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  • 74

    Il y a d'authentiques nostalgiques parmi ceux qui déplorent la mort du cinéma, la fin de la littérature ou la décadence de l'art pictural, et puis il y a aussi de fieffés profiteurs qui sans larmes ni vrais regrets, s'empressent, à hauts cris, de s'en désoler ; sans même réaliser que ce passéisme vintage n'est qu'une expression de plus du désastre, voire la plupart du temps un bon moyen de placer ses amis.

    Se dépouiller de toutes les armures et de toutes les tuniques, c'est croire qu'il existe sous elles, enfoui et essentiel, un Moi inaltérable. Or celui-ci n'est peut-être qu'un leurre de plus, égrégore sans cesse renaissant fabriqué de toutes pièces.

    L'oignon a beau perdre une à une toutes ses pelures, il n'en gagne pas pour autant un noyau.

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  • 72

    Intrigante aux yeux pers cherche colocataire pour stratagèmes et confidences. Pervers s'abstenir.

    Bel homme, la cinquantaine sportive, la situation confortable et les revenus conséquents (relations nombreuses et bien placées) cherche l'Ame soeur, celle qui sera enfin son "Autre". Coquines acceptées.

    Actrice de renom, s'étant ces dernières années consacrée à cultiver son jardin, cherche blockbuster exigeant ou film intimiste en tête d'affiche.

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  • 71

    La roue tourne si bien que les inconnus d'hier sont déjà les oubliés de demain.

    "Il n'y a que deux écrivains qui comptent pour moi, le Zola de l'Assommoir et Maxime Chattam" / "C'est parce que tu ne connais pas encore Millenium !"

    Je suis très heureux que Céline soit retiré des Célébrations Nationales de cette année : l'idée d'une "Nuit Céline", avec lecture publique du Voyage dans un passage Choiseul éclairé aux bougies parfumées, ou le projet estival d'un parcours interactif, dans divers lieux-clés de son oeuvre, avec hôtesses avenantes badgées LFC et texte lu par Dussolier, me mettaient assez mal à l'aise.

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  • 70

    Si l'on part d'un principe bille en tête, on se donne toutes les chances de célébrer, en fin de course, son exact contraire.

    A force de ne rien espérer trop fort, tout finit par arriver un peu.

    "Oui, mais si on va par là..." : l'expression sous-entend qu'alors tout devient possible, qu'alors tout est permis, que plus rien ne vaut, que c'est la porte ouverte à tout. Ce chemin qu'il est si indécent d'emprunter, ce tout qui s'engouffre par la porte honteusement ouverte, c'est Old Boy de Park Chan-wook. Voilà un film qui "va par là", pour le meilleur et pour le pire, et qu'il est ainsi impossible de respecter comme de détester : du cinéma vaniteux, boursouflé, mais fulgurant ; des plans calculés, fiers de leur chiqué, mais riches de leur fougue ; une esthétique outrancière, sans point de vue, mais sans oeillères.

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  • 69

    Septuagénaire sans envergure ni discernement cherche jeune femme au style inimitable. Sincérité exigée.

    JF à forte personnalité recherche homme courtois, posé et aimant les enfants, afin d'en assurer la garde en soirée, fêtes et jours fériés. Dilettantes s'abstenir.

    Cherche homme ou femmes entre 20 et 31 ans, ayant déjà travaillé dans la pub ou le mannequinat, pour film social sans concessions.

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  • 68

    Le pitre s'ébat dans tous les milieux et toutes les professions. Il est aisément reconnaissable. Son emphase grotesque en premier lieu (les Droits de l'Homme, la Patrie, le Rock, la Littérature ou le Logos...) et puis cette incapacité à percevoir la risée dont il est l'objet. Le pitre est souvent en première ligne dans les conversations ou les plateaux-télé : il est inoffensif mais paie pour les autres ; il s'avère qui plus est un allié utile lorsqu'il s'agit de discréditer pour longtemps la théorie, le principe ou l'oeuvre dont il s'est fait le héraut.

    Ce n'est pas quand on n'a rien à dire qu'il convient de se taire, c'est au contraire lorsqu'on sait, qu'il faut enfin faire silence.

    Impossible de me souvenir du film dont ce plan-séquence est issu : du fond d'une pièce sans meubles, une femme en chemisier et tailleur s'avance vers la caméra jusqu'au fondu au noir ; lorsque l'image réapparaît, la femme vue de dos s'éloigne par le même chemin, cette fois vêtue en religieuse. Arrivée à son point de départ, au fond de cette pièce sans meubles, elle se retourne et elle est nue.

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  • 67

    Ceux qui ne sont pas leur plus impitoyable juge finissent toujours par vous déclarer coupable.

