaire et dangereux ; la femme médecin, fragile et pugnace ; le chien fou, sensible et violent), c'est autant par la fausseté de son attitude, à la fois séductrice et maniérée, hors-genre, que du fait d'une mise en scène qui n'envisage les décadrages discrets (pas trop quand même, il faut rester propre), que
dans l'unique but de le présenter.
Il semble même que chacune de ses scènes, toujours à la limite de l'incongru, soit une scène de présentation (de son character) ainsi que d'exposition (de son corps), une sorte d'aphorisme visuel qui le caractérise mais surtout l'enferme dans des stéréotypes divers. Cronenberg le fait ainsi rapidement sortir du processus fictionnel pour l'installer ostensiblement comme matériau, comme hypothèse d'école, malléable à merci, à la manière d'un toon pour adultes égaré et virevoltant, comme tout droit sorti d'une publicité de Jean-Paul Gaultier pour parfum masculin.
S'il donne ici ou là, machinalement, des gages à la tragédie familiale façon Gray ou à la paranoïa loufoque à la Polanski, Nicolaï, ses tatouages en témoignent de manière redondante, n'est qu'une image, particulièrement vulgaire, profane même, que l'on peut zébrer à satiété (alors que lui offre une image pieuse au moment le plus inattendu), c'est-à-dire un objet de désir forcément inassouvi, une virtualité qui ne peut que décevoir quel que soit le bout par lequel on la prend, une énigme sans code à déchiffrer autre que sa propre constitution sans cesse réinventée.
Elle est le cinéma de Cronenberg, qui s'imaginant impoli, mêle (greffe) les genres impurs et les formes violentes sans jamais aboutir cependant à de l'hétérogène ou du différencié, à de la mise en perspective scandaleuse, mais toujours à du lisse, de l'homologué, de la subversion sans aspérité, moderne en tous points. Et ainsi l'homme brutal et appremment sans affect, dont les tatouages ne sont pas un historique mais une simulation, s'avère n'être qu'un policier infiltré, qui plus est plein de sollicitude.
Ce personnage, cette image, ce cinéma ne peuvent véritablement être percés à jour, pénétrés, puisqu'ils n'offrent aucune prise malgré la sidération qu'ils encouragent. Ils sont la sphère chatoyante à l'intérieur de laquelle chacun voit ses désirs se réfléchir : un mafieux de confiance, une icône gay, une réflexion sur les transmutations corporelles et éthiques ; tout ce qu'elle ne contient en fait pas, mais présente bruyamment en devanture.
Les autres personnages comme le spectateur peuvent alors toujours tenter de les modeler à leur idée, de les interpréter, de leur faire rendre gorge, leur évanescence, leur silence, leur absence n'en sont pas moins intolérables. Comment ne pas penser ici à la Lolita peinte par Kubrick, riche de possibilités qu'elle est bien incapable d'assumer, projection mentale sans consistance réelle, sans véritable enjeu ?

Lorsqu'une image ne vous touche pas, il faut sans cesse la retoucher.

Lien permanent 23 commentaires

Commentaires

  • Ah! Vous avez trouvé une photo où vous êtes bien peigné !

  • Bien alléchant ce parallèle !

  • Dois-je avouer, cher Ludovic, que je n'ai franchement pas aimé "A history of violence", que je trouve très surfait ?
    Viggo est beau, certes, mais suffit-il d'avoir une gueule, comme on dit, pour se faire traiter par une certaine presse condescendante, de "bon acteur" ?

    Et où sont les formidables "préchés de chair" de Cronenberg ? Ses non-dits d'aujourd'hui en disent vraiment moins que sa plongée viscérale dans l'Existenz, que la descente au centre de la chair de Crash. Plus de Faux-semblants, David, du tordu, du pur, du (vraiment) dérangeant ! Du qui fait mal !

    Bien entendu, j'irai voir Les Promesses de l'ombre. En espérant que ça ne reste pas des promesses.

    Thierry

  • Ce sont ces deux films-là qui devraient s'appeler "la mémoire..." et/ou "la vengeance dans la peau".

  • Nous avons été sensibles, vous et moi, à la même chose, Ludovic, mais vous avez su être beaucoup plus concis et plus clair que moi. Une "devanture", c'est très parfaitement ce qu'est un film de Cronenberg aujourd'hui, et rien de plus. Merci pour ce texte.

