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CHOSES PUBLIQUES

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Lured, de Douglas Sirk
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En cas de malheur, de Claude Autant-Lara

La modernité, c'est la pornographie de chacun intégrant l'érotisme de masse.
C'est le plaisir accepté lorsque reproductible, honoré puique expliqué, promu parce qu'éventé.
C'est le bien pour tous, ou rien.
La modernité, c'est la piteuse actrice pour adultes, au regard neutralisé, qui se déclare amoureuse face caméra, plus obscène alors que dans une quelconque partie, filmée ou non.
C'est l'échangiste interrompu par la Bourse sur son portable, et remettant son échange à plus tard.
La modernité, c'est l'hésitation devenue taboue, le retrait hué et le filigrane spectaculaire.
C'est l'explicitation intensive de toutes les esquisses, le nettoyage ministériel des ambiguïtés, l'éclairage Philippe Stark de l'alcôve.
C'est le sex-toy au vingt-heures et Brisseau devant la justice.

Lien permanent 14 commentaires

Commentaires

  • Pour ajouter au haut-le-coeur de l'hypocrisie, les "chroniqueurs littéraires" donnent leur opinion ...

    http://didier-jacob.blogs.nouvelobs.com/archive/2006/12/21/brisseau-fin-de-partie.html#comments

  • ..."et Brisseau devant la justice."

    Comme quoi, parfois, la modernité a du bon.

  • Ce texte est la plus juste défense de Brisseau que j'ai lue jusqu'à présent. Merci.
    Mr Carpentier, on peut vous lire quelque part sur les divers affronts faits aux femmes par le monde du X, quotidiennement, au su de tout un chacun ? Si oui, alors votre opposition à Brisseau, à ce qui lui est reproché (je vous le rappelle, avoir filmé des femmes simulant ou vivant un orgasme de leur plein gré, pour peut-être un jour faire de même sur grand écran) a peut-être un sens, sinon, vous n'êtes qu'un petit moderne surtout choqué que tout cela se soit passé loin de la presse people et d'Union magazine, là au moins, cela aurait été homologué !

  • "l'explicitation intensive de toutes les esquisses", c'est bien cela, la fin de notre civilisation, et le passage vers une société réifiée et tout sourire.

  • Ah si Brisseau s'appelait John B.Root, tout le monde applaudirait "ce vécu charnel instillée dans la fiction porno" et l'actrice ne se plaindrait puisqu'elle aurait été prise !

  • Merci du lien Kate : aujourd'hui les loups assurent qu'il s'occupent du troupeau, de la veuve, de l'orphelin et de toutes les morales publiques.

    Sébastien, je vous laisse répondre au Bravache et à Georges.

    Frédéric, "tout sourire" mais avec pas mal de dents cassées et cariées quand même...

  • L'article que nous offre Kate en lien est absolument nauséeux et les commentaires valent leur pesant de bêtise satisfaite (je ne sais pas s'il faut en rire ou être terrifié par ces petits flics toujours vaillants dès qu'il s'agit de lynchage). Mais vous le résumez parfaitement, Ludovic : "les loups assurent qu'ils s'occupent du troupeau"...

  • Ah ! J'étais sûr de provoquer des réactions avec ma petite phrase. Ça n'a pas manqué. Développons.

    Quelques mises au point, d'abord. M. Lebravache, je ne lis pas la presse people, ni Union Magazine (mais je me renseignerai auprès de mon kiosquier). Je me désole de la manière dont le porno instrumentalise ses actrices et avilit, dangereusement à mon sens, l'image de la femme. Je ne suis pas non plus un partisan de la censure.

    Je suis juste un spectateur. Qui a vu les films de Brisseau. Et les trouve affligeants.

    Le dernier surtout, son auto-hagiographie "Les anges exterminateurs", d'une grande pauvreté d'imagination (du point de vue plastique, c'est à peine supérieur à un téléfilm érotique de M6, et encore moins troublant), représente à mes yeux un sommet de faux-culterie.

    Je ne prétends pas connaître toute l'affaire, et si j'en rajoute dans l'antibrisseauisme, c'est par réaction à son récent procès... en béatification (cf. les critiques à la sortie des "Anges exterminateurs", toutes dithyrambiques). En France, on s'agenouille devant l'Artiste, ce Pur Esprit, et on le défend contre le Juge, ce censeur doublé d'un béotien. Pour ma part, quand l'auteur d'une telle tartuferie, où - je le rappelle - il se présente comme un Saint persécuté par des démons femelles qui ont juré sa perte, etun esthète désintéressé dont les seuls défauts sont la trop grande gentillesse et un irrééésistible sex-appeal, se voit condamné pour "harcèlement sexuel", "agressions sexuelles" "avec menace, violence, contrainte", je n'ai pas vraiment envie de voler à son secours.

    Fut-ce pour m'attaquer à une "modernité" dont il me semble participer autant qu'un sex-toy au journal de vingt heures.