    Les oeuvres d'art ne peuvent remplacer la personne manquante, mais ce sont elles pourtant qui vous apprennent ce qu'elle était, ce qu'elle fait, ce qu'elle deviendra. Ainsi un film peut-il être une efficace agence de renseignements et un roman l'utile vade mecum de notre existence.

    Je l'observe à la dérobée depuis le début du repas : le tic nerveux qui déporte vers la gauche son beau et large sourire, annule idéalement son pouvoir de séduction ; il s'associe malheureusement à un clignement intempestif de la paupière qui gâchant la belle neutralité ainsi obtenue, change ce visage en grimace.

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  • 66

    Tout est bâti sur du sable, et jusqu'à notre mémoire, si bien que nous ne cessons d'oublier cette évidence pour mieux reprendre, après chaque effondrement, une brique de plus.

    Ceux qui défendent le libéralisme se retranchent derrière le fait qu'il s'agit moins d'une idéologie que d'une physique sociale, salutaire puisqu'inéluctable. C'est ni plus ni moins ainsi que certains marxistes considèrent la lutte des classes.

    Mutantes de Virginie Despentes : post-modernes par excellence, les philosophes queer et les penseurs trans-genres affirment inventer le monde de demain alors qu'ils sont prisonniers de toutes les grilles d'hier, telles la fascisation de l'ennemi ou le culte des alternatives viciées (libération/conditionnement ; normatif/dissident).

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  • 65

    Il y a en tout homme cet âne qui se lamente et ce singe qui grimace, l'un pleurant bruyamment sur son sort et l'autre n'ayant de cesse de s'agiter en tous sens, agressif ou hilare. A leurs exigences de deuil, de fête ou de rixe, il faut savoir résister : les tenir à distance dans leur cage sans toutefois les renier, et puis les visiter de temps à autre, comme de vieux parents connus par coeur dont on sait toutes les ruses.

    Cette femme qui trébuche dans la rue piétonne me lance un regard si vif que j'hésite à lui porter secours ; sans doute m'en veut-elle de se montrer en si fâcheuse posture, à moins qu'elle ne me reproche ainsi de ne pas intervenir plus vite. J'opte pour la seconde hypothèse mais s'accrochant à mon bras, elle m'apparaît en pleine lumière, les yeux vides, pratiquement aveugle. Ce regard si pénétrant, l'a-t-elle vraiment eu ou l'ai-je construit de toutes pièces ?

    Le cinéphile a quelques combats à mener avant d'oser se souvenir sans regretter et découvrir sans reconnaître, mais une fois qu'il y est parvenu, les films enfin sont à lui.

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  • 64

    Les hommes fiers de clamer leurs sautes d'humeur m'attristent autant que les femmes satisfaites de camper sur leurs principes.

    Je me souviens d'un homme qui prétendait défendre notre Fort Alamo quand il était avant tout prisonnier de son Alcatraz.

    Lorsque Paul Virilio déplore que la représentation pose l’apparence comme réalité de substitution, il s’inquiète que l’image coïncidant ainsi avec son sujet, il n’y ait plus entre eux le moindre intervalle. Or toute perception est en somme représentation virtuelle : pour nous, la perception de l'image d'un objet s’identifie systématiquement avec l'objet lui-même ; l'image de la fleur est la fleur. Le cerveau, au moins autant que le système sociétal vilipendé par Baudrillard, manipule les signes, quitte à nous mentir, afin de nous persuader que les messages sensoriels qui lui parviennent sont le réel. Le « virtuel » n’est gage de rien, ni de perdition ni de paradis.

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  • Du Soufre au coeur, d'Arnaud le Guern

          

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      Il faut bien comprendre que pour ceux qui sont nés dans les années 70, la vie n’a pas été rose tous les jours ! Quitter l’enfance avec Mitterand, être adolescent sous Séguéla, devenir adulte malgré Luc Besson au cinéma, Alexandre Jardin en librairie, Bernard-Henri Lévy partout ailleurs, demandaient un effort constant, parfois même une certaine rectitude morale, pour ne pas se laisser entraîner c’est à dire sombrer. Pour ne pas devenir un requin branché durant les années 80, un salaud fun la décennie suivante, un relativiste débonnaire aujourd’hui ; pour ne pas dégobiller à longueur d’années les préceptes de plus en plus insistants de transparence, d’égalitarisme, de tolérance et de festoiements obligatoires. 

