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C I N E M A T I Q U E - Page 38

  • NOUVEAU FRANCAIS

    Tant que la méchanceté n'a pas mûri, elle est prête à tout moment à se transformer en hystérie. (Alexandre Block)

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    People, de Fabien Onteniente

    On peut tenter de se rasséréner par

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  • PIETAS

    Bergman envisage la mort (celle des autres comme celle qui nous attend) comme une empreinte insistante, colorant la vie-même de désirs éteints, d'ambitions inconstantes, de tristes inachèvements, d'actes manqués. Elle est le terme d'où pourtant tout découle. Scorsese la dépeint comme une ombre passagère, une obsession dont il faut parvenir à se défaire, un récit qu'il faudrait savoir taire, une pulsion qu'il convient de contrôler, afin d'être sauvé.
    Les vieux mondes mélancoliques s'éteignent, déposant les armes sans plus rien maudire. Le nouveau monde hygiénique s'étend, allumant partout mais sans y croire, les contrefeux qui demain le ruineront.

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    Cris et chuchotements, d'Ingmar Bergman : imaginer en tout instant notre mort.

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    A tombeau ouvert, de Martin Scorsese : patienter en espérant la petite mort.

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  • VACANCY

    Sous ses allures de série B ultra-violente et décomplexée, à une époque où le réalisateur Eli Roth est salué par Télérama, Motel de Nimrod Antal apparaît comme l'antidote hollywoodien idéal au Funny games d'Haneke, énumérant fébrilement tous les recours encore disponibles face à la barbarie, jusqu'à fausser le temps, afin que le crime n'ait pas lieu et qu'aucun malaise ne perdure, en clair qu'aucune question embarassante ne soit posée.
    Dans le premier Argento, le héros bloqué entre deux portes de verre ne pouvait agir mais voyait tout. A cette impuissance passagère, gage de formalisation et de science futures, à cette immobilité inaugurale créant littéralement le mouvement du film, répondent quatre décennies plus tard les gesticulations de ce couple figé derrière la fenêtre de sa chambre, qui ne voit rien (tout se passe en sous-sol) mais ne cesse d'agir en tous sens ; ce qui lui permettra de retrouver ce qu'il pensait avoir perdu : un cocon.
    A la tranquille singularité des personnalités répond l'indifférenciation volubile des hyperindividualistes ; à la réflexion posée, le bougisme ostentatoire.
    Un film éminemment sarkozien ?

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    L'oiseau au plumage de cristal, de Dario Argento


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    Motel, de Nimrod Antal

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  • LA SOCIETE DES SOMMATIONS

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    Simone, d'Andrew Niccol


    Glissons !
    Elle nous mène où il faut.
    Pas d'atermoiements, sauf erreur,
    Pas d'ennui.
    C'est chaud, la Visa, mais ça tient.
    Attention aux marches et attention au chambranle.
    Eurydice en négatif, tu nous guides puisque tu ne te retournes pas !
    On peut te filer.
    Je m'consomme.
    Je veux de la déco d'hôtel de passe décalée.
    De la tentation.
    Je veux de la découverte de peuplades,
    Et beaucoup de contre-ut.
    Pourquoi ces cris ?
    On n'est pas bien là, dans le sillage des hanches, humant sans tituber ?
    Rebrousser chemin ?
    Trop tard pour singer autre chose !
    Sous le linceul rayé comme un suaire de chez Dior,
    Causes et peines perdues,
    Les traits impeccablement tirés,
    Enfin statufié.
    Je m'empresse d'être attendu
    Et je serais mort ?

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    Blow out, de Brian de Palma

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  • SALUT

    L'implacable sociologie dionysiaque de Maffesoli est la seule alternative crédible à celle de Muray, mais faut-il choisir ?
    Quelques extraits de son dernier essai où la participation, l'initiation fraternelle, l'interdépendance reprennent leurs droits, envoyant aux oubliettes le besoin de domination des individualistes moraux.
    Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann ont-ils vraiment existé, se demandent les chiens, un soir, à la veillée.


