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Jan Kounen

  • 33

    Jan Kounen a ceci de fascinant qu'il choisit toujours l'allusion la plus appuyée, l'amorce la plus vulgaire, le mouvement de caméra le plus redondant, le découpage le plus gratuit : en ce sens, son adaptation du 99 francs de Beigbeder est une réussite, parfaite illustration, et donc dénonciation, de l'esthétique publicitaire.

    Le cinéma est un art de la dispersion tempéré par le ressaisissement : comment cadrer la multitude sans qu'elle se fane.

    Il a beaucoup pleuré devant les drames de ce film à succès, et puis de retour chez lui, il a repris son visage le plus impassible pour dîner froidement en compagnie d'enfants dénutris et de victimes d'attentats : qui a prétendu que la télévision saurait rivaliser avec le cinéma ?

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  • FACADES ET BRUMES

    L'Euro-cinéma, mélasse réflexive et questionnante, tantôt bourbier intellocrate (Angelopoulos, Moll), tantôt game farceur (Besson, Kounen) ou éducatif (Parker, Jeunet), se reconnaît immédiatement par sa propension naturelle à se délecter d'images réassurées. Il suffit de quelques séquences, d'une dizaine de minutes tout au plus, pour voir s'étaler en toute impudeur l'enthousiasme intransigeant du chef opérateur, la prétention besogneuse du cadre, la programmation machinale, puant le mépris, du montage son.

    C'est du cinéma-concept où l'on travaille d'arrache-pied à faire de lieux communs, de prestigieux sésames ou à soutenir coûte que coûte des révoltes acceptées. Du cinéma où l'ennemi n'a pas de maquilleuse et où le héros, qui semble pourtant s'extraire avantageusement des canons autrefois en vigueur, bénéficie d'amorces affables et de points d'orgue toujours bien disposés.

    Du cinéma où des femmes publicitaires passent comme des spectres doux, jamais incarnées mais toujours salvatrices, créatures pour perruquiers et tailleurs, déjouant toute possession (au moment du coït avec l'héroïne, le fondu au bleu ferme Le Cinquième Element de Luc Besson, la caméra de surveillance du Doberman de Kounen est mise hors-service, la Web-cam volante de Lemming de Dominik Moll n'a plus de batterie etc...). Femmes essentielles qui ne quittent pourtant presque jamais leur cuisine (Mississippi burning d'Alan Parker) ou la piste de danse (L'éternité et un jour d'Angelopoulos), jamais menaçantes sinon en contrepoint, victimes dociles ou mères muettes.

    Du cinéma de façade et de brumes, qui de Schnabel à Becker et de Lady Chatterley à La vie des autres ne propose que des images déjà lues, des plans finis avant que d'avoir été ouverts, des séquences heurtées et pourtant trahies par leur rythme, de la propagande sans ellipses et du temps jamais partagé, devant lequel ne peuvent naître que des pulsions de dévoilement et de ruines.

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    L'éternité et un jour de Théo Angelopoulos

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    Chromosome 3, de David Cronenberg

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