  • Que vous trouviez le cinéma de Brisseau affligeant est bien dommage, mais je ne vous convaincrai pas ici, et ne me servirai sûrement pas de ce type d'arguments qui à la suite d'un Antoine de Baecque, assurent que la qualité des films du cinéaste Brisseau sauve l'homme et ses éventuels délits.
    Mais enfin, il faut les voir tous ces petits procureurs de Didier Jacob à Nikos Aliagas qui font mine de s'insurger qu'un homme ait osé demandé à une femme ce genre de choses, alors même que si cette dernière a accepté, qui peut croire une seconde qu'elle l'a fait parce qu'elle était impressionné ou contrainte !!!
    on justement, Brisseau n'est pas assez moderne, il aurait du faire comme Arthur le faisait à la radio, demander en pouffant à ses auditrices de singer un orgasme, ou faire comme Rocco Siffredi, invité partout, avec des petits sourires entendus, c'est-à-dire molester des femmes devant sa caméra, avec leur accord final : Brisseau n'est pas assez fun, ou bien il ne paie pas assez pour faire des femmes ce qu'il veut, il croit encore que lorsque celles-ci se laissent finalement aller au plaisir, plus rien ne compte, alors qu'au contraire, toujours, leur esprit désormais veille.

  • Merci tout d'abord de ne pas verser dans l'auteurolâtrie à la de Baecque. C'est appréciable.

    Et oui, nous sommes d'accord, Brisseau est moins nocif que les industriels du porno - ne serait-ce que parce que son audience est plus limitée.

    Cela dit, certains points de votre argumentaire me font bondir.

    1/ "Si cette dernière a accepté, qui peut croire une seconde qu'elle l'a fait parce qu'elle était impressionné ou contrainte !!!"

    Ah ? Étrange raisonnement. Un patron - c'est un exemple - qui manipule ses employés ou exerce des pressions morales jusqu'à les pousser à la démission ou au suicide serait irréprochable ? Parce qu'après tout, si un pauvre type"accepte" de tomber en dépression, on ne me fera pas croire "une seconde" que c'était parce qu'il a été impressionné ou contraint !

    Je précise encore une fois que je ne connais pas les détails de l'affaire - que je ne trouve d'ailleurs intéressante que par les réactions qu'elle suscite. Simplement, je m'étonne - euphémisme - de la rapidité et de la légèreté (relire votre argumentaire) avec lesquelles certains blanchissent totalement un type condamné pour des faits graves. Ce n'est pas parce que des crétins s'en prennent sans nuance à Brisseau qu'il faut le défendre sans nuance. Quand bien même serait-il un grand artiste*.

    2/ "il croit encore que lorsque celles-ci se laissent finalement aller au plaisir, plus rien ne compte, alors qu'au contraire, toujours, leur esprit désormais veille"

    Vous vous relisez parfois ?... C'est cela, que vous déplorez ? Que "désormais" les femmes ne se laissent plus endormir quand un homme leur fait faire "ce qu'il veut" ? Morale de proxénète, Monsieur Lebravache.

    C'est pour cela que j'ai réagi à ce texte de Ludovic, moi qui me contente le plus souvent de lire et d'approuver en silence : je trouve douteux, voire dangereux, de jeter certains progrès avec l'eau du bain de la modernité.


    *Pour ma part, je persiste et signe : un type capable d'infliger à ses spectateurs un plaidoyer pro-domo aussi grotesquement complaisant que "Les anges exterminateurs" est un imbécile, une ordure, ou les deux à la fois. Qu'on le prenne pour un spécialiste du plaisir féminin, alors que ses films se contentent d'aligner des clichés et fantasmes typiquement masculins (ah ! les scènes saphiques !...) constitue pour moi un mystère... impénétrable.

  • Comme le demande Sébastien, je pense en effet qu'un peu de nuances et de mesure seraient les bienvenues.
    Le Bravache pointe avec justesse il me semble, l'hypocrisie de certains cris effarouchés, quand juste à côté, sur le plateau ou le blog d'en face, le porno est fêté avec des côtillons et et le rituel "il n'y a pas de mal à se faire du bien". Mais près, sur la conception des femmes, du plaisir et du libre-arbitre notamment, je rejoins Sébastien !
    Mais il est vrai que Brisseau semble avoir fait tout cela en artisan, en idéaliste, en érotomane quand il faut aujourd'hui être professionnel, pragmatique et pornocrate. A ma connaissance, les jeunes femmes castées avec une violence inouïe dans toute une série de franchises pornos ne viennent pas devant les tribunaux, ne serait-ce que parce que c'est le casting lui-même et ses péripéties, qui devient l'"oeuvre" ; chez Brisseau, tout ce secret, et pour rien en plus, ne mérite que les huées.

  • "Chez Brisseau, tout ce secret, et pour rien en plus, ne mérite que les huées." Je m'explique mal cette dernière phrase, Ludovic, dans le contexte d'un Brisseau "artisan, idéaliste, érotomane". Pourquoi l'idéel mériterait-il sanction réelle? N'est-ce pas ramener l'idéalisme à un réalisme décrié? N'est-ce pas là vider le secret de tout son imaginaire et le rendre ... plat, commun, public? Qu'on n'aime pas l'art ou l'esthétique de Brisseau est une chose, mais le mettre à l'index pour son art ou son esthétisme me semble bien hypocrite.

  • Kate, je me suis sans doute mal exprimé, car la note au-dessus des commentaires, tout comme mes derniers propos, tentent de défendre au contraire Brisseau ! Etre aujourd'hui idéaliste ou artisan expose aux huées, ce que je déplore.

  • Alors, nous sommes d'accord ... j'ai dû mal comprendre ...

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