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C I N E M A T I Q U E - Page 32

  • EPURE ET COLIFICHETS

    Il est des films qui se veulent à toutes forces novateurs, qui le signifient à chaque plan, surenchérissent aux raccords, insistent au découpage. À force de désencombrer, utilement, le cinéma de ses derniers lambeaux de psychologisme, ils en viennent à retrouver, du fait de l’absence minutieuse de structure et de l’absence consenti d’intrigues, les mêmes impasses qu’en son temps le « Nouveau Roman »

    (La suite sur Kinok)

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  • POSITION DOMINANTE

    Question : Vous venez d'écrire : "la domination masculine." Envisagez-vous d'écrire aussi sur "la domination féminine" ?

    Réponse : C'est une jolie question mais ce n'est pas une question pour sociologue. Pour ma part je n'ai pas ce projet. Mais, pour répondre sérieusement, dans domination masculine ce qui est important ce n'est pas le mot masculin mais la relation de domination.
    Parler de domination masculine, c'est dire que l'objet réel de ce travail c'est une relation.


    (Entretien avec Pierre Bourdieu, Forum Fnac Saint Lazare, 1998)

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    La différence des sexes n’est pas non plus la dualité de deux termes complémentaires, car deux termes complémentaires supposent un tout préexistant. Or, dire que la dualité sexuelle suppose un tout, c’est d’avance poser l’amour comme fusion. Le pathétique de l’amour consiste dans une dualité insurmontable des êtres. C’est une relation avec ce qui se dérobe à jamais.

    (Emmanuel Lévinas, Le temps et l'autre, 1979)

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  • REGARDS

    Il y a mille et une manières de définir l’art cinématographique et mille et une chausse-trappes qui dans ce cas attendent l’audacieux qui oserait tenter pareille mise en ordre. On connaît la solution prônée à peu près partout désormais : voir en tous lieux du cinéma, un plan à chaque image, du sens à chaque hors-champ, une mélodie singulière à chaque découpage. L’objectif, conscient ou non, étant bien d’anoblir les oripeaux de la société marchande, de légitimer la publicité et la propagande qui la servent, d’agrandir le territoire avilissant de la médiocratie qui l’honore. Un spot publicitaire, un clip musical, un programme de télé-réalité, n’importe quel moment vécu en même temps que filmé, peuvent alors par la grâce de l’allusion cryptée et de l’invocation cinéphile, devenir sous la plume du critique relativiste, de l’Art ; avec cette majuscule qui rejette dans les ténèbres réactionnaires, ceux qui oseraient encore émettre des doutes sous l’ovation (...)

    (Sur I was a soldier du grand Michael Grisby, la suite sur Kinok)

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  • DECOUPAGE

    Il est d’usage aujourd’hui, pour n’importe quelle scène d’action, de rajouter après coup et numériquement de la vitesse au sein du plan, tout en rendant celui-ci instable par d’intempestifs mouvements de caméra, ce qui voudrait prétentieusement souligner l’incohérence des situations et la polyphonie du monde, mais qui a surtout pour conséquence d’en rendre les motifs proprement illisibles. Cette prolifération de formes sans lien apparaît alors, de la manière la plus paradoxale qui soit, totalement homogénéisée, s’écoulant dans un flux sans surprise ni appui.

    A l’inverse, Kerrigan dans Clean Shaven, ne se sert que d’une alternance de champs/contrechamps à la vigueur peu commune pour donner du sens aux gros plans sur le visage ou le corps de son héros, soudain confrontés à l’environnement menaçant, en inserts ou en plans larges, qui l’assiège. De ce fait, le spectateur, partie prenante de ce chaos sensoriel, endure à son tour la juxtaposition jamais ordonnée mais toujours limpide de segments de sons et d’images, oppressante par leur étrange régularité.

    (La suite sur Kinok)

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  • LEVIATHAN

    Le cinéma ne se contente pas de flatter en toutes occasions l'hyper-Moi et sa mémoire réticulaire, il assure aussi sa reproduction indéfinie. Pantin tressaillant sous les affects, le spectateur-marionnette va au film comme au lit ou au bureau : dans la pleine démesure de sa singularité dévoyée, c'est son narcissisme même qui lui permet de toujours plus s'enrégimenter, et avec le sourire.

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    "Je vois, continue l'observateur d'un monde en voie de désenchantement, une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril ; mais il ne cherche au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance." (Tocqueville, La démocratie en Amérique)

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  • DOPPELGANGER

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    Ne serait-ce que numérologiquement, l'année 2008 était placée sous le signe du double, et cela n'a pas manqué : dédoublements, schizoïdie, faux jumeaux et vrais sosies, couples infernaux et divines idylles, l'emprise du doppelganger était telle que les menaces comme les bonnes surprises, car il y en eut quand même, sont venues de binômes réels ou fictifs, tous plus inattendus les uns que les autres, d'associations de malfaiteurs comme de duos de circonstances, de Janus dominateurs ou d'ombres jalousant leur propriétaire, de duels amoureux et de couples-reflets en plein malentendu (ceci dit, l'amour n'est qu'un malentendu).