    "...penser tout à la fois la décomposition du monde moderne et de sa morale universelle..."

    "...il s'agit d'un travail de sape qui permettra l'effondrement de ces institutions totalement pourries...Rien ni personne ne se reconnaît plus en elles, et pourtant, comme si de rien n'était, elles continuent à dire le droit, à édicter ce qui devrait être."

    "Disons-le tout net, la morale est cela même qui représente un monde qui n'est plus."

    "Ce monde qui n'est plus, c'est celui reposant sur la foi messianique dans l'Histoire. L'Histoire, divinité des temps modernes, va fonder la morale universelle sur la croyance en sa Loi : celle de l'émancipation qu'elle propose. Les grands totalitarismes du XXe siècle auront, chacun, une interprétation de cette émancipation, mais l'utopie communiste, le millénarisme national-socialiste, ou la société sans risques du libéralisme ont, tous, un moteur identique : il y a un Salut possible."

    (Michel Maffesoli, Le réenchantement du monde, La Table Ronde)

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    Le jour d'après, de Roland Emmerich

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    L'incendie du temple, de Monsu Desiderio

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  • LE PIED-DE-NEZ PERMANENT

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    Les fantômes du chapelier, de Claude Chabrol

    D'abord, ils le voulurent à jamais comique, pirouettant dans le décor et claquant les portes en étouffant de petits rires, en parade colorée et en défilé militaire, plein d'agrément : il devint grave, errant sans fin derrière des proies trop accessibles, des victimes énamourées, l'oeil mort au moment du crime, le soliloque imperturbable et le regard en biais, assassin des dimanches de pluie.
    Ils le voulurent alors tragique, déclamant sans aménité des sentences et cachant ses vices sous des imperméables blancs ou de petites moustaches tristes : il bifurqua vers la plaisanterie moqueuse, l'ironie poétique, la grimace enfantine.
    Pour avoir la paix, ils le définirent cynique et insolent, extrême-individualiste : il se changea en philanthrope tout azimuth, à la guerre, à la montagne, à l'hôpital, à la ferme.

    Ils ne l'ont jamais tenu.

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    Rien ne va plus, de Claude Chabrol

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  • RETOUR AUX AFFAIRES

    Les champs matinaux piquetés de grives, les noisettes blanches, les rillons brûlants enveloppés d'une feuille de salade sous le soleil de Brenne, le rire infatigable d'Emilie, les graffitis burlesques des prisons lochoises, le criquet sur la table, l'éclat blond de Raphaël, les vacances de leur enfance fébrile et de nos questions sans réponses, la mélancolie indistincte et la joie tenace.

    La nullité d'Honoré osant lever les yeux sur Bataille (Ma mère), la déchéance de Scorsese, parodiant les clips et les pubs qui lui ont tant pris, cabot frénétique même plus capable de resservir fraîche la technique rôdée d'After Hours (Bringing out the dead), le métier de Weir (Master and commander), le loft renaissant (Secret story) qui, comme c'est étrange, n'intéresse plus les exégètes du plan et les sociologues au taquet, autrefois conquis car vitupérants.

    Les atours modernes, l'enthousiasme autoritaire, la pensée longuement tolérante, la morale des transparences, la fin programmée des dilemmes, le monde d'avant est décidément bien enfoncé : si d'Eustache à Honoré, il n'y a qu'un pas, c'est celui de trop.

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    La maman et la putain, de Jean Eustache

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    Les chansons d'amour, de Christophe Honoré

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  • CAHIERS DE VACANCES

    M'absentant pour trois semaines en Touraine du sud, je laisse à l'intention des arpenteurs réguliers de "Cinématique", ainsi qu'à ses lecteurs de passage, la cartographie de quelques sentiers dignes d'intérêt :

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    Pour les cinéphiles de toute obédience, via Zohillof relayé par Hyppogriffe (deux blogs en lien ci-contre qui font du bien sous le règne épuisant de l'Elite du Goût, celle qui s'ébroue de Murat à Frodon en passant par Bégaudeau), l'indispensable texte d'Emilie Bickerton, qui retrace sans empathie le parcours des "Cahiers du cinéma".

