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C I N E M A T I Q U E - Page 35

  • FOIRE A TOUT

    En vrac, quelques perles :

    Le cinéma tourne en rond mais sa vitesse malgré l'habitude nous grise encore, c'est dire où nous sommes tombés, engainés d'absences de toutes sortes.
    La Présence pourtant, c'est à deux pas, sans complications ni affèteries inutiles, encore faut-il oser s'y confronter.
    Il y a des évidences qui à chaque fois qu'elles sont énoncées, émeuvent par le scandale qu'elles recouvrent sans bruit, qu'elles étouffent de banalité ; des évidences qui à bien y regarder pourraient tout aussi bien s'avérer fausses et nous plonger alors dans la perplexité la plus inopérante.
    Car au fond, rien n'est vrai puisque chacun a ses raisons et qu'aucun Bien ne ressort de la floraison des motifs.
    Le brûlant strip-tease de la Femme Fatale n'existe pas plus que le velléitaire Magicien d'Oz : nous dormons.

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  • PARADOXES

    Ce que l'un voit, l'autre le néglige et ce que celui-ci croit avoir imaginé, celui-là l'entretient.

    Mille fois sertie, l'image s'échappe ; infiniment volatile, la forme s'ancre.

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  • INSTANTANE

    L'odeur des carreaux froids et les feux de janvier
    éloignent les chimères. La guerre a commencé
    aux écuries qui sentent la pastille de vin.


    (Michel Marmin, inédit)

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    Lorsque le monde ne connaît plus de frontières et que les lieux deviennent arbitraires, le mot "Heimat" ne rend plus la notion de lieu, mais celle de temps. Si le cinéma ne peut arrêter le temps qui passe, il peut discourir à son sujet. Le cinéma peut être une “Heimat”.

    (Edgar Reitz, auteur de la trilogie Heimat)

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  • EMPHASE ET MELANCOLIE

    A quel moment, la machine a-t'elle commencé à se gripper ?

    Chaque matin était érotiquement semblable au soir de la veille ; la brise fraîche, tout juste parfumée, était la même des semaines durant ; tous les mois après Mai, les oiseaux s'éclipsaient derrière l'érable, sans un bruit de trop. A défaut des lignes de ta main que j'ai jamais su lire, je m'étais attaché des années, sur le duvet en lacis de ton épaule, sans trop d'astuces ni de chiqué, à réinventer ta vie sans que tu en doutes, agrémentant de sentiers de hasards, de chemins de contrebande, de venelles tentantes, les spirales blondes d'un destin facile. Qui a glissé en premier ? Qui le premier a surpris ses plaies en train de se rouvrir, à grands renforts de cris perçants et d'éclats de bois mort ? Qui s'est empressé de nourrir à nouveau ses spectres, à l'aise au milieu de leurs râles, ceux qu'il avait tant craint d'oublier ?

    Le Mal est avant tout un souvenir qui s'éteint, avec sa souffrance devenant indistincte, quand une peine encore vive, dont la précision des détails tout à la fois crucifie et rassure, n'est que du mauvais temps. Je vois encore le rose sous le fard et l'iris sous la taie, je sens encore la tendresse de ta peau sous les couches de suie et les années mortes.

    Lorsque ces images deviendront vagues et ces formes confuses, alors seulement commencera le passé.

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  • L'ANTI-JULES ET JIM

    Godard, la verve et la hargne ; Truffaut, le mièvre et le charme : le second marqua une seule époque quand le premier choisit de se méfier de toutes les autres. A l'un, la reconnaissance du ventre, à l'autre la défiance du mausolée.

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    Bande à part, l’un des plus beaux Godard, encore dans les nuances du gris – et de son lieu électif : la peinture, mêlée d’ombre claustrale, de gravats et de pluie.

    Ces mots qu’au vent noir je sème / Qui sait si vous les entendez. Mais rien ici et là n’a été dit pour être entendu ni compris. Comme un qui enverrait des roses à ses souvenirs.

    Deux hommes et une femme : constellation dépourvue de ciel ; contre-temps : toujours un coeur qui manque à la mesure. Si l’on en faisait un temps à part ? si on ne se léchait plus la pomme ni le cul ? si on transposait ces coups de langue ? si on ne sublimait pas pour autant ? si on vivait par procuration ?

    Ronde tête à couettes d’Anna Karina, lors de la magnifique séquence du cours d’anglais. Lucide et démodée, elle porte en elle (et les porte de la plus pessoenne des façons, c’est-à-dire sans souci d’aucun passage à l’acte) tous les rêves du monde ; et l’on entend la voix impersonnelle du professeur où le Roméo de Shakespeare cherche un poison en vers de onze syllabes pour rejoindre Juliette
    . (Jacques Sicard)

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  • PEEP SHOW

    Avant de prétendre à l'épiphanie d'une rencontre, il vaut mieux s'assurer de la réalité de sa propre condition ; dans cette attente, il est loisible de regarder.
    On n'est jamais que le spectateur de ce que l'on ne peut briser.
    C'est aussi en cela que l'Amérique (ou Hollywwod, ou le libéralisme) nous paraît invincible, donnant trop à voir pour nous laisser la moindre prise, élargissant tant notre champ de vision qu'il devient impossible, face à elle, d'habiter le moindre champ de bataille, ruinant toute dialectique par le règne des personnalités multiples.

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  • RECLAME

    Le tenancier de ce blog, pour des raisons obscures mais en grande partie professionnelles, se doit de quitter la France pour Chicago et pour une semaine.

    Il en rapportera d'impérissables choses vues et de savoureuse piques anti-américaines qui font en général la joie de ses lecteurs les moins regardants, une dizaine de photos à contre-jour du meilleur effet, et souhaitons-le, une plongée sans concession dans quelques salles de cinéma underground.

