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C I N E M A T I Q U E - Page 39

  • PARIS HILTON NE VOUS AIME PAS NON PLUS

    A force de voir s'esclaffer les marioles du Show sur la vacuité de Paris Hilton, grande bringue à la voix de fausset gentiment exhibitionniste (mais pas davantage, il me semble, que ces comédiennes payées pour nous certifier au fond des yeux, la lèvre humide, qu'elles valent beaucoup), à force de les entendre s'affoler que cette femme qui n'est rien d'autre qu'une héritière, soit célébrée, comme s'ils étaient autre chose eux-mêmes, ces paladins de l'entregent, que des héritiers, tenant contre vents et marées la barre bien érigée de leur ambition mielleuse, j'ai fini par la regarder.

    Cette femme minaudière et facile est bien la proie rêvée de tous ceux qui brûlent de coucher pour réussir à refuser de coucher, ces humoristes décapants, ces éditorialistes rageurs, ces journalistes impliqués qui savent si bien quand mordre et quand lécher, qui frissonnent d'être interrogés en gros plan par ceux qu'ils brocardent, qui tout autant qu'elle, n'ont rien fait d'autre que de se bâtir une notoriété pour ête célèbre, de se faire connaître pour être reconnu, de créer l'événement pour en être, qui ont patienté pour placer leurs vannes ou leurs papiers, leurs révélations ou leurs aveux au moment opportun, comme elle et ses seins dénudés par inadvertance, ses oublis fâcheux de culotte, ses ébats retransmis.

    Comment se moquer sans être un vrai salaud de ces vidéos verdâtres, où ses rires de gamine mal gâtée s'étouffent sans râle sous les coups de boutoir d'un quelconque abruti tatoué, à la voir consciencieusement imiter, sans se décoiffer ni transpirer, les fellations réglementées des sex-stars de motels en réprimant un baillement, à la voir si frigide et fragile quand un mâcheur de chewing-gum aux yeux plein de bière s'échine brièvement.

    Le problème n'est pas que Paris Hilton ne soit rien d'autre qu'un simulacre, célèbre parce que connu, connu parce que vu, vu parce que montré, mais que les autres spectres face caméra, artificiers de leur propre néant, s'en insurgent. Elle n'est rien puisque l'on peut tout savoir d'elle, elle n'est rien mais a le mérite touchant de ne pas ironiser sur ceux qui veulent à tout prix être quelque chose, ceux qu'Hanna Schygulla décrit si bien dans cette très belle note sur les désarrois de Cannes ("Nous étions encore post-brechtiens, on voulait rendre la réalité légèrement étrange, empêcher l'identification totale. Maintenant, pour les jeunes, la question est de trouver sa place."), ces impétrants qui jouissent si fort de brûler les images qu'ils collectent, cette inqualifiable engeance de candidats.

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    Taxidermia de György Pálfi

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  • FAUX-SEMBLANTS

    Travestie, dédoublée, aguicheuse en victime et séductrice en meurtrière, l'héroïne des années 70 est coupable de sa psychose. Celle des décennies suivantes hérite de ces soupçons mais s'avère innocente et n'est plus redevable que de ses péchés (Basic instinct). Tout aussi manipulatrice mais avec de nobles raisons, celle d'aujourd'hui est récompensée pour ses stratagèmes ou pardonnée de ses errements sans contrepartie (Téchiné, Morel). Le matriarcat est aussi cinématographique

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    L'oiseau au plumage de cristal, de Dario Argento (1970) : la victime est fausse, car le tueur est une femme.

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    Soeurs de sang, de Brian de Palma (1973) : la bonne jumelle est mauvaise , car il n'y en a qu'une.

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  • FACADES ET BRUMES

    L'Euro-cinéma, mélasse réflexive et questionnante, tantôt bourbier intellocrate (Angelopoulos, Moll), tantôt game farceur (Besson, Kounen) ou éducatif (Parker, Jeunet), se reconnaît immédiatement par sa propension naturelle à se délecter d'images réassurées. Il suffit de quelques séquences, d'une dizaine de minutes tout au plus, pour voir s'étaler en toute impudeur l'enthousiasme intransigeant du chef opérateur, la prétention besogneuse du cadre, la programmation machinale, puant le mépris, du montage son.

    C'est du cinéma-concept où l'on travaille d'arrache-pied à faire de lieux communs, de prestigieux sésames ou à soutenir coûte que coûte des révoltes acceptées. Du cinéma où l'ennemi n'a pas de maquilleuse et où le héros, qui semble pourtant s'extraire avantageusement des canons autrefois en vigueur, bénéficie d'amorces affables et de points d'orgue toujours bien disposés.

    Du cinéma où des femmes publicitaires passent comme des spectres doux, jamais incarnées mais toujours salvatrices, créatures pour perruquiers et tailleurs, déjouant toute possession (au moment du coït avec l'héroïne, le fondu au bleu ferme Le Cinquième Element de Luc Besson, la caméra de surveillance du Doberman de Kounen est mise hors-service, la Web-cam volante de Lemming de Dominik Moll n'a plus de batterie etc...). Femmes essentielles qui ne quittent pourtant presque jamais leur cuisine (Mississippi burning d'Alan Parker) ou la piste de danse (L'éternité et un jour d'Angelopoulos), jamais menaçantes sinon en contrepoint, victimes dociles ou mères muettes.

    Du cinéma de façade et de brumes, qui de Schnabel à Becker et de Lady Chatterley à La vie des autres ne propose que des images déjà lues, des plans finis avant que d'avoir été ouverts, des séquences heurtées et pourtant trahies par leur rythme, de la propagande sans ellipses et du temps jamais partagé, devant lequel ne peuvent naître que des pulsions de dévoilement et de ruines.

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    L'éternité et un jour de Théo Angelopoulos

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    Chromosome 3, de David Cronenberg

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  • PARTIR, REVENIR

    Ce n'est pas faute d'avoir essayé, incognito, un certain nombre de plate-formes, mais au bout du compte, au vu de mes définitives carences informatiques, c'est bien ici qu'il me semble simple de continuer à écrire et de continuer à vous lire.
    Retour au bercail donc.

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