La profusion de ces plans d'individus saisis par ce qui les surplombe en contrechamp n'est pas seulement le reflet d'une Amérique hantée par le fantasme de la punition divine ou l'anxiogène souvenir de tours effondrées.
Quels qu'en soient les thèmes et les motifs, cette récurrente figure de style assigne aux personnages comme aux spectateurs leur place : en deçà.
En deçà du récit qui les dispose comme des pions, de la fiction qui les ordonne comme des faits, de la technique mirobolante dont ils sont les faire-valoir ; en deçà de tout ce qui les assujetit pour leur bien, c'est-à-dire pour empêcher leur corps d'exulter à contre-temps ou leur esprit de prendre une distance qui soit autre que circonstancielle.
Définitivement sous le joug chatoyant des formes sidérantes, la seule place qui leur soit, et qui nous soit, réservée.
(Une manoeuvre malencontreuse et non une envie subite de table rase a fait disparaître les notes de l'année 2008)