Un chandail déchiré au coude, un livre rangé à l'envers, l'auriculaire replié dans la paume pendant la caresse maladroite : lorsque je repense aux dernières années de mon père, à tout ce qu'il n'a pas su dire, à tout ce que j'ai feint de comprendre, il ne me reste que ces quelques détails visuels, dont la trivialité atténue tout juste l'insistance.
En complet désaccord avec les récents propos méprisants de Depardieu sur Léos Carax, Juliette Binoche ou les grèves, je garde cependant un faible pour ceux qui osent souiller "les mots de coton", novlangue qui colmate et qui panse au lieu de réveiller. Oui, il faut de l'aigreur, du malaise, de la goujaterie, de la stupidité, de la maladresse et de la mauvaise foi contre la douceur obligatoire. Mieux vaut la gueule de bois que la langue.
Je suis bien placé pour parler de Tony Curtis : j'ai été Danny Wilde pendant de nombreux mois au début des années 80... (la preuve ici).
Commentaires
Il est vrai que la médisance, ou même la calomnie, peut être un excellent révélateur des forces en présence et des arguments des uns et des autres. Les "défenses de tel artiste" sont parfois les meilleures manières de faire de la critique (l'éloge dans l'unanimité est au fond un exercice plus périlleux).
"élégants navets de Richad Quine"
comme vous y allez...
Vous avez raison Timothée, mais ce caractère périlleux ne doit pas nous dissuader non plus !
Malgré la provocation, il est vrai, Christophe, que je n'ai jamais partagé l'opinion de mes diverses connaissances cinéphiles qui jugeaient toujours quand nous allions les voir ensemble, et que je m'y ennuyais profondément, les films de Quine "absolument délicieux" ou d'une "audacieuse fantaisie"...
En tous cas, très bon texte sur Curtis dans Causeur (je parle de la version intégrale car moi je suis un abonné, donc un privilégié, moi).
En tant qu'abonné, vous avez même le droit de commenter ici autant que vous le désirez, Pierre.