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Alan Parker

  • PARLOIRS

    Dans les parloirs de cinéma,la grille qui sépare est une telle métaphore que les larmes montent aux yeux. Caresses furtives et promesses insensées, regards plantés qui ne cillent même plus, le gardien passe sans un mot.

    L'autre toujours trop loin, même au cœur de l'étreinte, même au creux des souvenirs mêlés. L'autre qu'on n'a jamais vraiment rencontré. Le champ/contrechamp qui s'éternise ou s'emballe, des chuchotis sans conséquences, un dialogue pour la forme. Le silence depuis longtemps.

    Un parloir où il n'y a rien à dire, où non seulement tout est joué d'avance, mais où il n'est même plus permis d'en rire. La prison d'un visage, de pommettes un peu trop hautes, de lèvres dessinées. Les mains crispées comme avant un coup, ou comme s'il était temps de regretter.

    Et le gardien, comme un balancier.

    Presqu'à la fin du Trou de Jacques Becker, cette rencontre entre Marc Michel et Catherine Spaak, dont c'est le tout premier rôle :

    "J'ai envie, Nicole, si tu savais comme j'ai envie."

    "Quand tu sortiras... On pourra."

    "Toi aussi, tu en as envie ?"

    Et elle, plus lasse qu'indignée, venant mettre un terme à la discussion : "Tu es bien curieux..."

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  • AME

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    Le cri du sorcier de Skolimovski, Angel heart d'Alan Parker. L'âme de l'autre comme caillou à fracasser ou oeuf à dévorer. La mettre en éclat aigus, coupants, en arêtes vives qui ne concordent plus ; ou bien l'écraser sur elle-même, la réduire en bouillie informe. L'autre comme terrain de jeux où s'ébattre, ou comme reflet à briser. De n'importe quelle façon, empêcher le retour sur soi. Déshumaniser ou rendre pareil au même. Un cinéma de heurts et de vacarme où l'on blesse, où le choc tient lieu de rencontre et l'analogie de lien ; un cinéma d'assoupissement où l'on mâche et remâche, puisque tout est déjà dit. Un regard à chaque fois pris au piège, égaré ou éteint, jamais habité.

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  • UTOPIE

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    "Aveuglément : telle est la seule façon élégante d'aimer. Quel reproche peut atteindre celui qui se voue discrètement et totalement à quelqu'un, quel reproche peut atteindre celui qui en est l'objet ? Destination aveugle, tel est le sens des rêves, en idées, en amour."
    *
    "La fin des utopies serait celle des utopies masculines, laissant la place désormais aux utopies féminines. Mais y a-t-il des utopies féminines ? C'est l'homme, naïf, qui sécrète des utopies, l'une d'elles étant justement la femme. Celle-ci, étant une utopie vivante, n'a pas besoin d'en produire. De même, elle n'a que peu de raisons d'être fétichiste, étant elle-même le fétiche idéal."
    (Jean Baudrillard, Cool memories II)
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  • FACADES ET BRUMES

    L'Euro-cinéma, mélasse réflexive et questionnante, tantôt bourbier intellocrate (Angelopoulos, Moll), tantôt game farceur (Besson, Kounen) ou éducatif (Parker, Jeunet), se reconnaît immédiatement par sa propension naturelle à se délecter d'images réassurées. Il suffit de quelques séquences, d'une dizaine de minutes tout au plus, pour voir s'étaler en toute impudeur l'enthousiasme intransigeant du chef opérateur, la prétention besogneuse du cadre, la programmation machinale, puant le mépris, du montage son.

    C'est du cinéma-concept où l'on travaille d'arrache-pied à faire de lieux communs, de prestigieux sésames ou à soutenir coûte que coûte des révoltes acceptées. Du cinéma où l'ennemi n'a pas de maquilleuse et où le héros, qui semble pourtant s'extraire avantageusement des canons autrefois en vigueur, bénéficie d'amorces affables et de points d'orgue toujours bien disposés.

    Du cinéma où des femmes publicitaires passent comme des spectres doux, jamais incarnées mais toujours salvatrices, créatures pour perruquiers et tailleurs, déjouant toute possession (au moment du coït avec l'héroïne, le fondu au bleu ferme Le Cinquième Element de Luc Besson, la caméra de surveillance du Doberman de Kounen est mise hors-service, la Web-cam volante de Lemming de Dominik Moll n'a plus de batterie etc...). Femmes essentielles qui ne quittent pourtant presque jamais leur cuisine (Mississippi burning d'Alan Parker) ou la piste de danse (L'éternité et un jour d'Angelopoulos), jamais menaçantes sinon en contrepoint, victimes dociles ou mères muettes.

    Du cinéma de façade et de brumes, qui de Schnabel à Becker et de Lady Chatterley à La vie des autres ne propose que des images déjà lues, des plans finis avant que d'avoir été ouverts, des séquences heurtées et pourtant trahies par leur rythme, de la propagande sans ellipses et du temps jamais partagé, devant lequel ne peuvent naître que des pulsions de dévoilement et de ruines.

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    L'éternité et un jour de Théo Angelopoulos

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    Chromosome 3, de David Cronenberg

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