  • Cher Ludovic,

    Je sors tout juste du film et découvre votre texte à la brillante analyse.
    Je suis assez d'accord avec vous.
    On atteint ici le post-modernisme ultime où le spectateur n'a plus aucune prise sur l'image qu'il reçoit, malgré le prisme du film de genre.
    Mais contrairement au Lolita de Kubrick qui avait un côté sulfureux à l'époque où il est sorti (et peut-être encore aujourd'hui...), le Cronenberg ne promet plus rien. Il est de l'image pour l'image comme vous l'expliquez si bien. Il semble affirmer la prophétie de Daney sur la mort du cinéma.
    Il signe aussi peut-être métaphoriquement la mort de l'Occident, au bénéfice de l'Est (comme le titre original le laisse entendre : Eastern promises).
    Ce qui est d'ailleurs étrange, sauf erreur de ma part, à aucun moment le titre du film n'est mentionné même au générique final, comme si l'idée même d'œuvre disparaissait au seul profit de l'image, d'une suite d'images sans connexion avec le monde comme l'image publicitaire.

    Au final, je n'arrive pas à savoir si j'ai vu un grand film ou un objet désincarné...
    Connaissant assez bien Cronenberg, j'ai du mal à croire quand même à la deuxième hypothèse, il est bien trop intelligent et connaît trop bien les images, pour n'avoir pas mûrement pensé son film.

  • Mais enfin Ibis, de quoi parlez-vous ? Votre oeil de lynx vous joue des tours...
    Thierry, j'attends votre avis, alors...
    Oui, Joachim, d'une certaine manière c'est juste.
    Ah ! Hyppogriffe, moi qui vais chez vous plusieurs fois par semaine, regrettant toujours de ne pas plus vous lire, j'ai manqué votre texte, et ne l'ai découvert que ce matin...heureusement d'ailleurs, il m'aurait sans doute dissuadé d'écrire le mien, tant nous nous rejoignons. Je suis peut-être plus concis que vous, mais vous êtes beaucoup plus précis !
    Vous avez raison sur Kubrick, Phil, c'est au personnage de Lolita qu'il propose que je me référais, et non à son film, aux ramifications multiples qui je crois font défaut chez Cronenberg, ou du moins qui peuvent être évoquées sans être présentes dans les bien nommées "promesses autrement que de manière allusive.

  • Belle note, avec laquelle il semble qu'on ne soit pas d'accord là (http://www.incognit-ho.blogspot.com/). Très intelligente critique aussi chez Hyppogriffe.
    Je me régale.

  • Bon... C'est surement mon navigateur qui m'a joué un tour...

  • Vous l'exprimez remarquablement : ce film exhibe trop ostensiblement son mystère pour être honnête.
    Ce qui m'évoque une réflexion de Godard sur les films des années 70 avec Steve McQueen, qui n'avait jamais besoin de jouer, puisque le contrechamp - un verre de whisky, une grosse bagnole, un type armé d'un flingue, une femme nue - suffisait à donner un sens à son inexpressivité.
    Il serait injuste de placer "Les Promesses de l'ombre" au même niveau que ces navets, mais l'idée est la même, et je crois qu'on a affaire ici et là au même genre de pornographie.

  • Nom d'un décalcomanie (pour rester dans le Cronenberg "prisonbreakien") !

    Hypogriffe, d'habitude vos "sorties" me séduisent par leur intelligence et leur finesse d'esprit...
    Mais là, tout de même, en glosant sur la 'pornographie' des derniers Cronenberg et des "films des années 70 avec Steve McQueen", non seulement vous revêtez gaillardement la caricature, mais vous frisez carrément la bêtise !
    Je suis même étonné que personne ici n'ait épinglé plus tôt l'énormité de vos propos.
    Quand bien même je partage l'avis que Cronenberg est en pleine chute libre artistique, je ne souscrirai pas à cette espèce de jeu de massacre qui pourrait s'appliquer à quantité d'autres tâcherons bien avant le réalisateur canadien.
    Quant à McQueen, vous me faites penser à ce procès fait à l'immense Duke : vous le jugez non à ses performances d'acteur (comment vous croire, à la simple vision de "Papillon", ou à l'insolence géniale du 'gamin' face à la star Brynner totalement décontenancée durant le tournage des "7 mercenaires" ?), mais à l'aune de ce qu'il doit représenter à vos yeux et dont vous ne pouvez visiblement souffrir la compagnie, soit l'"Américain type"; lors que ce dernier, combien de fois faudra-t-il le répéter, n'existe pas. Il n'est qu'une vue de l'esprit. Et d'un esprit passablement tronqué.
    Pour finir, McQueen était de ces acteurs à la présence instantanée, dans le jeu immédiat... une beauté féline insolente, le glossaire complet de la séduction cinématographique sans le moindre effort. Et quand ce foutu physique se mettait à "jouer", bon sang, le monde entier s'arrêtait de tourner. Mais pas toutes les caméras, heureusement !
    C'est précisément là que l'on peut mesurer la différence de classe : là où Viggo surjoue l'impassibilité, McQueen la décline à l'infini.
    Chassez le naturel, il revient au Viggo !