       Houellebecq a sans doute tout dit de l’imposture et de la nocivité de ceux qui n’ont eu de cesse de tout saccager avec le sourire, mais pour ceux qui ont eu vingt ans au tout début des années 90, Houellebecq n’existait pas ; pour ne pas sombrer, il y avait L’Idiot International. Ce n’est alors sans doute pas un hasard si la première fois que j’ai croisé Arnaud Le Guern, dans l’éphémère revue Cartouches à la fin de ces années-là, je m’efforçais de taper sur un Jardin (Alexandre) pour mieux en célébrer un autre (Pascal), tandis qu’il se lançait dans une diatribe de haute volée contre Didier Daeninckx qui dénonçait à l’époque (sans doute avec beaucoup d’émotion) le « complot rouge-brun » au sein de L’Idiot. C’est d’ailleurs le ton de ce journal incendiaire que je retrouvais quelques années plus tard, d’abord dans la Stèle pour Edern du même Le Guern, hommage fasciné d’un écrivain pour l’un de ses maîtres, pour une liberté de penser et d’écrire bien anachronique ; puis dans Cancer !, revue qui retrouvait le goût de l’invective et la réjouissante absence d’allégeance aux soucieux démocrates comme aux abjects extrémistes, à laquelle il donna de beaux textes. Nous nous sommes croisés une seconde fois (toujours sans nous rencontrer) il y a quelques années, cette fois dans La Revue du cinéma. J’y égrenais des souvenirs de cinéphile amoureux, et lui au fond ne faisait pas autre chose avec ses « Héroïnes », portraits d’actrices magnifiques, c’est-à-dire magnifiées par ses mots. Ces convergences diverses suffisent sans doute à expliquer pourquoi j’étais particulièrement impatient de découvrir Du soufre au cœur : avec l’amour des femmes et la laideur du monde comme chevaux de bataille, prétextes aux envolées rythmiques, aux insultes grandioses, aux déclarations insensées, son attelage ne pouvait que se diriger vers le drame intérieur, c’est-à-dire le roman.

         Du Soufre au coeur. Le programme qu’évoque joliment le titre s’avère d’une grande simplicité, ce qui n’est pas sans conséquences bouleversantes : « je bois pour oublier l’immonde et pour me souvenir du sourire des jeunes filles », nous explique un homme en cure de désintoxation au Val de Grâce, qui ne peut oublier une femme mais en rencontre néanmoins une autre. Les sourires de jeunes filles finissent toujours par se ternir, c’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’on les guette, qu’on les entoure de mille précautions, qu’on les vénère jusqu’à la folie. Il faut bien s’en enivrer puisqu’il s’éteignent. Les sourires, on ne peut guère que s’en souvenir en effet, parce que sur le coup, tout entier dans la fièvre et la douleur, on les voit sans les voir, baumes inconscients, bonheurs furtifs : les jeunes filles sont toujours plus belles dans l’écrin de la mémoire, c’est là qu’on peut le mieux les déshabiller, les sortir de la gangue du contexte, ce contexte qui nous les a fait connaître mais qui peu à peu finit par les gâcher, les froisser, les diluer. Le contexte, c’est le présent, c’est la souffrance, celle de l’amour jamais assez haut placé, celles du côtoiement des autres toujours plus enjoués, le présent c’est « l’immonde ». Et « l’immonde » c’est cela : « la négation permanente de toute beauté, les silhouettes kärchérisées, la chasse aux excès, la parole sous cellophane, la parole dévitalisée… ».

        Cependant la jeune fille renaît toujours. Alors bien sûr ce roman n’est pas comme l’optimiste quatrième de couverture nous l’assure, « l’histoire d’une chute et d’une rédemption », mais il nous parle bien de renaissance, celle-ci comme chacun sait restant néanmoins le plus court chemin d’une mort à une autre. Renaissance, parce que dans le va-et-vient  incessant entre la vie des souvenirs et le surplace mortifère du présent, Le Guern parvient à déployer ce qu’il nomme son « art de la fugue ». De nombreuses manières, le présent de plomb enlève au narrateur le ressort de son écriture ( « Au Val de Grâce, les mots ne sont pas à la fête. Passés par les armes des rêveries perdues, des espérances démantibulées ») et met à mal ses bonheurs de style (« J’allais accoucher d’une phase merveilleuse, Jevoitou m’interrompt »), mais dans cet univers hygiénique et bien rôdé, réplique du monde sinistre dont les hérauts se flattent d’être « à l’écoute du siècle, de ses impératifs de gaieté factice, d’entrain à haute valeur ajoutée », dans ce microcosme hospitalier, malgré tout, de multiples possibles peuvent naître.

        Aucune déprime complaisante ici, pas d’autofiction pleurnicharde ou de journal ennuyeux, juste le fil des jours qui précèdent ce moment : quand la jeune fille renaît une fois encore. Et c’est bien elle qui engendre ce rythme endurant, ces mots qui soudain cognent ou se mettent à glisser, ces phrases altières et puis syncopées (1). « Djamila sur moi, j’étais en cavale » : au détour de cette phrase faussement anodine, tout est dit, la présence d’une femme pour mieux prendre congé, son sourire sur nous la nuit. Alors le lecteur, suspendu aux remémorations fiévreuses d’un écrivain qui perpétue sans doute le dandysme de Laurent et la verve de Blondin, mais surtout la nostalgie enfantine, à la fois malicieuse et mélancolique, de Vian, le lecteur pour quelques temps, oublie ce que devient la littérature, ce que deviennent les jeunes filles, ce qu’il devient. Il se laisse prendre au jeu de cet écrivain qui survit, qui insiste, qui surtout s’obstine à rêver sous le regard des matons qui passent, perdu à jamais dans le fouillis d’un panthéon en désordre, aussi beau et démodé qu’un jardin anglais.