    Les fordiens, s'il en reste au temps des frères Wachovski et des frères Larrieu, se régaleront des beaux textes de Vincent, et des liens qu'il propose, dans le cadre du "Ford blog-a-thon" auquel je m'étais promis de participer, avant que le temps ne me manque.

    Sinon, de votre serviteur, dans le prochain numéro d'Elements, dont le dossier principal porte sur le sport, et qu'il est désormais aisé de trouver près de chez soi grâce à ce lien magique, un texte sur les non-dits des films en caméra subjective.

    Concernant la littérature et ce qu'il en reste, l'article du Café du commerce est absolument à lire (et pas uniquement parce qu'il m'est dédié), car s'il y avait une logique en ce monde, Monsieur Dantec ne s'en releverait pas, mais hélàs, il n'y a ni logique ni justice, et un prochain roman du Réprouvé (que je n'imagine pas à moins de 500 pages, engorgé de monologues eschatologiques sur fond de rock minéral et de gratte-ciels bleu azur) est déjà sur les rails.

    Sinon Chesterton ou Nietzsche ? S'il faut choisir, je botterais bien en touche : Abellio...

    Enfin, chez Marie, outre une intéressante typologie shakespearienne de la blogosphère, on lira avec profit des textes d'une richesse et d'une profondeur rarement égalées sur la Toile.

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  • RECYCLAGE

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    Tombé hier par mégarde sur l'épouvantable Equipier de Philippe Lioret, j'ai ressenti à nouveau cette amertume, bien identifiable désormais, qui me saisit lorsque je m'aperçois qu'un gamin ignore tout des péripéties de contes autrefois populaires (alors qu'il récite par coeur les fiches d'identité d'une kyrielle de héros modernes), qu'une femme ne sait pas s'abandonner (alors qu'elle se fait fort, en matière de coïts, d'être au courant de toutes les variations programmables), qu'un ami pourtant proche ne se souvient plus d'un voyage commun (alors qu'il date d'à peine cinq ans).
    Il y a une sorte de sentiment qui s'apparente à de la mélancolie stupéfaite, à réaliser que ce qui est subtil ou discret, ne se perpétue pas, que les mythes collectifs, circulaires et douloureux, laissent la place aux schémas acculturés, que l'art de se laisser aimer se perd dans celui d'uploader, avec hygiène, des accords techniques, que les moments partagés, même lumineux, se gâchent par leur répétititon même. Leone, en contemplant la plaine morne et surpeuplée des westerns-spaghetti, se lamentait qu'étant "père du genre, il n'ait eu que des enfants tarés". J'ignore si Sautet pensait la même chose du genre qu'il a en quelque sorte inventé, cette poésie réaliste ensuite déformée, désacralisée, dévastée par l'engeance des académiciens de toute obédience, qui ont fait des instants magnifiques de retenue de ses cafés sous la pluie, des brèves de comptoir. Les mélodrames sociaux qui se réclament bruyamment de son patronage, ne sont en tous cas plus rien d'autres que des copies se faisant porter pâles, des leurres, de la beauté perdue.
    Chat de Pagnol en clin d'oeil transitionnel, phare phallique sous les éléments déchaînés, coeurs croisés en contrechamps appliqués, orgasme sur feux d'artifices, regards qui en disent long sous le travelling avant, rien ne nous est épargné, et rien ne bouge malgré les embruns filmés de biais pour que l'émotion tangue, rien ne chauffe malgré les fronts plissés et brûlants sous les spots, car tout est mort, entre dévotion et désinvolture, embaumé dans le corset du film de jeunesse mixé par un vieux de la vieille (le syndrome Beineix, les fumigènes et les seins nus des années 80 en moins).
    Cet artisanat précautionneux, qui sue sang et eau, c'est la vérité du cinéma d'aujourd'hui.