    Thierry

  • Je vous rappelle que je ne faisais que citer Godard.

  • Trop facile, cher Hyppogriffe.
    On ne cite pas impunément !
    Je sais que vous êtes malin. Brisons là : Godard étayait vos dires, tout simplement.

    Salut... dovic. J'en avais oublié de saluer la qualité de votre article.

  • Merci Thierry !

    Votre défense de Steve McQueen (que j'ai si peu vu jouer que je ne saurais ici prendre partie) fait partie de ces envolées cinéphiles, injustes et enthousiastes, passionnées et excessives, que j'apprécie...

    Comment jugez-vous ce Cronenberg (qu'Hyppogriffe a déconstruit bien plus radicalement chez lui que dans le commentaire ci-dessus, je vous invite à le lire)?

  • Je parlais du Viggo tant porté aux nues de"History of violence".
    Pas encore vu "Les promesses..." malheureusement (?). Mon blog n'avance plus d'un iota, je déplore mon manque de temps et ma paresse légendaire.

    J'ai pris fait et cause pour les journalistes qui défendaient passionnément (et, partant, injustement) des films et acteurs-trices. J'en ai gardé des scories, bien que quelques ré(d)acs (petits) chefs aient tenté de "lisser" ma plume.
    Content de votre remarque. Je croyais que je ne faisais plus que verser dans la navrante, bienveillante et ronronnante neutralité ambiante (allitération pleine de "ante"-ise !).

  • Cher Ludovic, votre cécité, à propos de Cronenberg, ne cesse de me surprendre (l’idiot hyppogriffe, lui, ne me surprend guère : non seulement il n'a absolument rien compris au film, mais encore son texte témoigne d'une fatuité et d'une vacuité sans égales... Et dire que ce type se targue d'écrire sur le cinéma... Brr...). Son cinéma se voudrait subversif, impoli ? Ah, mais c’est vous qui le dites ! Vous confondez les films et leurs commentateurs. Même ses œuvres les plus « sulfureuses » (Crash par exemple) évitent comme la peste la provocation gratuite, et témoignent d’enjeux infiniment plus nobles. C’est votre tort (et celui d'hippopotame) de vous intéresser davantage à la bruyante « devanture » qu’à ce qui se trouve derrière. Mais passons sur ce bête procès d’intention. Permettez-moi plutôt de répondre brièvement – pour la forme longue et pour la rigueur analytique, Sébastien Wojewodka s’en chargera dans un texte à venir – aux critiques formulées ici à l’encontre d’Eastern Promises, le très beau film du cinéaste canadien.

    Le personnage incarné par Viggo Mortensen, plus « modèle » (au sens bressonien) qu’acteur, est sans doute le personnage le plus impénétrable, le plus mystérieux de la filmographie cronenbergienne. Son corps n’est pas aphorismes, en dépit du fait que ses tatouages sont censés tout dire de son passé. Au journal de la malheureuse junkie, parfaitement explicite, Cronenberg oppose le corps de Viggo, qui non seulement est indéchiffrable pour le spectateur – comme les cryptogrammes de Spider –, mais qui de surcroît ne saurait représenter quelque vérité du point de vue même des mafieux : rien ne prouve en effet que ses tatouages témoignent réellement de son passé de prisonnier, de la même façon que l’étoile Vory v sakone ne signifie pas que Nicolaï ne serait plus au service d’Interpol. Mais rien ne prouve le contraire ! Simulation, dites-vous ? Donnez-moi une preuve de ce que vous avancez…