    Commencée avec Kerviel et finie avec Madoff, l'année 2008 a surtout montré, au diapason des précédentes, sa puissance de feu, certes à des degrés fort divers, dans l'opportunisme ou la médiocrité, la scélératesse voire l'infamie, ce que nous nous proposons d'illustrer par ces quelques duos (mais attention, un couple intrus s'est dissimulé dans ce désolant florilège...)


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Bonne année à tous !

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  • LES VINGT GLORIEUSES

    A la suite de blogueurs américains, dont la très instructive liste est mise à jour , Vincent nous propose ses 20 actrices préférées (avec Joanne Dru !), suivi d'Edisdead (avec Rossana Podesta !).

    Je ne peux m'empêcher de prendre le relais :

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    Juliette Binoche, pour au moins toutes ces raisons.

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    Donna Reed, ne serait-ce que chez Capra.

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    Ingrid Bergman, ses sourcils relevés, et puis Hitchcock.

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    Sandrine Bonnaire, sa fraîcheur et son regard buté, ses trois premiers rôles.

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    Lucia Bose, son air impérieux, entre Bunuel et Cocteau.

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    Maria Schneider, sa frimousse chez René Clément et Antonioni.

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    Claudia Cardinale, son insolence et sa langueur, Sandra et Jill McBain.

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    Michelle Wild, ses yeux rieurs et violets, son sourire anachronique.

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    Romy Schneider, son implacable beauté, ses quatre Sautet et son Zulawski.

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    Edith Scob, sa fragilité chez Franju.

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    Deborah Kerr, pour son admirable visage immobile, si belle chez Powell.

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    Danielle Darrieux, ses petites manières et son rire, Mme Rosa et la Contesse Louise de...

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    Cyd Charisse, ses traits ingénus et son corps lascif, belle de Moscou à New York.

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    Ingrid Thulin, sa morgue et son éclat, exclusivement chez Bergman.

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    Brigitte Bardot, sa candeur d'avant Gainsbourg.

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    Marilyn Monroe, tous ses âges et tous ses rôles.

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    Anna Karina, sa diction et ses danses.

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    Geneviève Bujold, adorable de bout en bout, de Philippe de Broca à Brian de Palma.

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    Julia Ormond, pour le charme de la Jane Callahan du Barbier de Sibérie.

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    Marie-Josée Croze, sa façon de marcher et de parler, son visage inactuel, malgré tous ses films.

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  • TRAVAIL AU NOIR

    Quatre nuits durant, dans la chambre où il était entré par la fenêtre ouverte pour le chat, quoi qu’il fît en vérité, l’homme mouilla l’un de ses doigts ; quatre nuits durant, il en promena le doigtier de salive sur les lèvres du sexe de la femme endormie ; quatre nuits durant, ce fut aussi doux que la Béatrice au pastel d’Odilon Redon et n’eut pas plus de réalité qu’elle ; car nul besoin d’un mur pour empêcher cette caresse, son effleurement vrai ; quatre nuits durant, malgré une communauté de cauchemar, de désir et de condition, chacun pauvre et nu, le doigt est d’un côté et les lèvres de l’autre ; quatre nuits durant, l’appendice branleur, insomniaque, assassine le marchand de sable, tandis que les nymphes entrouvertes reposent dans le lit du sommeil, ce vieux gardien de l’ordre. (Jacques Sicard)

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  • TROMPE L'OEIL

    Le lecteur peut se demander quelle distinction je fais entre la féminité vraie et la mascarade. En fait, je ne prétends pas qu’une telle différence existe. Que la féminité soit fondamentale ou superficielle, elle est toujours la même chose. (Joan rivière, La féminité en tant que mascarade, 1929, cité ici)

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    Une femme qui a un amant est un ange, une femme qui a deux amants est un monstre, une femme qui a trois amants est une femme. (Victor Hugo)

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  • UNE FEMME A SA FENETRE

    Lorsque Leonard Kraditor dialogue avec sa voisine d'immeuble, de fenêtre à fenêtre, au-dessus de la petite cour, comment se fait-il que je ne pense pas à Rear Window mais à Anna Karina dans le Pain et chocolat de Franco Brusati ?

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    Lorsque Leonard danse, envoûté par le charme de Michelle dans la boîte de nuit, avant d’être brutalement ramené au réel, comment se fait-il que je n’y vois pas un « rock dream » mais bien la mélancolie d’un Guédiguian lors de ses attentives scènes de bal ?

    Lorsque Leonard hésite entre la femme offerte et celle auréolée de mystère, entre la blonde et la brune, comment se fait-il que je ne pense ni à Vertigo ni à Lynch, mais avant tout aux dilemmes de Léos Carax ?