    (La critique la plus involontairement cruelle vient de Première, lorsque son rédacteur s'enthousiasme qu' "avec un sens très aigu de l'observation, Lioret décrit la complexité des interactions entre individus (et que) cette dimension nouvelle fait faire à Lioret un saut qualitatif qui le situe, dans le registre subtil des drames intimistes aux côtés de cinéastes comme Patrice Leconte")

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  • MUTATIONS

    Un demi-siècle pour transformer le rêve en programme, le malaise en jeu, l'anormal en rites et le singulier en produits dérivés.
    Un demi-siècle pour passer du secret aux aveux, du "il ne faut pas tout dire" à "il ne faut rien cacher", du reflet insaisissable à la caméra inquisitrice, du mauvais génie à l'ange gardien.
    Un demi-siècle pour passer du trouble à la commande, de la fascination à la manipulation, des ruminations maladives au triomphe élitaire.


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    Au coeur de la nuit, film collectif (1945)

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    The game, de David Fincher (1995)

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  • PROJECTION

    L'art qui cadre à l'intérieur du cadre, de Ford jusqu'aux films-gigognes de Greenaway, des chambres de Vermeer aux inclusions de Mondrian, des piliers de Leone aux à-plats de Chantal Akerman, des boucles de Philip Glass aux klaxons de Reich, ne cherche pas à emprisonner mais à abstraire.
    Plus il circonscrit, moins il précise.
    Il ne suit scrupuleusement ses lignes que pour mieux prendre la fuite.
    Le sujet qui se trouve alors serti gagne en obscurité et en polyvalence, enfin apte à nous recevoir.

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    La nuit du chasseur, de Charles Laughton

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    News from home, de Chantal Akerman

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  • AMERICAN VERTIGO

    Vous aimez Dantec, le réprouvé de l'Otan ?
    Vous le considérez comme un rempart solide contre la chienlit islamo-fasciste, la barbarie serbe, le déclin de la chrétienté occidentale, les incertitudes climatiques, la téléréalité, les pages "Rebonds" de Libération et le totalitarisme des Zinrocks, ces sept plaies modernes de l'Unimonde ?
    Vous vous étonnez du savoir encyclopédique d'un homme qui peut lire d'affilée de Maistre et Fallaci ?
    Vous vous émerveillez de la faconde d'un écrivain qui ne craint plus le point virgule ?
    Vous ne cachez pas votre admiration pour le METAbolisme d'un style techno-pop ?
    Vous frissonnez d'aise à l'idée que Matthieu Kassovitz, cinéaste urbain, puisse adapter l'un de ces romans futuro-trash ?
    Vous en voulez, parce que c'est maintenant ou jamais, à Festivus, aux imams, à Edwy Plenel et à tous ceux qui excisent ?

    Alors ce long texte définitif va vous mécontenter, surtout lorsqu'il aboutit, entre autres, à cette éclairante conclusion :
    "Il y a une vraie symétrie Savigneau-Dantec, une complémentarité, un même souci de son ego trouvant à se satisfaire dans un anti-rationalisme bouffon, un postmodernisme supposé autoriser toutes les "transgressions", y compris "anti-bien-pensance-post-68". M. Dantec a choisi d'incarner le mouton noir, ce n'est pas le rôle le plus confortable, il a plus de curiosité que J. Savigneau et, souhaitons-lui, plus de talent et d'intelligence. Cela ne suffit pas à l'en distinguer par nature."