    Nous ne savons pas ce qui motive réellement Nicolaï Loujine, le joueur d’échecs – cf. Nabokov – qui patiemment prépare sa défense. Stéréotypes, dites-vous ? En apparence seulement. Ne jamais se fier aux apparences, chez Cronenberg. Spider n’était pas une simple histoire d’Œdipe. eXistenZ n’était pas un jeu futile, et A History of Violence n’était pas une sorte de Jekyll et Hyde moderne. Dans Eastern Promises, les stéréotypes sont encore des leurres, comme cette fin, faussement heureuse, en réalité tragique, et ce à double titre. D’une part, manque à ce simulacre édénique une figure essentielle, le père – dont l’absence est d’autant plus criante que le précédent Cronenberg, A History of Violence, se refermait précisément sur la reconstitution d’une famille entière. D’autre part, le père absent n’est évidemment pas le père biologique, Semyon : il s’agit de Nicolaï, l’homme qui choisit inexplicablement de poursuivre l’infiltration à la tête du clan, s’interdisant ainsi de couler des jours heureux avec Anna (Naomi Watts) et l’enfant. A propos d’infiltration : pour vous Nicolaï « n’est qu’un » infiltré, alors même que cette position est chez lui extrêmement ambivalente, et bien plus subtile que dans les autres films du genre (cf. Les Infiltrés), parce que, voyez-vous, la figure du flic infiltré épouse idéalement l’une des préoccupations majeures de Cronenberg : la lutte du sujet pour son autonomie, pour échapper aux déterminismes biologiques, technologiques ou sociaux. Et c’est là que vous faites erreur, Ludovic. Certes les tatouages, les blessures de Nicolaï nous demeurent indéchiffrables, mais elles ne sont pas pour autant virtuelles. Nicolaï est tout le contraire d’un palimpseste ! L’étoile Vory v zakone qu’on lui tatoue (dans une scène où l’homo-érotisme que j’évoquais est patent) demeurera gravée sur son corps, indélébile. Avec cette étoile, il devient à part entière un membre du clan. Nicolaï est toujours flic, mais il prend le pouvoir chez les gangsters. Chauffeur, il allait là où on lui disait d’aller – et ne se privait pas de s’en servir comme d’un alibi auprès d’Anna. Mais l’intrusion de la jeune femme dans sa mécanique sert de détonateur ; et Nicolaï finit par braver à la fois les flics et les mafieux. Vous l’avez dit : ce personnage ne peut être percé à jour, mais il n’est certainement pas « la sphère chatoyante à l'intérieur de laquelle chacun voit ses désirs se réfléchir »… Il est certes plus facile de déclarer le personnage et le film sans sujet, que de tenter de le cerner…

    Vous écrivez, toujours à propos de Loujine, que « Cronenberg le fait […] rapidement sortir du processus fictionnel pour l'installer ostensiblement comme matériau, comme hypothèse d'école, malléable à merci, à la manière d'un toon pour adultes égaré et virevoltant, comme tout droit sorti d'une publicité de Jean-Paul Gaultier pour parfum masculin ». La première partie de votre phrase ne manque pas d’intérêt - nous en avons parlé plus haut -, même si je ne partage pas votre conclusion. Mais le Nicolaï de Cronenberg n’est justement pas le toon que vous affirmez. Séducteur, bien sûr, maniéré, évidemment – encore qu’avec minimalisme –, mais ce sont là des caractéristiques du personnage, en aucun cas des éléments pouvant servir de critères esthétiques. Je crois, moi, que Nicolaï est terriblement réel - et bouleversant. La fameuse scène du hammam n’est pas qu’une scène d’anthologie, c’est aussi une tentative désespérée, vouée à l’échec, d’échapper à un destin. Cette séquence, couplée à celle de la « présentation », comme vous dites, du corps tatoué de Nicolaï au cours du rite d’intronisation des Vory v zakone, ouvre d’ailleurs des perspectives abyssales. Fait-il le bien ? Le mal ? Chez Cronenberg, la réponse n’est jamais tranchée. Je n’ai pas encore revu le film – cela ne saurait tarder –, mais il y a fort à parier, avec toutes les références bibliques qui y sont disséminées, que Nicolaï soit une figure à la fois angélique et démoniaque – une sorte d’Antéchrist, si l’on veut, mais qui ne serait pas exactement le contraire du Christ (autre personnage christique : le bébé, Christina). Ajoutez à cela – mais c’est sans doute une composante de sa nature luciférienne – la dimension homo-érotique du film, qui concerne principalement Nicolaï/Mortensen et Kirill/Cassel, ainsi vraisemblablement qu’un fort sous-texte freudien, et vous comprendrez que votre allusion aux spots publicitaires est absolument sans objet. Pardonnez l'imprécision de mes propos : ceci n'est qu'un commentaire de blog, pas une analyse. Bref, tout ça n'est qu'hypothèses, impressions pas encore vérifiées mais suscitées par la première vision du film.

