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  • FILIGRANE

    "La plupart des réalisateurs et les trois quarts des gens qui recoivent des récompenses à Berlin ne manient la caméra que pour exister, et pas pour voir ce qu'on ne peut pas voir sans caméra. De même qu'un scientifique ne peut pas distinguer certaines choses sans microscope. Ou qu'un astronome ne voit pas certaines étoiles sans téléscope". (Jean-Luc Godard, Die Zeit, entretien de Novembre 2007)

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    La captive, de Chantal Akerman

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    The Grudge, de Takashi Shimizu

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  • CHOSES PUBLIQUES

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    Lured, de Douglas Sirk
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    En cas de malheur, de Claude Autant-Lara

    La modernité, c'est la pornographie de chacun intégrant l'érotisme de masse.
    C'est le plaisir accepté lorsque reproductible, honoré puique expliqué, promu parce qu'éventé.
    C'est le bien pour tous, ou rien.
    La modernité, c'est la piteuse actrice pour adultes, au regard neutralisé, qui se déclare amoureuse face caméra, plus obscène alors que dans une quelconque partie, filmée ou non.
    C'est l'échangiste interrompu par la Bourse sur son portable, et remettant son échange à plus tard.
    La modernité, c'est l'hésitation devenue taboue, le retrait hué et le filigrane spectaculaire.
    C'est l'explicitation intensive de toutes les esquisses, le nettoyage ministériel des ambiguïtés, l'éclairage Philippe Stark de l'alcôve.
    C'est le sex-toy au vingt-heures et Brisseau devant la justice.

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  • CAPITALISME ?

    Je vous propose aujourd'hui un texte de Jacques Sicard sur "Les promesses de l'ombre" qui pointe la dernière mutation à l'oeuvre chez Cronenberg :


    Longtemps, l’homme de Cronenberg eut quelque chose du faune : poitrine glabre et cul de bouc ; sa mutation, limitée à l’organique, maintenait fût-ce péniblement le même dans l’autre, conservait une dissemblance essentielle entre eux et d’abord par le moyen du langage. Longtemps, la phrase de cet homme ancien, comme n’importe quelle phrase, s’écrivit à côté des choses, fausse jumelle, même au comble de sa banalité, c’est-à-dire à son degré le plus haut d’intimité avec elles. Il n’était pas, ce fendu, ce divisé, cet homme au rat, commode à vivre.

    Mais la politique carnée de l’auteur de Faux semblants, parce que politique, devait fatalement recouper un jour la gestion fanatisée des affaires, et ainsi passer de la mutation physique à la transparence totale, à la libre circulation de toutes les qualités à travers tous les états unifiés de l’être (par exemple, non pas le bon et le mauvais, qui est tension, mais le bon dans le mauvais ou l’inverse, qui est collaboration) bref, une sorte de capitalisme ontologique ;

    passer du mot qui « est la mort de la chose » au tatouage qui l’exalte, à la peau comme page d’écriture, à la peau vivante comme page d’écriture non-symbolique, autrement dit qui ne la brûle pas, ne la brûle plus, mais dont la gravure vassale au contraire fait la publicité de l’empire du corps ; passer de l’homme au rat au roi des rats.


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    Les promesses de l'ombre, de David Cronenberg
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    Photographie de Jean-Baptiste Mondino

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  • TACT

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    Les promesses de l'ombre, de David Cronenberg

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    Lolita, de Stanley Kubrick


    S'il est possible de ne pas croire une seconde au personnage joué par Viggo Mortensen dans le dernier Cronenberg, alors même que les autres personnages malgré leur outrance codifiée, appliquent à la lettre une bipolarité des plus communes dans le cinéma de genre voire dans le cinéma tout court (le patriarche mafieux, débonnaire et dangereux ; la femme médecin, fragile et pugnace ; le chien fou, sensible et violent), c'est autant par la fausseté de son attitude, à la fois séductrice et maniérée, hors-genre, que du fait d'une mise en scène qui n'envisage les décadrages discrets (pas trop quand même, il faut rester propre), que
    dans l'unique but de le présenter.
    Il semble même que chacune de ses scènes, toujours à la limite de l'incongru, soit une scène de présentation (de son character) ainsi que d'exposition (de son corps), une sorte d'aphorisme visuel qui le caractérise mais surtout l'enferme dans des stéréotypes divers. Cronenberg le fait ainsi rapidement sortir du processus fictionnel pour l'installer ostensiblement comme matériau, comme hypothèse d'école, malléable à merci, à la manière d'un toon pour adultes égaré et virevoltant, comme tout droit sorti d'une publicité de Jean-Paul Gaultier pour parfum masculin.
    S'il donne ici ou là, machinalement, des gages à la tragédie familiale façon Gray ou à la paranoïa loufoque à la Polanski, Nicolaï, ses tatouages en témoignent de manière redondante, n'est qu'une image, particulièrement vulgaire, profane même, que l'on peut zébrer à satiété (alors que lui offre une image pieuse au moment le plus inattendu), c'est-à-dire un objet de désir forcément inassouvi, une virtualité qui ne peut que décevoir quel que soit le bout par lequel on la prend, une énigme sans code à déchiffrer autre que sa propre constitution sans cesse réinventée.
    Elle est le cinéma de Cronenberg, qui s'imaginant impoli, mêle (greffe) les genres impurs et les formes violentes sans jamais aboutir cependant à de l'hétérogène ou du différencié, à de la mise en perspective scandaleuse, mais toujours à du lisse, de l'homologué, de la subversion sans aspérité, moderne en tous points. Et ainsi l'homme brutal et appremment sans affect, dont les tatouages ne sont pas un historique mais une simulation, s'avère n'être qu'un policier infiltré, qui plus est plein de sollicitude.
    Ce personnage, cette image, ce cinéma ne peuvent véritablement être percés à jour, pénétrés, puisqu'ils n'offrent aucune prise malgré la sidération qu'ils encouragent. Ils sont la sphère chatoyante à l'intérieur de laquelle chacun voit ses désirs se réfléchir : un mafieux de confiance, une icône gay, une réflexion sur les transmutations corporelles et éthiques ; tout ce qu'elle ne contient en fait pas, mais présente bruyamment en devanture.
    Les autres personnages comme le spectateur peuvent alors toujours tenter de les modeler à leur idée, de les interpréter, de leur faire rendre gorge, leur évanescence, leur silence, leur absence n'en sont pas moins intolérables. Comment ne pas penser ici à la Lolita peinte par Kubrick, riche de possibilités qu'elle est bien incapable d'assumer, projection mentale sans consistance réelle, sans véritable enjeu ?

    Lorsqu'une image ne vous touche pas, il faut sans cesse la retoucher.

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  • FAUSSES FENETRES

    Il fut un temps où ce que l'on croyait avoir vu comptait moins que ce que l'on désirait voir, où les faits forcément mensongers avaient moins d'importance que les rêves toujours neufs.
    Et puis, vint le temps des pisteurs, de ceux qui à tout instant élucident. Il fallut à leur suite croire aux nouvelles, faire rendre gorge au moindre plan, pénétrer au fond du champ, là où la trappe enfin coulisse.
    Tout y était sans bavure, et sans plus la moindre échappée.

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    Le silence, d'Ingmar Bergman

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    Première désillusion, de Carol Reed

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  • PREDATION

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    "De conin, qui signifiait lapin en vieux français, mais désignait également le sexe féminin, ne demeure que le con. On a remplacé lapin par chatte. Le sexe est devenu carnivore." (Roland Topor, Pense-bêtes, 1993)

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