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    Dans un souci de coopération avec le tenancier méticuleux du Café du commerce, j'ai trouvé le bon génie de Dantec, son jumeau stellaire, sa part bénite. Le mouton blanc. Tout aussi certain d'être dans son droit d'insurgé, et tout aussi prêt, malgré les adjectifs apparemment anti-dantéquiens avec lesquels il se définit fièrement, à en découdre avec les mêmes barbares, c'est-à-dire avec tous ceux qui ne l'aiment pas assez, l'attachant Tristan Mendès-France :
    "Je suis athée, laïque, plutôt de gauche, pas encarté, prochoix, multilatéraliste, universaliste, européen, français, citoyen du monde, pour l’euthanasie, contre la peine de mort, contre le communautarisme, pour le mariage des homos (et l’adoption), dreyfusard, pour la dépénalisation du cannabis, anti-Bush, ai voté “Oui” aux Traités européens, contre la 2e guerre en irak, pour la 1ère, pour l’intervention en Bosnie, suis “sioniste propalestinien” (belle formule de P. Klugman), pour le multiculturalisme, républicain, démocrate, contre les sectes, contre le négationnisme, adore les mmporg, crois que c’est al-quaida qui a fait le 11 septembre, suis évolutionniste et ma mère est anglaise".
    .

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  • LANGAGE DES SIGNES

    A l'inverse d'un cinéma ultra-moderne sciemment dépourvu de sens, qui découpe et colle entre eux, de la manière la plus banalisée qui soit, la plus commune, les plans incongrus, Bresson paraît prendre le parti de ne monter que des lambeaux de plans classiques, des plans qui s'ils étaient déroulés en totalité, et montés dans la même succession, conduiraient à des séquences du plus limpide classicisme.
    Ce faisant, il délivre le récit de la gangue du scénario qui emprisonne et assujetit, prenant le risque du symbole qui universalise, afin de passer sans renoncer aux structures et aux règles, de l'objet signifiant et de l'image informative à la vérité du sujet, c'est-à-dire à ses gestes.

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    La nuit du chasseur, de Charles Laughton

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    Le crime était presque parfait, d'Alfred Hitchcock

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    L'argent, de Robert Bresson

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  • LES OISEAUX D'AVANT

    Lorsque j'étais enfant, en vacances, nous entendions souvent passer au-dessus des arbres du jardin, un pic-vert affolé dont le cri répétitif annonçait l'orage. Mon père m'en avait montré de somptueux dessins, soulignant la vivacité de ses couleurs (ailes vertes, ventre blanc, croupion jaune et calotte rouge) ainsi que sa grande timidité. De fait, malgré mon attention extrême, je ne parvins jamais à distinguer autre chose qu'une silhouette effilée, peut-être verte, s'engouffrant en toute hâte sous l'ombre lointaine des peupliers.
    Les années passèrent. L'impatience, puis la frustration, enfin l'indifférence : le pic-vert pouvait toujours chanter, je ne levais plus la tête, certain de le manquer. Je commençai à ne plus venir aussi souvent dans la maison des vacances, car d'autres événements autrement plus importants me retenaient ailleurs : je devenais un homme. Mon père en revanche s'y installa. Parfois, après une brève visite, je me retournais en haut de la côte pour le saluer à travers le pare-brise. Il faisait de même, de dos, là-bas près des ormes. Nous ne savions que nous dire. Je faisais semblant de ne pas voir qu'il vieillissait, il faisait mine de s'intéresser à mes projets. J'étais absent, trop affairé sans doute, lorsqu'il mourut à l'hôpital, essouflé et mutique.
    C'était il y a quatorze ans. Il y a quelques semaines, j'ai reconnu le cri dans le petit jardin entouré de tuyas qui borde notre maison. M'approchant j'ai vu deux pic-verts, en couple probablement, gros comme des geais, qui s'envolèrent à ma venue, sans m'empêcher de longuement les reconnaître. J'ai appelé ma fille qui a accouru avant de repartir, vaguement déçue de cette ombre peut-être verte qui disparaissait derrière la clôture.
    Depuis, ils sont là tous les soirs, me regardant derrière la vitre, ni accusateurs ni réconfortants, sans énigme, simplement disponibles. Et j'attends la venue ce battement de coeur qui résonnait si fort en ces temps éperdus.

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    Kes, de Ken Loach

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    Le samouraï, de Jean-Pierre Melville

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