    Les réflexions que vous déniez à Eastern Promises sont donc bien présentes selon moi, non pas frontalement, mais souterrainement, du moins pour qui sait lire l’image filmique. David Cronenberg s’avère d’ailleurs, me disait hier soir un ami évoquant votre billet, supérieur à Kubrick, dont la perfection formelle masque souvent une certaine superficialité. Quel cinéaste, aujourd’hui, explore le plus profondément les labyrinthes de l’esprit humain ? David Cronenberg.

    PS : ah, qu'il est amusant de voir le petit plaisir masturbatoire que prennent certains (je ne parle pas de vous, Ludovic) à déclarer nulles des oeuvres qu'ils ne comprennent pas (Inland Empire, Eastern Promises) et à porter au pinacle de navrants navets. Oh, j'oubliais : ils préfèrent détruire, c'est plus dans leurs cordes. Défendre un film exige il est vrai certaine rigueur dont ils sont totalement dépourvus, trop occupés à se contempler le trou du cul.

  • J'attendais à vrai dire sans la moindre impatience, une intervention de ce charmant Transhumain. Fidèle à ses habitudes, il ne déverse ses injures que pour mieux s'en tenir quant à lui aux sentiers les plus battus et rebattus du commentaire "cinéphile", comme on en lit tous les jours dans la presse ciné la plus culcul. "Fait-il le bien ? Le mal ? Chez Cronenberg, la réponse n’est jamais tranchée." Quelle preuve d'extrême radicalité! Quelle démonstration du fait que Cronenberg est celui parmi les cinéastes aujourd'hi qui "explore le plus profondément les labyrinthes de l’esprit humain"! Comme c'est bête, comme c'est creux. Et c'est pourtant le seul passage un peu engagé du commentaire de notre histrion. Pour le reste, il nous ressert ce qu'on peut voir à l'écran ou bien se gargarise de mots ("simulation", "apparences", "simulacres") qui ne prouvent rien du tout. Quand notre obsédé du trou du cul évoque "une certaine superficialité", on voit qu'il sait très bien de quoi il parle.

  • En parlant de séant malodorant, vous exhalez un nauséabond parfum de prétention, Transhumain.
    Il existe des manières tellement plus brillantes d'être insultant.

    Votre rage ne vaut pas un pet !

    Thierry

  • Thierry et higropif, d'argument je ne vois point chez vous. Pour ma part, j'en ai énuméré quelques uns - vous les avez sans doute manqués, faute de temps de cerveau disponible -, sans la rigueur d'une analyse, certes (ça viendra en son temps), mais aucun de vous ne s'est même donné cette peine, préférant ricaner avec vos soeurs hyènes (sauf Ludovic bien sûr, qui sait parfois évoquer un film aimé sans le comparer inutilement à d'autres). Vous n'imaginez pas combien les pitreries pituitaires d'hypophyse sont grotesques. Ca dézingue Cronenberg ou Lynch ou Kubrick et ça se croit malin ! Ca crachouille sur les Inrocks ou les Cahiers, accusés d'abriter de "mauvais critiques", ça se gargarise entre soi, alors que ça n'est pas capable soi-même d'ânonner quoi que ce soit de pertinent, de concret sur un film (alors qu'un Kaganski, c'est tout de même pas mal). Lâchez vos glaires, donc, mais regardez la vérité en face : il suffit de comparer vos productions sur Cronenberg et celles, autrement plus estimables, d'un Grünberg ou d'un Wojewodka, pour saisir que l'infini vous sépare. Franchement, qu'une oeuvre aussi riche que Eastern Promises fasse l'objet de tant de médiocres commentaires, me navre. Pas pu m'empêcher de vous botter le cul.

  • Mon cher Transhumain, je fais partie de ces petits journaleux sans prétention qui n'argumentent que ce sur qu'ils ont vu.
    Si vous m'aviez bien lu un peu plus haut, vous auriez remarqué que je n'ai point encore visionné le dernier Cronenberg. Traitez-moi de jean-foutre, j'agréerai sans sourciller, vu mon étroit lien de parenté avec Alexande le Bienheureux.
    Mais, s'il vous plaît, n'énumérez pas à ma place mes goûts et mes douleurs cinématographiques... Pour atteindre le degré de déception qui m'étreint, sachez que j'ai dû aimer passionnément Cronenberg et Lynch. Et non, leurs derniers opus respectifs ne m'ont pas convaincu, et encore moins, comme vous, "renversé".
    Je ne sais s'il sert d'en deviser avec vous, tant vous semblez sourd à tout ce qui n'émane pas de votre personne.
    Je voulais juste que vous le sachiez.