     (Cet article est paru dans le Magazine des Livres N°25, Juillet/Août 2010)

     (1) dont on ne s'étonne d'ailleurs pas que la petite musique soit totalement inopérante sur des critiques littéraires endurcis, verticaux et même turgescents, qui tel le décidément bien prévisible Asensio, ne s'émeuvent qu'à bon escient, n'exultent qu'avec panache, ne bande qu'en majesté ; petite musique effectivement inaudible à qui peut s'enorgueillir de penser ainsi et surtout d'écrire de la sorte : "L'infâme Bukowski, qui ne put prétendre au rang d'écrivain que dans les rêves les plus osés de quelques journalistes en mal de fort maigres sensations, nous paraît encore un idéal enviable de sécheresse descriptive et de tenue que l'écriture se voulant artiste et n'étant que clown de Le Guern est bien incapable d'atteindre, elle qui tente, sans bien évidemment y parvenir, de poétiser l'humeur (pas cérébrale, assurément) comme prétendit le faire Zola, magnifier le cul et l'amour ou son rêve érotisé qu'il ne faut pas du tout confondre avec le cul, illuminer la gerbe et baudelairiser le guignon."

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  • 63

    Ne jamais rien trahir condamne à l'enfermement, ne jamais rien tenir mène à l'indistinction : la meilleure façon de se connaître est de renier avec mesure et d'être fidèle avec circonspection.

    Contrairement à l'Elite du Goût, dont les meutes se veulent toujours à la mode, je n'ai nul besoin de brûler Sofia Coppola, ne l'ayant jamais encensée.

    La critique cinématographique tombe souvent dans le travers qui consiste à juger un film sur l'évanescence de ses formes, "oubliées en quelques minutes" ou au contraire sa capacité à générer des images "qui vous hantent longtemps après leur vision". Il y a pourtant des films qui ne vous ont justement marqué que par la brièveté fulgurante de leur pouvoir, et dont vous seriez incapable de faire le moindre résumé ou décrire le moindre plan sans que ce pouvoir même ne s'effondre ; d'autres qui vous insupportent tant ils s'accrochent à votre mémoire, comme la pire des ritournelles, sans rien activer d'autres que quelques vagues circuits de reconnaissance.

     

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  • 62

    C'est Jarry qui dit quelque part que la meilleure façon de ruiner même les ruines, est de construire à leur place de beaux édifices bien ordonnés. Je ne connais pas de maxime plus optimiste.

    Critique parmi tant d'autres, il a ce caractère moderne assez répandu qui combine vanité excessive et mémoire défaillante. Il envie des formules ou des analyses avant de réaliser, rose de plaisir, qu'elles sont de lui, et menace à tout moment d'oublier ceux qui ne réitèrent pas assez leur allégeance.

    Comme Inferno le confirme, les déambulations des personnages argentiens, sous les auspices de Freud et Poe, ne s’élaborent que selon deux modes : la crainte de ce qu’ils ont laissé derrière et l’exploration tout aussi maladive de ce qui se cache au-devant d’eux. En d’autres termes, la phobie du passé et la névrose obsessionnelle appliquée à l’avenir ; entre les deux, reste la souffrance d’un présent qui s’éternise, et qu’à défaut de comprendre il est toujours possible de magnifier. (la suite sur Kinok)

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  • 61

    Je me tenais là, les bras ballants, devant cette salle où plus jeune je m'étais persuadé que la vie devait, pour valoir la peine, recéler quelques ingrédients essentiels : des femmes qui rient aux éclats, des hommes qui apaisent, des villes qui enserrent ou qui réchauffent mais qui jamais n'indiffèrent, des souvenirs qui comblent, de la peur qu'on déjoue, ce genre de choses. Mais ceci expliquant sans doute cela, le cinéma avait désormais laissé la place à une banque vantant ses crédits.

    Les derniers seront les premiers ? Je crois plutôt que les riches continueront de s'empiffrer, les pauvres de les envier, les gagnants de parader et les perdants de tout perdre : le diable chie toujours sur le même tas.

    Lucrèce, Godard, Parvulesco, Jaime Semprun, Badiou, Stephan George, Borzage, la Belgique, Berlusconi ; une seule explication à cet intempestif côtoiement : la sortie du nouveau numéro d'Eléments.

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