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  • APRES L'HISTOIRE

    Le couple et la famille représentaient le dernier îlot de communisme primitif au sein de la société libérale. La libération sexuelle eut pour effet la destruction de ces communautés intermédiaires, les dernières à séparer l’individu du marché. (Michel Houellebecq, Les particules élémentaires)

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    Après avoir entendu aussi bien les louanges d’avant Extension du domaine de la lutte que les cris d’orfraie d’après Les Particules élémentaires et surtout Plateforme, il est assez vite apparu que Michel Houellebecq n’avait jamais été vraiment lu par ceux qui faisaient profession d’étudier ses écrits, lesquels se sont donc successivement crus permis de voir chez ce grand écrivain, qui laisse loin derrière lui les auto-fictions frileuses, les auto-célébrations mornes et les pamphlétaires sans mesure, une forme nouvelle d’esthétiquement correct (comme une sorte de Cioran policé, aimablement contemporain) puis à l’inverse, un mixte bavard de cynisme et de misogynie (tel un Céline qui bénéficierait d’une scandaleuse impunité sociale). Et c’est exactement la même chose qui est arrivée avec son film, La possibilité d’un île, manifestement non vu par ceux qui se sont plaint de « la laideur des décors » ou de son « absence de rythme », l’affublant de l’injure suprême de « série Z », qui révélait sans équivoque non pas seulement leur méconnaissance du cinéma mais surtout leur haine de celui-ci une fois les panthéons bien installés.

    (La suite, ici)

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  • ENFERS

    S'il est encore quelque chose d'infernal et de véritablement maudit dans ce temps, c'est de s'attarder artistiquement sur des formes, au lieu d'être comme des suppliciés que l'on brûle et qui font des signes sur leurs bûchers.

    (Antonin Artaud)

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  • MODERNITE

    A la vision de Dossier secret, on est pris d’une sorte de malaise : toutes les prouesses techniques de Welles sont présentes (changements incessants de focales, d’angles, de point de vue ; variété insolente des mouvements de caméra ; superposition d’étonnants jeux d’acteurs, de décors sur-signifiants et d’une mise en scène qui les passe inlassablement en revue en en épousant les détails et les contours), avec toujours comme but affiché, non de sidérer à peu de frais, mais bien d’éveiller sans cesse l’attention, du moins pour celui qui résiste à la frénésie des formes, frénésie qui agit ici comme un révélateur, soit en engloutissant définitivement le spectateur qui n’a alors plus qu’à se rendre, soit en le forçant à orienter son regard. Oui, mais l’orienter vers quoi ? Il manque en effet à ce film hybride, maintes fois remanié dans le dos de son auteur, un contrepoint à ces carrousels d’images et de sons, un discours sur le monde, celui qui fait tout l’intérêt du Procès, des Amberson ou de Kane, voire de ses adaptations de Shakespeare, car si l’on sent dans ce scénario l’envie manifeste de traiter les thèmes entrelacés de la vanité, de la vérité et du temps qui les juge, cela sonne toujours un peu faux et un peu creux. A l’instar de la plupart de ses œuvres, cette longue quête européenne autour du passé du mystérieux Grégory Arkadin, de Naples à Munich, est magistralement filmé ; jamais cette maestria toutefois, n’aura paru aussi vaine.

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    Avec Le procès en revanche, seul film avec Citizen Kane dont Welles put assurer le montage dans sa totalité, et donc revendiquer la paternité, nous sommes enfin au-delà de la simple virtuosité. Sous ses allures d’essai surréaliste, c’est là l’œuvre au noir d’un siècle coupable, dont les nuisances sont toujours actives, l’un des réquisitoires les plus audacieux et terrifiants qui soient contre la modernité ; et ceux-là se comptent sur les doigts de la main. L’inquiétude née de la profondeur de champ toujours habitée par quelqu’un d’autre, les emballements soudains de la caméra autour des courses-poursuites de K. avec ses juges et ses bourreaux, les chorégraphies imprévisibles de plans-séquences tourmentés où Anthony Perkins, in fine, se retrouve toujours face à lui-même, font en effet ressortir sans appel ni équivoque l’angoisse qu’engendre la société moderne, avec ses solitudes logorrhéiques se côtoyant sans se rencontrer, sa suspicion permanente ne cessant de rôder dans le vide des beaux discours, ses fantasmes réalisés de claustration et son besoin d’absurdité pour mieux vendre la libération prochaine.

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  • SECTEUR

    La maladie d’Alzheimer sert depuis une décennie au moins divers registres de fictions, notamment cinématographiques. Il s’agit en général de petites chroniques nostalgiques sur le temps en fuite, filmées avec toute la bonne conscience doucereuse de la bourgeoisie victimaire, régulièrement fausses dans leur description clinique alors même qu’elles veulent à tout prix dégager le parfum du vécu. Il est des gens qui attachent tant d'importance à leur petit parcours de vie alors même que leur transmission de valeurs est essentiellement financière (cf l'éloquent "Roi et reine " de Desplechin), qu'il leur importe, littéralement, de faire un drame de l'oubli, et de la perte de souvenirs des instants de mélancolie nimbés de philosophie delermienne (Philippe ou Vincent).

    Nicolas Boukhrief est un cinéaste qui fait partie des rejetons de Starfix (Gans, Laugier), génération sans envergure ni initiatives hormis celle de copier/coller sans aucun souci de synthèse ou de résonance, des styles, des thèmes et des ambiances, patchwork cinéphile dont le caractère bis viendrait, on se demande bien pourquoi, sauver la mise, brouhaha formaliste au bout du compte plus insignifiant que déplaisant. Mais c'est justement pour cela que Cortex parvient à toucher juste, en brossant cinématographiquement (gros plans insistants et panoramiques superficiels ; minimalisme des faits et exacerbation de leurs causes et conséquences) l’enfermement d’un patient dans sa maladie comme dans sa clinique, aux décors et aux rythmes également répétitifs. Le héros, ancien inspecteur de police est-il paranoïaque, affabulateur ou bien berné par ses défauts perceptifs, ses failles mnésiques, ses reconstitutions fragiles et suggestibles ? A l'inverse piste t’il vraiment un criminel ? Par cette ambiguïté constitutive, le film dévoile l’ambivalence d’une maladie affectant initialement le cerveau par secteurs, juxtaposant ainsi la lucidité aux errements.

    C'est justement le caractère à la fois fermé, auto-référentiel, codifié à l'extrême, c'est-à-dire pompier de ce cinéma, et dans le même temps son propos débarrassé de toute préoccupation sociale mais paradoxalement encombré de psychologisme intempestif, autrement dit roublard, qui lui permet d'illustrer idéalement les contradictions de cette maladie, jamais propre, toujours dévastatrice, et effrayante justement par son sytématisme et ses stéréotypes.

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  • NOMBRE D'OR

    "Le vrai contact entre les êtres ne s'établit que par la présence muette, par l'apparente non-communication, par l'échange mystérieux et sans parole qui ressemble à la prière intérieure."

    (Cioran, De l'inconvénient d'être né)

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