    Thierry

  • Correction : MON dernier Cronenberg étant jusqu'aujourd'hui "History of violence"...

    Ludovic, désolé de vous encombrer avec mes messages.
    Autre chose, si vous permettez, sans la moindre animosité : je préfère vos écrits aux pensées de J. Sicard.

    Th.

  • Et bien au temps du ronron ambiant de la critique cinématographique, aujourd'hui où tout le monde, à peu près, vénère les mêmes maîtres et se moque des mêmes tâcherons, il est finalement plutôt agréable de voir (re)naître des combats aussi homériques !

    Il me semble quant à moi, que ce sont les thèmes et les images mêmes que brassent Cronenberg depuis longtemps déjà, qui génèrent toute cette série de gloses plus ou moins savantes (parfois ridicule de pseudo-scientisme, parfois brillantes de connexions littéraires et psychanalytiques), bien davantage au fond que sa mise-en-scène ou que le fond du discours du monsieur. Or, la critique la plus brillante qui soit, faisant appel à Lacan, à Anders, à Jünger ou à Sloterdijk ne me fera jamais prendre un film pour ce qu'il n'est pas, tout au plus me renseignera-t'elle sur la culture et les préoccupations de celui qui la rédige...s'il y a bien une constante de la critique post-moderne, et je n'échappe pas à la règle, c'est de voir du sens là où il n'y a que des signes, des sous-entendus, du filigrane, de la complexité, là où il n'y en a pas, ou plus.

    Des signes, voilà ce que Cronenberg sait manier en virtuose : pas un de ses films en effet, sans corps d'une manière ou d'une autre modifié ou mutant, sans identités mouvantes par l'évolution même de ces corps, sans dissociation du réel due au multivers des identités...mais après ? J'ai parfois la désagréable impression que les mêmes critiques élogieuses et érudites seraient produites si un nouveau synospsis de Croneneberg devait paraître, tant celles-ci se passent finalement fort bien de la manière dont le cinéaste articule sa mise-en scène, et de ce qu'il finit par vraiment dire grâce à ces formes. Car enfin, cher Transhumain, vous me parlez d'image filmique et de savoir la lire, mais vous donnez surtout une belle analyse du scénario d'"Eastern promises", illustrant parfaitement ce que je disais sur la sphère à l'intérieur de laquelle chacun voit ce qu'il apporte. Le cinéma de Cronenberg, et d'autres, ne vous servirait-il pas de "lieu" où récapituler certaines positions philosophiques personnelles ? Et sa richesse n'est-elle pas de savoir planter un décor propice aux réflexions sur la nature du mal, l'emprise de la technique, ou que sais-je encore, mais juste un décor, où le spectateur a finalement toute latitude pour extrapoler ?

    Vous parlez d'"Antéchrist", d'"ambivalence", de "perspectives abyssales", mais c'est faire beaucoup d'honneur à un film dénué de sacré (parce que son mystère peu à peu s'évente), d'ambigûité (parce que non, rassurez-vous, "il fait le bien", pas d'inquiétude, même l'oncle est à l'hôtel de luxe et pas au cimetière), de profondeur (parce qu'après tout, si Loujine, "inexplicablement", refuse de suivre la femme et l'enfant, et poursuit son oeuvre de justicier, quoi de plus conforme à la sempiternelle et simpliste image du "poor lonesome cowboy" ?)

    Sinon, vous me parlez d'"homo-érotisme" et de "sous-texte freudien" pour disqualifier mon allusion aux spots publicitaires de Jean-Paul Gaultier. Il me semble au contraire qu'il s'agit bien là, banalement, des sources d'inspirations essentielles de ces créations, en permanence allusives et qui comportent, sciemment, davantage de "clichés" que d'esprit, puisque composées essentiellement d'images idéalisées.

  • Ah, mais Ludovic, ne me faites pas ce procès. Je n'ai que peu évoqué la forme, mais vous aussi, et vos amis également. J'ai une excuse cependant : il ne s'agissait que d'un commentaire sur un blog, écrit après une seule vision du film. Mais je vous l'ai dit : le gros morceau arrive, par Wojewodka. Allez, je file !

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