    Lorsque je vois Two lovers de James Gray, comment expliquer que je ne pense pas un instant aux comédies romantiques américaines ou à Douglas Sirk mais aux Nuits blanches de Dostoïevski et à la Nuit fantastique de Marcel Lherbier ?

    Suis-je définitivement perdu pour le cinéma hollywoodien ?

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  • MELODIE EN SOUS-SOL

    Il y a peu, nous vivions le temps où l'on pouvait se rengorger de posséder la superbe anthologie de littérature érotique de Pauvert (alors que quelques décennies plus tôt, personne ne s'en serait vanté publiquement) mais où il était indécent de mentionner certains noms d'écrivains ou de poètes comme Brasillach. Aujourd'hui, nous vivons le temps où Sade est en Pléiade et où le Journal de Goebbels se vend en supérette. Il reste les révisionnistes (mais nous parlons de littérature) et les pédophiles qui décidément rechignent à se présenter à la barre du Spectacle, quoique Tony Duvert, si je ne m'abuse, a bien été publié aux peu clandestines Editions de Minuit. Il reste encore des auteurs ou des livres cependant, qu'il ne fait pas bon mettre sur le devant de sa bibliothèque. Il est facile de s'en rendre compte lors de la visite de connaissances voire d'amis, ou bien de commentateurs de blogs, comme Damien vient d'en faire l'expérience. Sa réponse est d'ailleurs exemplaire, et je fais d'avance mienne sa conclusion ("Ne craignez pas de tels livres. Méfiez-vous plutôt de votre bonne conscience d'honnête homme").

    Ainsi après le grand provocateur du Café, dont tout un chacun pourra par ailleurs s'instruire de la rigueur d'analyse, et le secret Docteur dont la cave est fort bien achalandée, voici quelques oeuvres des recoins peu corrects de ma bibliothèque :

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    Et puis enfin, mais sans image de couverture pour des raisons purement techniques, ce qui ne manque pas de sel, l'Eloge du con. Défense et illustration du sexe féminin, de Gérard Zwang, aux éditions La Musardine.

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  • L'ARME A L'OEIL

    De Télérama au Nouvel Obs, de Libération aux Cahiers, ils sont venus, ils sont tous là. Cela valait bien la peine de se moquer de l'esthétique des "téléphones blancs", ou de s'offusquer de l'éthique du Joel Schumacher d'A time to kill, si c'était pour finir par accepter ça en toute quiétude.

    Le classicisme aussi, est affaire de morale.

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  • GAGNANT GAGNANT

    Une parade chasse l’autre. Le festival de Cannes est toujours pour bientôt. Je me souviens des trois palmes d’or de Barton Fink, quatrième opus des frères Coen, décernées par Roman Polanski, il y a quinze ans de cela. Avec son hôtel kubrickien, ses silhouettes faulknériennes, ses sous-entendus minelliens, ses plans anodins délivrant soudain leur sens caché, ce film sonnait comme un écho lugubre aux fantaisies pourtant déjà mélancoliques d’un Billy Wilder contemplant Hollywood. Les Coen distribuaient alors avec élégance de copieuses gifles à l’engeance du Show et de ses plus ardents producteurs. Attentifs à suivre littéralement le trajet d’un moustique, brûlant sans hésitation leur décor, additionnant les entorses aux logiques scénaristiques les plus éprouvées, ils osaient mettre en abyme la définitive vacuité de leur incontestable savoir-faire technique.

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    Le formalisme enfin devenait inquiet. Bien sûr, grâce à Aldrich, Renoir, de Palma ou Greenaway, nous connaissions déjà le poids de l’artifice et les dangers conséquents de la fascination. Se joignant à ces maîtres en désillusion, les frères Coen parlaient à leur tour, sans avoir l’air d’y toucher, de création et de dévastation, de simulacres auto-engendrés et de systèmes viciés, nous présentant un cauchemar en bonne et due forme.

    Derrière le papier-peint qui anormalement se décollait par endroits, on pouvait toujours, pour se rassurer, chercher les cafards de la fable politique de Romero (Creepshow) ou les maléfices des Mères d’Argento (l’iris peint sur la cloison de Suspiria, le décorum morbide de la maison d’Inferno), tandis que sous l’apparence maniériste de métaphores tendant vers l’abstraction, n’apparaissait in fine à l’écran que l’univers mental d’un tout petit monsieur, Barton Fink, intermittent piteux d’un Spectacle en pleine démesure, à tout jamais gagnant.

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  • PANNE

    Sur la blogosphère, une panne d'inspiration n'est jamais grave, cela permet au contraire de passer plus de temps chez les autres, et d'ainsi lire ailleurs ce que l'on aurait du écrire.

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    Sur l'ahurissant conformisme des professionnels du cinéma qui ne connaissent pas Michaël Powell et qui n'ont retenu de géants comme Aldrich ou Godard que ce que l'on enseigne à l'école, on peut lire ceci.

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