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UNE FEMME A SA FENETRE

Lorsque Leonard Kraditor dialogue avec sa voisine d'immeuble, de fenêtre à fenêtre, au-dessus de la petite cour, comment se fait-il que je ne pense pas à Rear Window mais à Anna Karina dans le Pain et chocolat de Franco Brusati ?

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Lorsque Leonard danse, envoûté par le charme de Michelle dans la boîte de nuit, avant d’être brutalement ramené au réel, comment se fait-il que je n’y vois pas un « rock dream » mais bien la mélancolie d’un Guédiguian lors de ses attentives scènes de bal ?

Lorsque Leonard hésite entre la femme offerte et celle auréolée de mystère, entre la blonde et la brune, comment se fait-il que je ne pense ni à Vertigo ni à Lynch, mais avant tout aux dilemmes de Léos Carax ?

Lorsque je vois Two lovers de James Gray, comment expliquer que je ne pense pas un instant aux comédies romantiques américaines ou à Douglas Sirk mais aux Nuits blanches de Dostoïevski et à la Nuit fantastique de Marcel Lherbier ?

Suis-je définitivement perdu pour le cinéma hollywoodien ?

Lien permanent 15 commentaires

Commentaires

  • J'adore !

    C'est que vous êtes sensible aux charmes Mittel Europa de James Gray.

  • James Gray : le bon européen de Brooklyn !

  • Je ne vois pas comment je n'ai pas fait plus tôt le rapprochement avec ce court récit de Dostoïevski. Avez-vous vu le Skolimoski ?

  • Une bien large "Mittel Europa" alors, :)

    Je me sens rarement en phase avec les atermoiements des héros romantiques hollywoodiens (à la limite davantage avec les pantins un peu ridcules des comédies), mais ici cela fonctionne, sans être new-yorkais ni juif, et en plus, bien mieux que chez Woody Allen. Je suis en train de chercher pourquoi : pourquoi j'ai l'impression que "Two Lovers" aurait pu être tourné à Lyon. Alors que "Match Point" ou "Scoop" génèrent chez moi de l'intérêt presque entomologique, les films de Gray me forcent à me pencher sur mon propre parcours.

  • Je ne botte pas en touche, mais j'aurais quasiment pu écrire en réponse le commentaire de Pierre !

    Non, Pépy, je n'ai pas pu le voir, mais c'est un cinéaste que j'apprécie beaucoup.

  • Et pourtant, "Match Point" et "Scoop" ont été tournés à Londres ...

  • au sujet de "Nuits Blanche", James Gray a déclaré qu'il s'était précisément inspiré du roman de Dostoievski, vous avez vu juste...

  • Je rejoins parfaitement votre analyse Ludovic. J'ai beaucoup aimé Two Lovers. Il me semble qu'il reigne dans ce film une ambiance qui sonne "authentique", contrairement sans doute au toc hollywoodien.

  • Vous avez raison Vincent, et donc comme Pierre, je cherche encore pourquoi Gray crée des situations et une esthétique qui résonnent et qui me semblent si proches, alors que son environnement culturel, pour aller vite, est si différent du mien, tandis que d'autres cinéastes, même quand ils tournent à Londres ou à Paris, et qu'ils parlent de dilemmes amoureux ou de drames familiaux, me paraissent parler d'un autre monde.

    J'ignorais cela Jean-Sébastien, j'en suis presque déçu !

    Oui Raidho, et même à la qualité française (on peut s'amuser à comparer la manière avec laquelle Leonard porte son anorak, et il est clair qu'il l'a "toujours" porté, avec les vêtements féminins des films de Téchiné ou les casquettes de Depardieu dans tous ces films qui se veulent justement le plus authentiques possibles, au moins dans leurs sous-entendus sociétaux, disposés précautionneusement avant le clap, mais qui ne reflètent aucune réalité.

  • alors vous aussi vous avez aimé ça. J'en suis presque déçu.

  • Je suis désolé de vous décevoir boulgakov. Vous me préférez quand je ne suis pas content ?

  • Pas du tout, j'aurais même envie de dire que votre petit texte montage sur le film est une petite lumière au milieu d'un océan de larmes bouleversées. C'est d'ailleurs assez drôle, les deux seules "critiques" que je retiendrai sur ce film sont des critiques qui font sens en comparant, en peu de mots et de fine manière (selon moi), le film de Gray avec d'autres oeuvres aussi ou plus signifiantes (c'est selon). Vous donc, et Zohiloff qui disait que la preuve du génie de Will Hunting c'est le ratage total de Two lovers. Je crois que c'est là que se trouve la "vraie" critique cinéphile d'aujourd'hui. Enfin, je ne sais pas, c'est un peu définitif, en tout cas c'est la seule qui me touche.
    Ici je suis plus d'accord avec Zohiloff mais j'apprécie votre petit texte.

  • Merci, en tous cas.

  • Je me suis permis de rajouter Bianca de Nanni Moretti à la liste des voisinages possibles (cf mon blog). Fort belle note, quoi qu'il en soit.

  • Oui sans doute vous êtes perdu ...mais la grâce des films que vous choisissez parle en votre faveur...

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