    Pour supporter cette absence, ceux-ci pourront d'ailleurs prolonger leur lecture en tentant par tous les moyens de se procurer son petit essai, qui vient de paraître chez Alexipharmaque : "Le cinéma ne se rend pas".

    Pour le reste, tout s'écroule et afin de ruiner même les ruines, il ne reste qu'à construire, comme le suggérait Jarry, "des édifices bien ordonnés".

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  • FENETRE MODERNE

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    L'Influent : -Rendez-vous à l'évidence, vous êtes incapable de regarder avec simplicité. Il vous faut toujours une distance, ou au contraire un envoûtement. Vous êtes dans l'impossibilité technique de croiser un regard, y compris le vôtre, car toujours en retard d'une vision, dans l'impossibilité de participer. C'est cela, en somme, être réactionnaire, demeurer dans l'incapacité d'une rencontre, en premier lieu visuelle, parce qu'il vous faut d'abord ressasser celles qui n'ont pas eu lieu. Hors du détachement ou de la fusion, vous restez apeuré. Que craignez-vous donc dans la modernité ? N'a-t'elle pas le pouvoir, enfin, d'aplanir ce qui heurte ?

    Le Réactionnaire : -Au moins, laissez-moi lire. Ce sera ma façon de vous tourner le dos.

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  • FRONTIERE

    "Vous êtes formidable, vous croyez que les gens sont tout bons ou tout mauvais ? Vous croyez que le bien, c’est la lumière et que l’ombre c’est le mal ? Mais où est l’ombre ? Où est la lumière ? Où est la frontière du mal ? Savez-vous si vous êtes du bon ou du mauvais côté ?" (Dialogue entre Pierre Larquey et Pierre Fresnay. Le corbeau, Henri-Georges Clouzot)

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    Localiser la frontière du mal n'a littéralement plus aucun sens, quand il suffit de changer d'angle pour avaliser au grand jour ce que l'on refusait jusqu'alors, ou rejeter dans les ténèbres ce à quoi l'on s'identifiait.
    Derrière les gloses définitives et sous les principes intangibles, se tapit toujours un cadavre, froid, puant mais bien reconnaissable, celui que nous portons en nous, qui atténue chaque déconvenue tout en ruinant l'espoir d'échapper à sa présence.

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  • STATUES DE SEL

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    Quand saurons-nous déjouer ces pièges et ces tristes ruses ?
    Quand accepterons-nous l'idée qu'il ne faut en aucun cas se retourner, que les pleurs, les cris et les chuchotements n'ouvrent que des gouffres, que le regard croisé, attendrissant d'ingénuité, attendrissant de perversité, n'est dirigé que pour soumette ?
    Quand réaliserons-nous que pour une vision de plus d'Eurydice, une simple image, Orphée peut crever, et que toutes ces poupées de chair, sans mémoire ni affect, ne nous veulent en fait RIEN ?

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  • PLIS

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    D’ailleurs en suis-je descendu,
    De tout ces jeux de transparence,
    Ces fruits dans les plis des tissus,
    Qui balancent ?


    (Francis Cabrel, La robe et l'échelle)

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  • LA BORDURE DU CADRE

    Pourtant il lui fallait encore parler, d'abord pour empêcher un effrayant silence, et aussi parce qu'en défendant ces idées qu'il avait rencontrées et qui convenaient si bien à ses vices et à ses faiblesses, il défendait sa peau. (Pierre Drieu la Rochelle, Le Feu follet)

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    Une fatigue de littérature. Si forte, qu’on doit s’appuyer au mur. Non, à l’image du mur. Il n’est pas d’appui plus doux pour le dos, plus accueillant que le cadre d’une image. Où parfois, comme ici, tout s’ordonne, histoire comprise, pour attirer vers le repos de ses bords.

    Une fatigue de matin, quand le bleu colle aux vitres comme une bouche ou un aboiement. Quand tout reste à faire et d’abord, le plus nul. Qu'accusent les voix, les corps, l'ordinaire de la présence humaine. S'en tenir à soi, sans amour pour soi. Il n'est d'ailleurs amour que de la pensée.

    Pensée-système ou pensée-Shéhérazade, aux yeux fermés, faiseuse d'anges ; pensée sans personne, ritournelle et ronde ; roue monochrome, qui tout voit sous les aspects du cauchemar ou du conte de fées. Sa violence qui à bout de fictions un jour se retourne contre elle, est compassion, fraternité, don. Celui de la phosphorescence du feu follet, celui de cette absence de corps attendue dans le suicide. Le don, définitif, de la bordure du cadre.
    (Jacques Sicard, Le Feu follet de Louis Malle)

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  • LA TRISTE OPACITE

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    Magnifique, total et solitaire, tel
    Tremble de s'exhaler le faux orgueil des hommes.
    Cette foule hagarde ! elle annonce : Nous sommes
    La triste opacité de nos spectres futurs.
    Mais le blason des deuils épars sur de vains murs,
    J'ai méprisé l'horreur lucide d'une larme,
    Quand, sourd même à mon vers sacré qui ne l'alarme,
    Quelqu'un de ces passants, fier, aveugle et muet,
    Hôte de son linceul vague, se transmuait
    En le vierge héros de l'attente posthume.
    Vaste gouffre apporté dans l'amas de la brume
    Par l'irascible vent des mots qu'il n'a pas dits,
    Le néant à cet Homme aboli de jadis :
    "Souvenir d'horizons, qu'est-ce, ô toi, que la Terre ?"
    Hurle ce songe; et, voix dont la clarté s'altère,
    L'espace a pour jouet le cri : "Je ne sais pas !


    (Stéphane Mallarmé, Toast funèbre)

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